On se retrouve...

arkhaam

Elle est là, juste devant moi, on s'est retrouvés sur le parking de la gare, elle m'attendait, impatiemment, et moi je me disais que ce putain de train n'avançait pas. Mais ça y est, on est ensemble et on attendait ça depuis des lustres. C'est bien de se parler en cam', c'est vrai qu'au travers de mon écran, elle est déjà sublime et chaque matin, lorsqu'elle se pointe, à peine réveillée, belle à crever, c'est déjà une chance inouïe qui me tombe, alors, dessus. Elle ne veut pas que je la fixe, pas maquillée, les cheveux en bataille, les joues encore roses d'un sommeil trop court, elle pense ne pas être jolie. Pourtant, elle est à tomber. 

Je préfère marcher doucement, laisser monter le plaisir, la voir de loin et trembler, un peu plus, à chaque pas qui la rapproche de moi. Je vois sa voiture, elle est devant, appuyée dessus, elle me regarde arriver, je vois presque ses joues rosir. Elle est sublime, une petite robe à fleur, des escarpins de cuir, voilà, c'est elle, la simplicité lui va à ravir. Cette femme n'a besoin de rien pour être belle, elle n'a qu'à être ''elle'' et tout semble disparaître autour d'elle, tout semble lui appartenir, je ne vois plus qu'elle, plus rien ne bouge, plus rien n'existe, la terre entière retient sa respiration juste pour la laisser vivre. Putain, jamais je n'arriverais à comprendre comment j'ai pu la séduire, le crapaud et son hirondelle, la bête et sa belle, me trouver à son bras est quelque chose d'unique, une revanche sur la vie, le plaisir de voir tous ses crevards se poser les mêmes questions. Les hommes deviennent fous sur son passage, quant aux femmes, je ne préfères pas savoir ce qu'elles se disent. 
Je l'ai prise dans mes bras, je l'ai serrée si fort qu'elle a du me le faire remarquer, j'ai enfoui mon nez dans ses cheveux, dans son cou, j'ai embrassé ses épaules et caressé son dos, je suis sorti des ténèbres, j'ai survécu au néant dans lequel je plonge chaque fois qu'elle s'éloigne de moi, j'ai vaincu tout ce qui me sépare d'elle et je vaincrais toujours car, pour elle, je ferais l'impossible. Nous sommes partis, nous avons roulé, je la regardais, je l'admirais, tous dans ses gestes est doux, délicat, gracieux, ses mains sont de délicieux appels aux caresses, son profil me subjugue, sa façon de toucher son nez, de rouspéter contre l'air chaud qui entre par la vitre, cette manière de replacer ses cheveux qui se bousculent devant ses yeux. Encore nous avons roulé, longtemps je crois, je ne sais pas, lorsque je suis avec elle le temps n'existe plus, il n'y a plus qu'elle et moi. Nous nous sommes arrêtés, assis sur un banc. J'ai posé ma tête sur ses cuisses et elle a mis sa main dans mes cheveux, j'étais au paradis car s'il en existe un, il se trouve sur les jambes de mon adorée et je suis vautré dessus. J'aurais voulu ne plus bouger, rester ici indéfiniment, sentant ses mains me caresser le visage, mourir là et me dire que la vie ne peux plus rien m'apporter dont j'ai besoin car puisque je l'ai elle, alors j'ai tout. Oui, elle est mon tout.
A mon tour je me suis assis, elle est venue s'asseoir sur moi, à cheval sur mes jambes et nous étions face à face. Je l'ai serrée, embrassée, je ne voulais plus la quitter, autant crever ici, sur ce banc. On est parti quand elle s'est faite attaquer par une bande de fourmis amoureuses (oui, même elles) et on s'est éloignés, moi riant et elle gesticulant, sautant partout en hurlant. Non, je ne l'ai pas aidée, je suis un goujat mais le spectacle me plaisait trop. On s'est assis à une terrasse, elle a enlevé ses chaussures et s'est servi de la carte des boissons comme d'un éventail. Elle avait chaud, elle sentait le soleil, la paille, l'amour. Son odeur me transporte, me bouleverse, un parfum unique et merveilleux. Je l'aime, oui je l'aime, elle est ma déchirante passion, mon ange tombé du ciel, mon cadeau des dieux. Elle est tout ce que j'ai toujours voulu et jamais, non jamais, je ne pourrais vivre sans elle. Nous sommes partis, droit devant, main dans la main et nos regards se sont croisés. Il était temps d'avancer et c'est ce que nous avons fait.

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