On marche

kelen

On marche. Tête haute et droit devant
A l'arrache, déterminés, on serre les rangs
Au service de nos frères on vocifère
Plus fort que les commissaires et les cols blancs
Ils veulent nous faire taire, nous mettre à terre
A coup de crosse, à coup de plomb
Mais les balles dans la nuque ça pousse au crime
Comment nous reprocher une violence légitime
Quand la police assassine Zyed, Bouna ou Malik Oussekine ?
On a plus le temps d'attendre de vos partis
Un communiqué de presse entre compassion et mépris
Quand nos enfants sont dans la ligne de mire
Et que votre silence cautionne à demi-mot le pire
Aucune remise en question de votre part
A chaque débat vous revisitez nos propres histoires
Prenez-nous de haut avec votre héritage qui sent le formol
La réalité c'est que vous n'avez pas su brûler vos idoles
Vos outils sont obsolètes, ouvrez vos perspectives
Regardez un peu de notre côté, on imagine déjà l'offensive 
On n'a peut-être pas d'argent, pas de moyen, pas de télé
Mais nous on a ce qui vous manque trop souvent… des idées.
Parce que le système D est ici une réalité
Tout comme la peur, l'échec et la précarité
Pourtant on fera jamais aucun aveu de faiblesse
Car trop habitués à l'insomnie et à la détresse
On a été amené à se forger un mental de résistants
Et si ici les femmes sont voilées, elles ne manquent pas d'aplomb
Par pitié, revoyez vos standards et vos discours
La classe ouvrière s'étiole derrière nos tours
Ici, c'est de plus en plus le chômage et l'individualisme
Qui prospèrent dans le torrent brunâtre du fascisme
Alors c'est sûr, on a peur de prendre la parole devant vous
On ne maîtrise pas vos concepts et on complexe sur tout
Mais il va falloir maintenant pour vous faire un effort
Il vous faudra vous habituer à nous voir prendre corps
Car demain, oui demain, on va sortir de nos tours
Tendez enfin l'oreille vers nos quartiers, ne soyez plus sourds.

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