Nu devant la glace (13)

Ce N'est Pas Moi, Ordi Hacké

Il était le temps, de s'offrir des délices. C'est ainsi que chez le marchand, elle se refit une légère garde-robe. Beaucoup de dentelles, elle en était friande. Surtout des couleurs chaudes, contrecarrer son teint pâle. Il lui fallait s'armer de courage, notre homme ne voulait plus d'épistolaire, il allait falloir poser sa voix au téléphone. Et le téléphone déforme tout, il est notoire.

Arrivée chez elle, elle fila se changer dans la plus belle des robes qu'elle avait essayé. Une rouge tachetée orange dans des lignes discontinues. En quelques dix minutes, elle était maquillée, c'est qu'elle avait son idée.

Elle prit son téléphone, et composa ce 06.

« Je vous prie ?

-       Héloïse.

Silence au bout de la ligne. Dans le doute, Héloïse en failli presque raccrocher. Mais elle entendait un souffle derrière.

-       Ma belle, ma tendre, enfin de vos nouvelles…

-       C'est qu'il n'est pas aidé, aborder le téléphone, qui trafique les voix et fait de longs silences…

-       Mais les silences sont d'or si on les y respecte. Si on les prend comme les intermèdes à un dialogue passionné, comme un entracte dans un spectacle forcené.

-       Et si maintenant de suite, je ne sais plus répondre ?

-       Alors je vous propose que nous nous rejoignions.

Fraîchement rougissante, Héloïse avait bien fait de se parer.

-       Au Jardin des Plantes dans une heure. Je serai en gris avec un bouquet de violettes, à vous attendre ma chère et à vous admirer.

-       Ah ce que vous m'admiriez, vous recherchez à me charmer. Savez-vous que l'effet est déjà fait ?

-       Nous ne sommes jamais sûrs, qu'un amour dure toujours. Ou même bien deux jours. Un effet vaudrait mieux, je m'en sentirai mieux.

-       Alors je vous consens, ce bouquet de violettes ; tant qu'il n'est pas volé, dans ce jardin doré.

-       Me pensez-vous fripant ? Cela serait flagrant…

-       Vous m'êtes tant énigmatique que je pourrai aussi vous imaginer aventurier, enquêteur, navigateur…et écrivain.

-       Touché coulé, on met le doigt sur mon idéal rêvé. Et je pense qu'à cet effet, j'ai beaucoup à vous conter. Je vous somme donc d'être à l'heure, et nous passerons quelques bonheurs.

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