Papa m'entends-tu ?

Maux Délaissés.

Papa, il est quatre heures, tu dois probablement dormir ou à nouveau cauchemarder, tu dois être sous ta couette, à tenter de combattre tes démons, en vain.

Papa, tu sais ça ne va pas, ça ne va plus, depuis que je t'ai vu, tes démons sont devenus miens, et je suis au bord de cette fenêtre, cigarette à la main, mes poumons meurent, s'étouffent, je souffre, j'ai mal et je pleure. Maman dort, le chat blotti dans ses bras et le chien dans son panier, rêvant à une autre vie sans doutes.

Papa, je suis au bord de cette fenêtre, me rapprochant de plus en plus du vide, la tête pleine et le cœur vide, les tripes qui me tiraillent et les bras gelés, triturés, torturés, le visage cerné, plein de larmes et j'ai honte, alors je pleure encore plus fort, histoire de dissimuler la honte et la haine, sous un masque d'eau, de désespoir et de perte.

Je pense très fort à toi tout en priant les cieux de t'oublier le plus vite possible, alors mon estomac se noue, je me trouve odieuse de penser à t'oublier, mais j'aimerais en faire autant que toi.

Papa, je t'attends, mais m'entends-tu ?


Papa, il est maintenant cinq heures, tu dois désormais dormir paisiblement, les larmes ont coulé jusque sur mes jambes, les coupures de rage se sont étalées jusqu'à mes genoux et la mine de mon stylo a cassé, j'écris comme je le peux, avec un peu de force, de colère et d'espoir, c'est tout ce qu'il me reste.


Papa, je ne t'attends plus, je sais que tu ne m'as jamais entendu.

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