Nue

franekbalboa

Un jour, quelqu'un m'a demandé combien de filles/femmes j'avais vu nues. Je lui ai demandé ce qu'il entendait par là. Il entendait la signification première. La réponse d'alors était 12
Je ne sais pas pourquoi j'en viens à me rappeler ça. Ni pourquoi je réfléchis au sens réel de cette question. Puis je me rends compte qu'en y pensant, en réalisant ce que j'entendais, moi, par "nue", la réponse était zéro.

Je n'avais jamais réellement vu de femme nue. Oh bien sûr, j'avais gouté aux plaisirs charnels et aux courbes remplissant d'envies un jeune garçon attiré par elles. J'avais eu la chance d'en voir plusieurs, de croquer la passion d'un échange au travers d'une relation torride, d'une heure, d'une nuit, des caresses, des embrassades, de la passion, du sexe. Le nu physique, oui. Mais pas un nu réel en vérité.

Aujourd'hui, je peux le dire, je n'ai vu qu'une seule femme totalement nue face à moi. Et cette nudité se voyait habillée. À mes yeux en tous cas...

J'ai pu lire dans ses regards ses peurs les plus profondes, voir dans ses tremblements son stress et sa colère, entendre dans ses silences les cris qu'elle ne voulait pousser, comprendre dans ses gestes les doutes qui l'habitaient. Des larmes enfouies, des cicatrices invisibles, de nombreuses épreuves qui ont jalonné sa vie, sa joie de vivre, sa douceur, sa tendresse, son immense générosité, sa timide ivresse. J'ai pu voir chacune de ses facettes ou presque. Son portrait dépeint en une réelle fresque, une oeuvre d'art à contempler sous divers angles, pour réellement avoir la capacité de la comprendre. Elle était surprise par cette capacité que j'avais, à parfois anticiper certaines de ses actions, elle pleurait parfois la nuit, se réveillant en sanglots, se rendormant dans mes bras, la rassurant, l'entourant. Je me souviens encore de cette chair de poule, un soir d'été où nous n'étions encore que deux étrangers, lorsque je l'avais simplement prise dans mes bras. Je me rappelle ce sourire qu'elle avait lorsque je lui avais fait la surprise d'aller la chercher, l'emmener à la mer sans même la prévenir. La spontanéité qui l'a soulagée, parfois j'étais dur, c'est vrai. Parfois je manquais certaines choses, je n'avais alors pas remarqué certains détails, certains traits.

Ce tableau de nu est aujourd'hui à la fois le seul, et le plus beau que j'ai pu voir, et même éloigné je pourrais la redessiner, l'imaginer, comme si elle était à mes cotés...

Voilà ce que j'ai vu, lorsque je l'ai réellement vu nue. J'ai vu des peurs, des doutes, de la confiance, du courage, des questions, des réponses, de la vie sans modération... Je l'ai vue, je l'ai même regardé, tant que j'ai pu, je m'en suis délecté, de cette merveilleuse femme, de son univers, de son âme.

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