Paix

fionavanessa

Pensée

Pendant un temps, les amis se sont éclipsés. Aux anciens, à l'autre bout de la France que j'ai traversée pour vivre avec toi, je ne leur en veux pas. Petit à petit, ils m'ont redonné signe de vie. Au fur et à mesure que je pansais mes blessures. Aux nouveaux, je comprends leur désarroi de choisir entre toi et moi. Je ne leur en veux pas. Un ami, une amie, sont arrivés, qui ne me connaissaient pas d'avant la rupture, mais qui ont reconnu derrière ma joie de vivre, les ombres, et ne m'en ont que mieux aimée.

Au fur et à mesure que j'apprenais à respirer, ils sont arrivés. Moins je cachais mes failles, plus ils m'aimaient. Avec eux j'ai ri, j'ai appris à compter une respiration, puis marcher. Faire ce qu'il y avait devant moi, en attendant de réintégrer complètement mes poumons et pas juste ce soubresaut d'air qu'il me fallait pour relier le matin au matin suivant.

Pour respirer plus profond, il m'a fallu d'abord souffler tout l'air toxique que je retenais, cesser l'apnée. Il m'a fallu retrouver le fil de la mélodie sans la laisser s'étrangler au détour d'une syllabe qui me terrassait et me jetait en sanglots épars. Il m'a fallu accepter que oui, sans toi je respirais, je m'épanouissais. Il m'a fallu me faire la guerre et l'amour, et faire face à la vérité.

La vérité, c'est que je peux dire non à ce qui m'étouffe.

La vérité, c'est que je peux tout partager avec les âmes bienveillantes. Qu'il n'y a rien dont j'ai à rougir, que si mon cœur éclata, c'était pour s'ouvrir.

La vérité, c'est que je me laisse danser par les journées,

La vérité, c'est que tu tiens une place dans mon cœur très blanche et très noire,

La vérité, c'est que tout passe, le pire comme le meilleur,

La vérité, c'est qu'il y a tant à voir, à faire, à être en cette vie,

La vérité, c'est qu'il n'y a pas une minute à perdre,

La vérité, c'est que même toi tu me souris,

La vérité, c'est que ta dureté m'a amenée à résister et éclore,

La vérité, c'est que tu ne m'as pas mise à mort,

La vérité, c'est que je n'ai besoin de rien qui ne soit déjà là, au fond de moi,

La vérité, c'est que j'ai besoin de tous, tous mes amis, tous mes enfants, tous les passants de ma journée, pour me rappeler qu'au-delà de respirer, pour mériter d'habiter vraiment mon corps qui respire, je n'ai qu'à leur sourire, me rappeler de ne rien retenir de ce qui se partage, que le chemin vaut bien la destination, me rappeler que je peux tout dire à qui peut tout entendre, et que dans une petite journée se cache parfois un instant d'éternité.

  • étonnant! je suis à peu près sur que votre étouffement est symbolique et aussi tout ce qui trait à votre respiration de la vie, mais moi je vis cela pour de vrai, armée d'oxygène pour marcher, et j'écris pourtant la même chose que vous. L'instant d'éternité fait partie de tous mes écrits, et l'envie d'être bien au fond de soi, cela date surtout de mon séjour en hôpital de réadaptation. L'envie profonde de n'être reliée qu'à moi pour pouvoir écrire.

    · Il y a presque 9 ans ·
    Bbjeune021redimensionne

    elisabetha

    • Votre commentaire me touche, et me souffle qu'on peut sûrement se reconnaître chez les autres, bien plus qu'on ne le penserait.

      · Il y a presque 9 ans ·
      Mai2017 223

      fionavanessa

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