On renoue pas sans remous

vert-de-grisaille

Une sonnerie.

Une voix.

Une incrédulité.

Un remou, comme une vague.

Les muscles se tendent brutalement, puis se relâchent.

Sensation d'éther, perdre pied avec la terre.

Une connexion qui se fait à distance. Malgré l'eau qui a coulé, le pont ne s'est pas effondré entre ces êtres, en dépit des coups de marteaux assenés par ces forcenés, acharnés à détruire le passage entre leurs deux mondes opposés.

L'état létal. D'un sentiment d'inaccompli.

Ils sont toujours présents, même dans l'absence. Ab-sens.

Ils ne s'élancent plus l'un vers l'autre, même si la force de leurs élans les poussent, les bousculent.

Contenance. Ils se sont contenus dès le début, se repoussant continuellement. Des aimants, amants d'autrefois. Qui ne sont plus amants depuis longtemps, mais qui sont restés aimants, l'un envers l'autre.

Chienne de vie.

Dans un coin obscur d'un train de banlieue, elle rédigeait ces mots, ses mots, qui étaient loin d'être les premiers sur cette histoire. Peut-être les derniers, peut-être pas.

Pourquoi ne pouvaient-ils tourner cette page, eux qui, pourtant, s'évertuaient à feuilleter nombre de livres pour chercher dans la lecture les réponses à leurs questions?

Peut-être parce que cette histoire-ci n'était pas de la fiction...

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