La Nuit Sur Les Tuiles #6 - Les Moleskines - Dans Paris

dyonisos

Carnet de Voyage numéro six - Louvre Rivoli - #LaNuitSurLesTuiles

Je croque des bouts de Paris et les déverse dans mes carnets. Toujours pourvu d'un Moleskine dans la poche d'un smoking, dans un jean troué Diesel ou dans une veste The Kooples ajustée mais sentant l'humidité de l'hiver.

Je vis Paris depuis les toits comme un impressionniste. Je vogue sur les tuiles.

Perché sur un rooftop, dans les nuages de Paris, je butine du champagne et des conversations stériles. Pour accéder aux toits de Paris, pour atteindre le sommet social, je joue des coudes, fais taire mes manières rustres de provincial mal né, mes aspérités de p'tit gars de la campagne. Passant de fleur en fleur, j'essaie de faire rire, de séduire à volo et de bomber le torse. Happé par les vertiges de la mondanité, je hoche la tête, faussement intéressé, et tisse des liens fragiles avec des starlettes sans talent. Superficiellement, sans intérêt quelconque pour l'être en face de moi. Et réciproquement.

La musique est classique, les robes sont emphatiques. C'est une valse à trois temps : le premier mouvement est celui de l'examen, de l'observation méticuleuse de chacun par chacun. Le deuxième mouvement est celui d'une coupe de Champagne portée à la bouche. L'ultime mouvement est moins précis, moins net, teinté d'éthanol. La bourgeoisie se prolétarise, la lutte des classes s'arrête ici au moment où l'alcool fait tomber les barrières sociales et affranchit les convives de leur conditionnement social et de leurs bonnes manières. C'est scrupuleusement la même valse qui se joue sur tous les toits de Paris.

Je butine la bourgeoisie jusqu'à la nausée. Jusqu'au dégoût de faire semblant. Jusqu'à la sensation d'être hors de mon corps et d'agir en marionnette caricaturale.

Les tuiles des toits me brûlent les pieds. Soudain, la folle envie de fuir et de m'évader sur les toits de Paris. Soudain, la folle envie de sauter des toits et de rejoindre la terre.

A suivre

Carnet de Voyage numéro sept - Porte de Pantin - #Raphaël

Signaler ce texte