Paroles d'une carcasse putride à son être

Antistrophé

Je pense que le titre résume bien assez l'esprit du texte, je pourrais toutefois y ajouter: "ma condition" sans y apporter bien plus de précision.


Paroles d'une carcasse putride à son être 



Avoir foi en l'existence quand l'être que je suis est la cause même de ma souffrance ?

Stupidité cachée derrière ce vocabulaire et ce maniement de la syntaxe que certains disent parfais ?!

BORDEL!

Ne comprenez vous pas ?! Ne comprenez vous pas ?!

Non pardon. Dégagez.

Laissez moi seul, seule condition de mon existence. Entouré d'individus rebutés par la camisole que je porte.

Humain et fuyant l'égoïsme.

Souhaitant le seul anéantissement de la nature même, non, de l'essence de mon esprit, de ma conscience qui nuits et jours cri, hurle, hurle à la mort qui me déchire et dont j'ai si peur! Mort que je souhaite me donner mais ... Protégé par ma phobie... Pathétique.

Regardez.

Je suis phobique de l'existence même.

L'existence ne peut avoir de conception dans le temps, sans le vieillissement.

Ma carcasse dégueulasse qu'une conscience a voulue habiter, de quoi a t elle peur de façon incontrôlable ?!

Du temps et du vieillissement.

Regardez regardez regardez.

Bordel regardez! Ouvrez les yeux sur ma pourriture, ma putréfaction qui me sert de vêtement!

Hurler hurler. Je ne peux.

Hurler dans ma tête.

Je la sens, elle se gonfle, elle se gonfle, elle craque, elle cède, elle explose.

Le sang bouillonne. Il cogne contre les parois qui retiennent ma conscience.

Et mon inconscient lui aussi crache. Il arrache de son sourire maladif la peste de ma pensée.

Ma pensée est mort.

Je suis mort. Je suis ma peur.

J'ai peur de moi.

Détestez moi !

Détestez moi !!!

Allez y!

Je coupe je tranche je massacre mais rien n'y fait !


Peut on considérer ma folie comme la seule salvation à laquelle je puisse accéder ? Peut on appeler ça folie ? N'est-ce pas une détresse mentale ? Une déficience ? Ou bien, juste une gangrène psychique qui détruit brûle et pourrie ?

Je pourri. Je sens ma peau se dissoudre, devenir boue sur mes os. Devenir insignifiante. Devenir ce que j'ai toujours été, le tapis.

Le tapis sur lequel je m'essuie. Celui sur lequel la crasse s'entasse et qu'un jour l'on frappe pour en enlever la partie visible. Celui qui conserve l'infection. Celui qui aura les plaies ouvertes plus encore à chaque pas. Celui que l'on oublie et laisse traîner dans le grenier une fois sa date de péremption atteinte. Celui qui reste. Celui qui pourri. Celui qui dévore. Celui rejoint par d'autres. Ceux qui anéantissent.


Je rigole. Je ris. J'aime rire. Je souffre. L'habitude me force-t-elle à trouver du plaisir dans cette macabre existence parsemée de granits s'ouvrant à notre passage, évités seulement par ce rattachement de pourriture à cette promesse de bonheur menteuse, la vie.


Pensez-vous possible d'arracher sa propre peau ? De l'arracher, là, de grandes longueur, avec ces dents, protubérances de l'os, seul souvenir restant au terme. Arracher, arracher, arracher. Bonheur et souffrance liées. Non pas par opposition mais par complétion.


La voie du bonheur réside dans l'inexistence de mon être. La disparition pure et simple de ce parasite. Ce parasite qui ne vit même pas. Il meurt. Il meurt. Chaque jour, chaque heure, il meurt. Chaque minute devient enterrement, chaque seconde souffle disparu.


La naïveté me commande de sauver ma carcasse putride à chaque instant. Je tourne les yeux dans leurs orbites inorganiques, sèches et creuses.

De ce reflet de l'âme il n'y a que grise poussière et noire absence. Ce vide, le vide que je compose. Je compose et chante un requiem cassant de cette voix immatérielle que l'on m'a offerte. Inutile. Pourquoi chanter un requiem quand l'on veut se détruire ?


Râcle… Râcle… Râcle… !


La force éparse de ma pensée et de mon corps tombe dans cette eau marécageuse. Je sombre, je sombre, je sombre, c'est comme à l'intérieur de moi. Une attirance pestilentielle pour la vase.


Incapable d'exprimer ma pensée sans en dire le contraire dans la seconde, le mot qui suit. J'ai cette condition de paradoxal qui me gangrène.

Détestant l'égoïsme mais pourtant obligé d'utiliser les mots que je hais le plus : « je », « moi », « mien », « mon », « j'ai », …

Je, je, je, encore je, toujours je.

Ce mot dégueulasse.


Des peines auxquelles je connais les causes mais dont je ne fais rien pour les effacer, je les laisse s'entasser là, devant moi, sous mes yeux, cachant la lumière du soleil et ne donnant qu'un amas d'ordures puantes que personne n'ose plus jeter.


La frénésie de ma pensée ne paraît pas vouloir mettre terme à son insanité déstructurée. Jamais. Jamais elle n'y met point final. Jamais. Toujours ruminant cette sifflante corruption infectieuse au creux de mon oreille noire de paroles malsaines.


L'hérésie de mes espoirs exaspère l'ossature accueillant la conscience de cet être vain et sans but, affamé de besoin basique, primaire et vitaux dont-elle souhaiterait se passer et rester terrée dans son trous à rat, seule, sans contact, à pourrir, se putréfier et disparaître dans le silence maussade et mort.


C'est à cause de toi que je souffre, être détestable que je suis.

Entend mon appel d'outre tombe qui tente de trouver désaliénation à cette souffrance sans nom.

Je suis toujours là, marchant dans le désert noir de la vie.

D'une pointe dans mes poumons, j'hurle, perdant le souffle, seule chose qui ne fusse pas détraquée dans l'engrenage rouillé de ce corps hideux et exécrable, celui qui accueille cette immonde pourriture que constitue ma conscience.


Humain se détestant.

Hurlant pour la mort de son corps, crevant pour la survie de son esprit.

La peur. La peur. L'angoisse. Seules choses médiocres et cependant immondes retenant cette imperfection détestable dans cet univers difforme et abjecte.


Existence faite de société solitaire. D'une cohésion débonnaire renaît le fier dédain d'un vouloir cristallin d'égalité fraternelle et cruelle. De vertueuses volontés de vivre dans la communauté d'esprits renfermés sur l'intériorité de la pensée.


En somme une existence incohérente en tout point, en destruction perpétuelle, en peur constante de s'annihiler, luttant pour l'éradication d'une nécessité à sa vitalité, hurlant à la vaste connerie des pleurs et supplications incompréhensibles à elle-même.

Une pourriture, une noire éphéméride, un échec.  

  • En revanche l'odeur que dégage ces mots est douleureuse, courage et ne te détruit pas comme ceci

    · Il y a presque 9 ans ·
    Kyonaga300

    kyonaga

  • Voilà que tu respecte le style bukowskien et les conseils que je t'ai donné on dirait

    · Il y a presque 9 ans ·
    Kyonaga300

    kyonaga

    • Je sais pas... ça fait des semaines que ce texte s'écrit et je n'ai jamais retouché ce que j'écrivais donc je sais pas...

      · Il y a presque 9 ans ·
      Souffrance

      Antistrophé

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