Nu devant la glace (7)

Ce N'est Pas Moi, Ordi Hacké

« Je vous revaudrai ça, un poème. Quel thème que j'aime. Que vous savez me toucher couler. Je crains qu'il s'agisse là d'une déclaration, point d'interrogation ?

-       Cela vous gênerait-il ?

-       Hélas mon pauvre ami, c'est que je suis une rose. Et une rose trop éclose.  J'ai connu de la vie, tous les vices et les vis, je n'avais manuel pour m'en débarbouiller. Ce que je sais des hommes, est qu'ils me font peur aujourd'hui. Je n'en suis que peu fière, et surtout bien amère. Je crains qu'à vos côtés, vous ne palissiez-vous aussi. Je ne voudrai vous entrainer, dans quelques contrées qui vous pèseraient. Et…

-       Je vous interromps là, pour vous dire que je suis vaillant. J'ai connu également, délaissé, dépéri et quand je trouve mon but, je suis du genre têtu. C'est ainsi que je pense, aujourd'hui, avoir trouvé la flamme, la femme, l'idéale.

-       Ressemblé-je à Elise ? Que je vous éblouisse ?

-       Tout le contraire en fait, à quelques chevelures près, vous êtes plus naturelle, plus spontanée et mûre.

-       Alors mon chevalier, laissez-mois quelques jours. Donnez-moi l'adresse de votre hôtel, j'y enverrai missive.

Notre pauvre homme ainsi mis à la porte se sentit brusquement assaillit d'une terrible angoisse. Et si la belle l'avait tout simplement jeté. Qu'avait été –il là lui conter fleurette. Il était né de malchance, et gueux il resterait. Le cœur amouraché, il se sentait trahi. Et c'est dans le lit une place, de son hôtel miteux, qu'il se cloisonna trois jours durant. 

Et c'est à l'aube du quatrième jour, que notre homme reçu, à travers le directeur de l'hôtel, une enveloppe rose, parfumée de jasmin. Elle n'était pas signée, mais il le sentait bien, il fallait la soigner. La première chose qu'il fit, c'est d'ouvrir les volets. Car trois jours sans clartés, étaient le bout du monde, une chose immonde qu'il se promit donc, de ne recommencer.

On prend son inspiration, et l'enveloppe est ouverte, bien maladroiteusement. A l'intérieur, aucune signature, aucun prénom, aucune lettre en propre, nul autre qu'un indice : Invitation sur un bateau promenade l'après-midi même à 15 heures.

Il était donc grand temps de se faire le plus beau.

A 15 heures pétantes, il était sur le fameux bateau de la carte de visite. Seul, irrémédiablement seul. Quelques familles de badauds aux enfants hurlant lui faisaient du nez, mais pas l'ombre d'une chevelure bouclée. Et c'est sans qu'il s'en rendit compte, que le bateau avait commencé son voyage, tout occupé à penser à Héloïse. Il sentit là le piège, ou bien des inquiétudes : et s'il lui était arrivé malheur à son domicile ? Sur le chemin ? Un ex-mari contrarié ? Un vélo volé ? Tout avait pu arriver. Mais il ne voulait s'avouer qu'il avait été peut être pris dans un traquenard. Le speaker du bateau était volubile, difficile de réfléchir dans ces cas-là. Mais soudain, un membre d'équipage s'approcha de lui : « Est-ce vous le français ? » Intrigué, et se retournant notre homme de lui répondre : « J'ai l'air d'être le seul, oui ». Et le membre d'équipage de lui tendre une autre enveloppe rose. Un geste de remerciement, et notre homme était tout à son ouvrage d'ouvrir celle-ci.

Des lettres, des mots, des boucles, des arrondis, des plus tenaces, du bleu, du noir, du rose, un melting pot de mots sortait d'une jolie carte.

Il la tourna dans tous les sens, avant de se résoudre à commencer par le début, même s'il aurait déjà aimé connaitre la fin, savoir pourquoi elle n'était pas là en chair. Car la lettre était bien signée d'elle.

« Avant toute chose cher ami, j'aimerai que vous profitiez de la promenade, que vous écoutiez le commandant de bord et que vous y preniez plaisir, vous aurez tout le temps à votre aise pour lire mes quelques mots ensuite… »

Signaler ce texte