Overdrive - Chapitre 4
Alicia Lo
Loïc se dirige vers une table, il sort sa guitare de son étui. Lorsque sa tête se relève, son regard croise le mien. La gêne m'envahie et je fais semblant d'être sur mon portable. Il ne réagit pas. Je reste là à l'écouter jouer et chanter des chansons qui me sont complètement inconnues. Mon excellent niveau en anglais me permet de traduire chacune d'entre elles. Étrangement, Je les trouve belles.
J'aime vraiment le timbre de sa voix. J'aime cette passion qui se ressent dans chaque note. J'aime les frissons que me donne sa façon d'interprété les mots avec une telle émotion. C'est comme si la musique était le seul moyen qu'il est de s'exprimer. Il a cette sensibilité, cette aura qui n'appartient qu'aux artistes.
Mes yeux se lèvent de mon téléphone qui me sert d'alibi depuis tout à l'heure et je l'observe le plus discrètement possible.
Il porte un tee-shirt noir sous un sweat gris, un jean noir et à ma plus grande surprise ses pieds sont vêtus de baskets running. Mais ce qui attire mon regard ce sont des tatouages qui parcours presque intégralement le peu de peau que je peux voir. Le cou, même ses phalanges en sont recouvertes. Ça doit faire mal... Mes pensées sont interrompues. Il s'arrête de jouer, range sa guitare et repart en saluant la serveuse sans m'adresser un seul regard.
Perplexe je regarde mon portable, pour de vrai cette fois. Mince, il est déjà dix heure passé ! Les magasins ont dû ouvrir, Je paye et part à la conquête des magasins.
Le soir, je rentre chez moi et je fais semblant d'avoir passé une journée banale au lycée et ma mère n'y voit que du feu.
Comme un tic, Je me connecte aux réseaux sociaux et je m'effondre face à mon écran. Il y a des centaines de photos de Damien et Nina enlacés, en train de s'embrassaient et des déclarations d'amour à n'en plus pouvoir.
Je me mets en boule sous ma couverture et je me mets à déprimer comme jamais.
***
Le lendemain matin, le même scénario se produit. Je n'ai pas la force de descendre du bus. Et je me retrouve face au même café que la veille.
« Salut Loïc ! »
Une forme d'apaisement m'envahie.
Il prend la même place qu'hier, il me jette le même regard que la veille. Les mélodies sont les mêmes. Néanmoins cette fois je ressens une émotion plus forte. Cette fois je prends un cahier et fais semblant d'écrire. Finalement, je me mets à écrire les paroles que j'entends.
Il range sa guitare, se lève, salut la serveuse et part.
Le soir, au lieu de voir des horreurs sur les réseaux sociaux, je lis et relis les paroles que j'ai griffonné dans mon cahier. Je rechante les chansons dans ma tête ce qui me surprend. Elles commencent vraiment à me plaire.
***
Mercredi matin, le même schéma se dessine. Mais cette fois j'ai décidé d'étudier pour ne pas prendre trop de retard.
Il entre, salue la serveuse, s'installe sur la même chaise, il me regarde et commence à jouer.
J'ouvre mon cahier mais impossible d'étudier. Les chansons raisonnent dans ma tête et elles ne veulent plus en sortir. Je me décide, contre ma raison et ma volonté à résister, d'enregistrer ce petit concert privée sur mon portable.
Le soir même je réécoute l'enregistrement en boucle. J'aime vraiment ses chansons, sa voix, ses mots.
***
Jeudi et vendredi matin sont identiques. Mais ce vendredi un événement que je n'avais pas prévu m'a pris par surprise.
Il range sa guitare, il se lève et salue la serveuse mais cette fois avant de partir sa voix se fait entendre.
« Tu devrais venir samedi soir. Seule cette fois. »
Je tourne ma tête vers lui pour en être sûre. Il me regarde. C'est bien à moi qu'il s'est adressé. Pourquoi mon cœur s'emballe-t-il ?