Paradis perdu

jennitiger

Une pensée pour mon enfance.

Je n'oublierai jamais la première maison dans laquelle j'ai vécu : celle de mes parents ; ou plutôt, celle de mon enfance. Une odeur, un son ou une simple phrase me renvoient de temps en temps à cette époque passée teintée de joie et de bonheur. L'époque de l'innocence.

Je me souviendrai toujours du vieux parquet grinçant sous mes pieds et de la haine que m'inspiraient ces crissements sinistres et dérangeants. La sensation de mes chaussons sur le sol glissant ; la douceur de la fausse peau d'ours disposée sur le sol ; la vieille télévision aux couleurs fades et ternies dont, myope, je n'arrivais pas à distinguer les contours ; la plante qui semblait avoir toujours été là, à nous guetter, moi et mon frère, lorsque nous réalisions des cascades sur le canapé ; les rayons du soleil filtrant à travers le volet cassé, réchauffant ma peau blanche et endolorie par les gentilles bagarres fraternelles… tous ses souvenirs embrassent mon cœur avec la véritable tendresse d'une mère.

Le plus beau des logements est le premier qu'on n'a jamais eu. Une grande maison dans une petite ville du sud de la France, bordant une allée calme et entourée d'un immense jardin. Ma mémoire se souvient encore des innombrables heures passées à tondre, sous les assauts continuels du soleil, la jaune pelouse d'été.

Dans la maison, deux étages. Enfin, un sous-sol et un seul palier réellement habité. Je me souviens encore du garage où régnait une froideur exquise en été mais insupportable en hiver, où la faible lumière de l'ampoule ne parvenait pas à éclairer les recoins les plus sombres de la grande pièce. Combien de fois mon jumeau ne m'a-t-il pas surprise, caché dans l'obscurité ! Et combien de fois en avons-nous ri, de cette peur subite peinte sur mon visage d'enfant !

En haut, une cuisine au style américain dont on ne se servait jamais. Un salon où recevoir les invités. Une terrasse confortable aussi bien pour nous que pour le chat des voisins. Et, enfin, quatre chambres destinées aux cinq parties de ma vie. Papa, maman, mon frère et ma sœur.

Une grande maison blanche au toit rouge qui faisait mon bonheur. Un endroit quelconque pour vous, un paradis pour moi.

Le logement parfait ? Ma maison d'enfance.

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