Novembre noir

Célédonio Villar Garcia

Texte extrait de l'ouvrage : Locati 216 pages Edilivre

Novembre noir

Foule d'humains tu me fatigues
Dedans ce brouhaha de fous
Même le soleil de Martigues
Lasserait je m'ennuie de vous.

Je m'ennuie de vous à Vitrolles
Dans la boutique du fripier.
La teinte trouble des pétroles
Masque l'arrière tulipier.

Des remorques pleines de terre
Tirées par le même pied-bot
Crèvent l'orage sur Nanterre
De quarante coups de sabot.

Dans le ventre affamé de l'orque,
Avide comme un monnayeur,
Avec ma Palma de Majorque
Je descends noyer ma frayeur.

Je vois les jardins de Le Nôtre
Dans un Versailles essouché,
Un homme qui de l'un à l'autre
Me pend à des crocs de boucher.

Donnez de main morte en mainmorte
Un parfum de mort inhalé.
De ville en ville en ville morte,
De ville bête à chialer.

Du fond des tripes de l'exode
Aux lèvres même des Papouas
S'orne le dernier épisode
Avec des mots de peu de poids.

Dans les bidons d'huile des villes
Le devil de l'être fourbe est
Masqué par d'heureux imbéciles
Dans l'enfer de mon alphabet.

Ils sont sur moi comme la mante
Religieuse… Sur mes jours,
Lorsque la maligne charmante
Bêtement rime avec toujours.

Des ombres à la taille fine
Par l'Évangile de Mathieu
Et des marchandes de morphine
Me vendent aux escrocs de Dieu.

Petites chairs, mes passagères,
Mon errance de n'importe où,
De baisers, des sources légères
Boivent mon âme de partout.

Je porte des turlupinades
Comme leurs bois les caribous,
Pendant mes longues promenades
Je vous aime le savez-vous ?
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