Ô Vers noirs compagnons, sans oreilles et sans yeux ...

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Une autre planète

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     Plus je vais, c'est à dire que plus je descends, plus il me semble ne plus vivre avec ce monde grouillant de vivants, ce monde vivant grouillant qui me renvoie à la vision de ces poignées d'asticots, ces petits vers blancs et frétillants qui se coulaient les uns sur les autres au fond de la boîte lorsque j'étais adolescent.

  L'on laissait pourrir un petit poisson au soleil, des mouches venaient, pondaient leurs oeufs et l'on avait en vingt-quatre heures une éclosion de mille asticots bien gras que l'on accrochait à l'hameçon pour une partie mais non madame non ! pas de jambes en l'air, mais pour une partie de pêche à la ligne.

  Nous on n'était pas comme ça, on jouait au docteur ! c'était pas mal non plus et les filles soixante ans après ne viennent pas dire qu'on les a agressées sexuellement d'ailleurs elles, hein les filles ... !

    C'était l'âge de toutes les initiations. Les belles initiations, si, si ! la nature était de mèche avec nous, elle nous prêtait ses feuillages, ses senteurs, tout était très bucolique, très ludique, au bout du compte très pastoral, très éducatif, nous étions les bergers et les bergères d'une toile de Jouy - Oui toile de Jouy ... qu'avez-vous encore compris ! vous voyez le salace partout, vous savez pas ce qu'est une toile de Jouy ? ! - , c'était ;   

   "  Mugissement des boeufs au temps du doux Virgile ! Comme aujourd'hui, le soir, quand fuit la nuit agile, Ou, le matin, quand l'aube aux champs extasiés, Verse à flots la rosée et le jour, vous disiez  ... "

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