Paroles désacrées

Charles Deinausard

En me perdant, quelques rîmes faciles qui se croisent, quelques répétitions.

Aux terres désacrées de deux corps qui se scindent
Devant les cieux morts brûlants des feux de jungle
L'orgasme en flammes, de ceux que peuvent atteindre
Là, bougeant à la sueur, deux sexes qui se tringlent
Et que dans leur fureur ils oublient à l'envie
Les blessures, les injures, mais surtout leur ennui
Le sursaut animal qui vient prouver leur vie
Porte en son sein l'orgueil qui leur nuit
Faut-il s'imaginer de les faire poussière
Pour taire la houle qui agite la mer
De tous ces juges imbéciles qui, ici, errent
En promenant comme l'écume leur regard amer.

J'ai longtemps fui les tombes fendues
Avant que de comprendre le sublime des bannis
Seules âmes de ces vies à lui rendre son dû
Seuls corps assumés ayant pour seule manie
De presser leurs bras autour d'un autre cou
D'embrasser un ventre, une jambe, en allant jusqu'au bout
Et ne faisant plus qu'un à la fin des à-coups
Ils transforment en or ce qui faisait leur boue.

J'ai longtemps fui les tombes perdues
Celles où les noms et leurs maîtres ont disparues
Mais où une main décharnée est une main tendue,
Un frère jusqu'à l'os, un amour jusqu'au surplus
Maintenant je fuis les tombes trop fleuries
Et leurs stèles fanées, et leurs faïences indues
Les mots de ceux qui derrière les pleurs rient
De qui les sentiments sont des produits vendus
Je fuis comme la peste leurs parcelles défendues
Et préfère désormais les tombes sauvages comme la pierre
Elles se mêlent à la nature dans ce qu'elles ont rendu
Le cœur sous la mousse, le corps juste en bière.

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