Paris

Totem De La Nuit Belle

Paris – à 3 contre 1.

Impair et passe, impasse et perd.

 

Ma rage me survolte. Je commence à vriller – et respire avec peine, en murmurant des "encore" et des "déjà". Marre de mal respirer, c'est l'apanage de mon stress, mère de ma précipitation. J'imagine un truc ovidien. Que par la force des choses, si la Nature en détenait les droits, un rubik's cube schizoïde se métamorphoserait en caméléon pour survivre. La farce d'un dieu narquois sur un être malingre. La farce d'un dieu salaud sur moi, m'obligeant à endosser mes capes d'imposture. N'oublie pas de sourire mon grand. C'est ce qu'il y aurait écrit en nota bene. Les dernières nuits avaient été éprouvantes, tendance épouvante. J'avais besoin d'un fouet à 16°, disons du rosso. "Du rosso, glaçons, oui, merci".

 

Le patron du bar cause des Césars, remis la veille et de la razzia de Audiard pour un Prophète. Au vu des dernières semaines, "narratives"-comme j'aime si souvent le bisser, je me dis en souriant "perso, j'ai rien vu venir". J'avais vu le film quelques temps avant. Une scène m'avait littéralement scotché au siège, qui se joue dans le Sud à la maison de pêche du Château de Brégançon. QG de nos vacances chez l'ami Tanguy, de nos cuites de bord de plage et des parties de frisbee dans l'eau où l'on aime se faire accabler par le soleil jusqu'à s'en brûler les yeux gorgés de sel. Le film parle de stups et de taule, mon souvenir est hors sujet. Un interminable dimanche soir, noyé dans l'ichor de vigne, s'achève autour d'une pizza dans un rade de Montmartre où la musique s'apparente à du jazz de soft porn. C'est ce que j'ai dit au serveur, j'ai pas payé plus cher. Il m'a quand même gratifié d'un rictus narquois qui méritait une baffe. J'en méritais une aussi, balle au centre.

 

Je rêve de mon hôtel à Marbella (parce que ça sonne bien, parce que j'imagine BB le prononcer à la façon de Almeria) ou d'une croisière d'un an escorté par des dauphins à la cool. Pour écrire. Une vie sans attaches, sur un cargo sans amarres. Avoir le loisir de s'ennuyer. L'oisiveté comme prétexte à la création. Exploser toute l'énergie du cortex, non plus dans un micro mais sur du blanc de papier. Sortir les araignées, promener les belles de blattes et crier en silence. Sur le cargo, le hanter de mes mots. Domestiquer un dauphin à la cool, lui donner un prénom italien. Le soleil hurlera ses rayons. Je remettrai du labello en pensant que j'ai les mêmes lèvres sculpturales qu'Alexandre le Grand. Je le ferai ostensiblement. Devant les vieilles dames en goguette, pour piquer leur reste de libido. Minute ma-tu-vu écoulée, je me plongerai d'un bond dans l'écriture, faisant abstraction des mères et des océans. Je réduirai mon univers à la distance qui sépare mes yeux de la feuille de papier. Je sors du songe, il est l'heure donc je suis à la bourre. Partance pour l'aéroport, partance pour Munich, j'ai rencard.

  • Votre écriture est époustouflante.. j'adhère à vos mots... je m'y colle... merciii.. Un grand coup de coeur pour moi aussi!

    · Il y a presque 14 ans ·
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    thelma

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