Nuit

Grégory Veilleur

Ailes de combat, plumes lasses,
meurtries du poids du jour.
Tant de lumière, le brise et le casse,
Rapace de nuit sur les branches d'un houx.

Aubaine ! De voir l'arbre,
luisant de mille feuilles d'un vert brillant et glabre.
Puis taiseux par ses fruits criards,
avertit la forêt d'un hibou qui s'égare.

Tenir, sur le jour qui finit,
immobile sur la cime branlante,
Astre aveuglant, pique, balance en sursis,
Rapace inconscient et colère tremblante.

Qui dans ces bois commence la nuit.

Et la nuit qui vient, abrite les fruits !
Qu'on distinguent à peine quand les cieux ont rougis.
Le soleil si las se couche, avertit,
poussé du haut d'un crépuscule en pente.

L'oiseau dévore l'infini du regard,
Lorsque c'est un retard, lorsque qu'il s'est anobli. 
Le hibou est un duc, ce n'est pas un renard,
Il y va par le cœur et non par mépris.

Il pense alors la nature clémente et que tout lui sourit,
Des ténèbres en approche, la céleste charpente,
Tout, tout ! Aux tréfonds de la nuit,
Promettent les filantes et cette grave gloire,
Il sera tout en haut, maître de ses arts !

La chasse est son jeu, pis de pelage,
Et aux vents du soir soufflent les doutes,
L'incertitude des ramages filent !
Au firmament qui donc l'écoute ?

Un phare de pupilles, proie éblouie,
Yeux noctiluques se croiseront vite !
Adieu bête des bois ! Emplie de vie,
Et sa chasse est violente et sa chasse est subite. 

A cette heure ou la lune est à point,
et ce moment où l'animal voit tout.
La manche de sang essuie le carmin,
Avale la proie, embrase le houx.

Nuit ! Nuit, enfin ! Sur l'oiseau soulagé,
Le Veilleur insolent qui a bravé le jour.
Lorsqu'il tue ses compères terrifiés,
Il est rare de connaitre un si tragique amour.

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