obsession

marilyn06

Je reste à l'affût, le coeur tremblant, cette page blanche comme une punition pour je ne sais quelles fautes à expier. La main impatiente, trépigne, s'agite inutilement, les lèvres muettes de tout ces mots que je ne sais que déposer au creux de quelques lignes dans ces carnets qui m'accompagnent. Je cherche, fouille mon coeur tout en désordre, espérant le premier mot ,celui qui ouvrira la porte à tout les autres. Je prie, implore cette abondance dont certains s'abreuvent, désespère le temps inutile qui défile sans tisser la moindre phrase. Je laisse mon regard, doucement rebondir de vagues en vagues, jusqu'à cet horizon, terre promise à mon âme curieuse. Je pourchasse le silence qui me rendra enfin bavarde, généreuse, volubile à souhait. Je guette le souffle du vent qui fera bruisser les feuilles, à peine rougissantes, d'une douce mélodie qui entraîne mes pensées. J'aime les mots, tout les mots. Ils m'entraînent toujours plus loin, me ramènent aussi à la lisière d'une vie qui m'a vu naître déjà je crois impatiente. Ils sont mon ancre, celle qui m'arrime à la douceur des jours, à la noirceur de certaines nuits aussi. Ils voyagent dans ma tête et je vole avec eux, d'une envie à une autre, le bras levé comme un chasseur de papillons. Ils m'exaspèrent quand ils se dérobent, vaines batailles où je me perd, épuise mes forces à trop vouloir savoir ce qu'ils me refusent. Je les déteste quand ils s'accrochent, comme des nuages lourds et gris, à ces heures noires qui me reviennent inlassablement. Je les couche en un geste rapide, la marge m'appelle de l'autre coté, longue ligne rouge que je voudrai à l'infini, contre laquelle ils se rangent presque sagement. Je comble les espaces de courbes, de traits, de déliés, de points pour mieux repartir. Je noircis d'une encre bleue, noire, rose parfois, des feuille vierges pour vous laisser, mes enfants, ces traces presque indélébiles qui me racontent. Je me mets à nue, faussement pudique quand j'hésite à dévoiler les profondeurs de mon âme. Ils resteront tout ces carnets, au fond d'une grande boite, petit trésor si mal caché, qu'il vous plaira peut-être de découvrir quand j'aurai déployé mes ailes. Je rêve d'une vie, devant un clavier si bavard qu'il me faudrait être bien rapide pour ne pas les laisser s'envoler sans moi. Je rêve de mains avides qui tourneraient les pages de livres que j'aurai aimé écrire, presque jalouse d'avoir à tant partager. Mais pourquoi cette importance d'être lue, reconnue aussi? Quelle vanité, si vaine, qui me ferait croire être aimée ? Je sais l'absurdité de certaines heures, tout soudain peut disparaître, happé par les méandres de vies souillées par le malheur. Alors pourquoi cette obsession à traquer les mots? Je ne suis que la victime consentante face à son bourreau et la sentence peut bien tomber, je saurai être humble. On ne devient pas écrivain, on l'est depuis toujours ou on ne l'est jamais.            

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