Nu devant la glace (4)

Ce N'est Pas Moi, Ordi Hacké

Suite de : http://welovewords.com/documents/nu-devant-la-glace et http://welovewords.com/documents/nu-devant-la-glace-2 et http://welovewords.com/documents/nu-devant-la-glace-3

Mardi 15 heures, étalé sur le lit de son hôtel, tant la chaleur était suffocante pour oser sortir, notre homme s'affairait à jouer avec son téléphone dans la douce idée qu'un appel ne serait pas de trop. Seulement trois jours s'étaient écoulés depuis la disparition d'Héloïse, et il se sentirait ridicule de rendre les armes déjà. Elle voulait prendre son temps. Tatillon ce téléphone, voici qu'il fallait le mettre à charger. Plus le choix, il lui fallait rester à l'hôtel. Alors, on ose ? C'est avec gourmandise mais aussi bel effeuillage que notre homme ouvrit le petit papier rose où Héloïse avait noté son numéro. Il ne put s'empêcher de respirer ce papier, comme s'il aurait l'odeur d'une Héloïse. Mais il ne sentait que, le papier. Grande respiration, position assise et d'une main tremblante et moite, question de patience pour réussir à dégainer le numéro de téléphone sur l'appareil. Appel… Répondeur. « Vous êtes bien sur le téléphone d'Héloïse, je vous rappellerai à ma convenance ». Notre homme était à la foi dépité et très songeur. Il ne lui avait pas semblé qu'Héloïse était présomptueuse. A moins que ce ne soit un effort humoristique. Voici qui égayerait de futures conversations. Si seulement elle répondait…

La fatigue intellectuelle de ne penser qu'à elle et la canicule aidante, notre homme se mis à dormir sans aucune difficulté jusqu'à ce qu'un appel le réveille en sursaut. Encore tout étourdi, il prit son téléphone :

« Bonjour, c'est Héloïse. Je n'ai pas pour habitude de répondre au téléphone quand je suis à bord d'un bateau qui fait le tour de la ville. Je préfère profiter de la plénitude du moment et des bourrasques de vent liées à la vitesse parfois croissante d'un écervelé aux commandes du navire. En qui ais-je l'honneur ?

Notre homme était doublement surpris. Voici que la Belle semblait de mauvaise humeur, mais aussi qu'elle racontait sa vie avant de savoir qui était son interlocuteur.

-       Je suis l'homme à l'eau minérale gazeuse…

-       Ah ! Celle qu'il me manque à cet instant précis, je viens de retrouver ma demeure et le ventilateur ne marche pas. D'ailleurs, êtes-vous bricoleur ?

Elle a du tact où je n'en reviens pas, se disait notre homme. Alors il se risqua :

-       Je suis piètre manuel, mais je peux cependant vous apporter ce qu'il vous manque, s'il vous sied de me laisser votre adresse.

-       C'est entendu, je vous l'envoie sur votre téléphone. Faites vite. »

Et elle raccrocha brutalement. Il ne savait plus qui elle était, ce qu'il semblait avoir cerné. Mais après tout, le délice d'une vie n'est-elle pas d'apprendre à connaitre sous toutes ses formes une âme qui nous attire ?

Une petite toilette rapide, l'assurance de ne pas avoir l'air mal réveillé, l'homme devant sa glace était tout excité à l'idée de revoir sa presque bien aimée… Il se disait que même s'il se faisait des films, Isabelle lui semblait de plus en plus à des années lumières…

Départ, plan de ville en poche, direction le quartier des canaux. Une promenade près de l'eau apaisera certainement la moiteur du moment et invitera son âme à se délecter du moment présent.

Signaler ce texte