Oxynia a besoin de dormir
dustman
Oxynia avait beau être une petite fille pleine de vie, un gros problème troublait sa vie : l'insomnie.
Ses parents avaient tout essayé pour qu'elle dorme : des berceuses, des tisanes, compter les moutons et même du lait chaud avec du miel, mais il n'y avait rien à faire. Oxynia ne dormait pas.
Une nuit, lui vint l'illumination. Il suffirait qu'elle traverse la télévision du salon. Tous ses soucis seraient résolus. Elle ne se souvenait plus quand ses parents avaient acheté cet objet insolite mais c'était la solution. Elle le savait.
La petite fille se faufila dans le salon sans un bruit. Elle se planta devant la télévision monumentale. Le poste comportait toutes sortes de boutons à tourner et à appuyer, même des leviers, mais pas d'écran : juste un trou béant.
La fillette introduit une jambe puis l'autre à travers la cavité. Une pirouette et demie plus loin, elle était arrivée dans un autre monde. La moquette bleue du salon avait fait place à un étrange endroit peuplé de lutins affairés. Elle apercevait plusieurs lunes et un soleil. L'impression de se retrouver dans des montagnes ne la quittait pas sauf que le sol était violet avec, en guise d'herbes, des petites tiges de tissu soyeux. Voyant son étonnement, un lutin vint à sa rencontre.
- Mademoiselle, bonjour. Que puis-je pour votre service ?
- Il me semble m'être perdue. Où sommes-nous ?
- Vous vous trouvez sur l'île volante du rideau perché. Notre île est fortement réputée. Nous produisons des rêves d'une qualité inégalable.
- Des rêves ?
- Oui, nous ne créons que des songes agréables. Vous ne trouverez pas de cauchemar chez nous.
- Je n'arrive pas à dormir depuis longtemps et je suis exténuée. Pensez-vous que je pourrais en avoir un ?
- Évidemment, vous devrez rejoindre la maison du marchand de rêves.
- Où est-elle ?
Le lutin lui indiqua du doigt une curieuse maison toute de travers au sommet d'une falaise.
Ni une, ni deux, Oxynia prit son courage à pleines mains, elle escalada la falaise. Impossible de se rappeler quand elle avait pratiqué l'escalade mais elle grimpait plus vite que n'importe qui. Rapidement, elle se trouva face à la porte.
Devait-elle frapper ou sonner ? Dans le doute, elle fit les deux en même temps.
Ding Dong. Toc Toc Toc.
Des pas étouffés retentirent à l'intérieur. Un lutin à la barbe longue ouvrit la porte. Il l'examina rapidement des pieds à la tête, gratta les quelques cheveux sous son bonnet en fronçant les sourcils. Il resta quelque temps à l'observer sans un mot. Oxynia ne savait pas comment réagir.
Le lutin farfouilla dans ses poches, en sortit un flacon qu'il lui tendit. À peine l'avait-elle en main que la porte claqua.
Drôle de personnage, pensa la fillette.
Elle tourna lentement le flacon dans sa main. Une petite étiquette en énonçait le contenu : songes de fées. Le minuscule pot de verre roula entre ses doigts. À l'intérieur, il ne semblait rien y avoir. Tant pis, elle devait s'en assurer. La fillette fit sauter le bouchon de liège avec un POP sonore puis regarda l'intérieur … Rien !
Rien, pourtant la fatigue la submergea tout à coup. Elle devait absolument trouver un endroit pour se reposer. Sa tête devenait lourde, lourde. Oxynia chuta dans un sommeil sans pareil.
Le lendemain matin, la fillette fut réveillée par ses parents. Elle s'était endormie sur la moquette devant la télévision du salon. Comme une illusion, les contours d'un drôle de rêve s'estompaient dans sa mémoire.
Quel était cet étrange flacon qu'elle tenait dans sa main ?