Overdrive - Chapitre 13
Alicia Lo
Je peux résumer jeudi par quelques bousculades, quelques croches pieds et mon plateau de repas étalé par terre. Rien de bien méchant.
Toujours impossible de garder mon portable allumé.
Vendredi se passe comme jeudi jusqu'à la pause de l'après-midi. Alors que je descends à la cafétéria pour aller me chercher un petit truc à manger -parce que ce midi mon plateau est encore tombé par accident-, je sens quelqu'un dans mon dos et je me mets à me méfier trop tard.
Quelqu'un me pousse dans les escaliers.
Crac.
Putain ça fait mal.
***
En résumé, j'ai fini aux urgences, une entorse à la cheville. Ma mère et moi sommes convoquer chez le proviseur lundi matin. Ils veulent un coupable. Le problème c'est que même si je dénonce la personne qui m'a poussé -une camarade de classe-, il y en aura toujours une autre pour le faire et elle aura un motif en plus pour le faire.
Je suis assise dans mon canapé, une atelle à la cheville gauche pendant que ma mère -encore sous le choc- raconte toute l'histoire à Denis au téléphone.
On toque à la porte d'entrée. Ma mère prend congé de son fiancé et va répondre. Je tends l'oreille parce qu'il est 21h passé et que nous n'attendons personne.
"Heu... Bonjour madame, je suis Loïc, un ami de votre fille. Je n'ai pas de nouvelles depuis quelques jours. Est-ce tout va bien..?"
Mon coeur manque un battement et celui de ma mère a dû s'arrêter. Loïc ne doit pas vraiment être son genre de gars. Mais à mon plus grand étonnement elle lui indique que je suis dans le salon et elle le laisse entrer sans rechigner.
Il débarque face à moi. Il est beau avec son bonnet noir. Son expression devient grave un court instant quand il voit ma cheville.
"Tu sais que la gauche est assimilé à Satan? T'es grave une masochiste sataniste en fait." M'adresse-t-il avec humour et je ne peux m'empêcher de rire ainsi que lui.
"Viens t'asseoir." L'ai-je invité.
Il se met juste à côté de moi. Son parfum vient me titiller le nez et je me rends compte qu'il m'a manqué.
"Pourquoi tu ne réponds pas au téléphone? Me demande-t-il un brin exaspéré.
- Je voulais me laisser désirer. Et j'avais aussi prévue de me casser la cheville pour que tu viennes me sauver sur ton cheval blanc." Dis-je ironiquement.
Il rit, on dirait que ma blague à réussie à le détendre.
"Tu fais chier." Me balance-t-il avec un petit sourire.
Son regard croise le mien et j'y lis du soulagement.
Ma mère débarque dans le salon complètement abattue. Elle tient mon téléphone dans sa main et il n'arrête pas de vibrer. Dans un mouvement de panique, j'essaye de me lever et pousse un petit cris de douleur avant de retomber dans le canapé. Loïc me dévisage avant de porter son attention sur ma mère en panique.
"C'est quoi tout ça..? Qui t'envoie ça ma chérie..? Pourquoi..?"
Elle me regarde avant de reprendre avec désespoir.
"Depuis quand tu te fais harcelé à l'école..?"
Je n'ai pas envie de répondre. Je ne vais pas répondre. Je peux gérer toute seule. Je vais bien. C'est pas la fin du monde. Je ne suis pas la seule à subir ça puis je vais bien ! Je n'ai pas envie qu'on est pitié de moi. Je ne veux pas qu'on me prenne pour quelqu'un de fragile. Je suis forte putain.
La main de Loïc se pose sur le dos de la mienne. Je me rends alors compte que je serre les poings de toutes mes forces et quand je tourne ma tête vers lui des larmes roulent sur mes joues sans que je ne puisse les retenir.