#4. Plans et déroutes.
ellis
C'était censé être un triste retour. Un retour-besoin. Un retour-échappatoire. Un retour qui dépose les armes dans un long soupir. Mais avec un sourire un peu fatigué, un peu tendre, de celui qui revient vers les siens pour trouver la chaleur, pour écouter le rythme à nouveau, tout ce qui est doux, vital, et qu'il avait oublié. Comme pour repousser un peu l'échéance de ces retrouvailles un peu particulières, il s'était conseillé de s'arrêter dans une ville inconnue. Sentir le goût heureux des aventures passées, des trajets en stop, et des rues où l'on se perd. C'était donc le plan. On s'arrête pour la nuit chez Alex, ce grand type de presque quarante ans qui bosse comme ingé son dans le coin, et qu'il a dû rencontrer deux fois, avant ce soir. Peut-être une pinte ou deux au troquet du coin, histoire de prendre l'air local, et de tromper le doute et l'appréhension. Et puis demain onze heures quarante-six, remonter dans un train et passer aux choses sérieuses. Faire face. Connerie. Mais bon, paraît que ça se fait.
C'était le plan.
Maintenant, il est là, assis dans une voiture à côté de cette drôle de fille à laquelle il ne parvient pas à donner un âge. Il sait juste qu'elle est assez âgée pour être mère. Et encore, il sait qu'il ne sait rien, parce qu'à quel âge est-on assez âgé pour ce genre de chose ? Quand elle est ressortie du bar avec son air décidé et son visage qui ne sourit pas, il s'est demandé ce qu'elle allait lui balancer. Presque, l'idée qu'elle lui propose une partie de baise dans le quart d'heure à l'hôtel du coin de la rue lui traversa l'esprit. Mais il sentait que ça n'allait pas être ça. Non pas qu'elle n'en ait pas eu le cran – enfin, il ne savait rien d'elle, mais il le sentait à la manière dont elle le suivait dans chaque audacieux mouvement depuis le coup du verre. C'est juste qu'il attendait plus. Plus imprudent. Plus audacieux. Plus déroutant et plus touchant de cette grande fille aux lunettes trop grandes pour son visage de fée qu'une simple invite à une baise un peu glauque un soir de sortie autorisée.
Elle lui avait juste dit qu'elle avait envie de « bouger d'ici, enfin, pas juste d'ici, bouger vraiment. Tu as du temps devant toi ?
_ Toujours, qu'il lui avait répondu, à peine désarçonné et cachant mal l'agréable excitation enfantine qu'elle venait d'éveiller en lui.
_ S'il y a un endroit où t'as envie d'aller et que t'as jamais eu trop le temps, c'est le moment où jamais. Ou si tu veux que je te dépose quelque part. J'en sais rien. Juste… je peux rouler la nuit entière.
Dans sa voix il y a eu comme quelque chose de fiévreux qui disait des blessures grandes ouvertes. Il a repensé à la cicatrice sur sa main. A sa réaction. A la dernière fois qu'il avait eu envie de couvrir une fille de ses bras et ça faisait longtemps.
Merci pour le rab sorti de ton chapeau, merci, ça fait un petit plus à rebours, on la lirait dans le désordre cette histoire, ces petits bouts à l'envers, que chacun donne quelque chose. c'est un des meilleurs trucs que j'ai lu ici, en long format, et je crois de mémoire que ça en fait deux en tout (mais bon je suis une pénible) mais pfiou, je le vois sur du papier, clairement, c'est pas juste le romanesque, c'est toute la gravité que porte aussi les personnages, c'est la lumière dans l'impasse que fait un peu leur rencontre, et je repense à cette phrase qui disait les vies endormies, ça fait du bien de voir leur vie se réveiller pour une nuit, voilà, ça reste dans le douceur, sans aller dans le trop, la facile, le rapide, dans la délicatesse et l'humain. Bref riche, pour ça que je suis bavarde.
· Il y a plus de 9 ans ·hel
Ok... elle roule comme tes personnages cette histoire... Très bon mood, bon rythme et tjs ta plume qui bat la mesure...
· Il y a plus de 9 ans ·N'oublie pas de t'arrêter des temps en temps pour faire le plein si tu veux emmener tout le monde au bout de ce joli voyage. ;-)
wic
merci beaucoup de suivre le tracé un peu hésitant de ma trajectoire, en tout cas ;) c'est autant de (très précieux) encouragements à continuer.
· Il y a plus de 9 ans ·ellis