Partie 4

Malaga !

A peine avais-je abaissé les rideaux pour chasser les odeurs nauséabondes de loufes à répétition de mon noble chevalier occupé à chanter « En revenant de Nantes...la Digue, la Digue ! » qu'une martienne se tenait devant moi, belle comme une grande bringue athlétique ibérique, au point que ce devait être en fait une grande bringue athlétique ibérique ! Elle portait une robe flamenco bicolore. Sexy pour deux, aussi élancée et vallonnée que la piste de Garmisch-Partenkirchen, elle me héla alors du bord  du chemin :

-        « Olé hombré ! Yé mé rends à Yaoundé et si vous consentiez à m'avancer quelqué peu dans la directionne dé la capitale Camerounaise, yé vous en saurais mille grâces ! » (1)

Des fourmillements me parcoururent alors les castagnettes velues, qui trépignèrent pire que sur le « dance floor »  d'une boîte de nuit andalouse... Puis elle cessa un instant de parler, et sexe clama :

-       Doux Rézous, Ma c'est Emil' Lionné ! Lé grandé Emil' Lionné !!!!!! Emil' Lionné au feu sacré ! Lé moiné qui trimballé sous sa robé la plou belle birouté dé Ouropa  ! Quelle yoie qué dé vous rétrouver, très cher moiné !!!!!

La bouffeuse de paëlla (pour ne pas dire d'autre chose !) a la bonne idée de retirer ses besicles en fer forgé stylé ainsi que son bandana à petits poids enserrant ses longs cheveux bouclés noir de jais, et qui reconnais-je sous cette chevelure de lionne tombant en cascade ? J'en reste tout figé, mes deux pinceaux rivetés sur la planche, comme sur les semelles de ciment d'une chiotte à la Turque ! Je te le donne pas en mille, c'est cadeau :

Mercedes Jouidupo dé Lintrodouctionne, en personne !!! La Vénus du cul ! La dingue du fiacre, la Reine du fondement ! La grande Classe !

-       Mercedes, quel bonheur que de  vous revoir ! Mon Dieu, cela faisait si longtemps...

Liesse ! Cris ! Accolades ! Pelotage express ! Je peste en même temps contre mes sandales pleines de merde, biscotte les trottoirs de Malaga sont plus chocolatés que  les pâtisseries de Gaston Lenôtre ! J'en balance des louises d'énervement... en bref, j'en chie.

-       Aye aye aye mone Emil' Lionné ! Yé tellement rêvé dé toi, l'empafé dé prémière ! Oun phénomèné commé toi c'est phénoménal, moi yé dis ! Montré-moi oun peu tone Paf, yé l'ai perdu dé vue depuis lé temps qu'on s'est perdus dé vue ! Oh, la vacca ! Lé bestiau qu'est assoupi la-déssous ! Ah ! la la ! Cette tête dé nœud ! On dirait une gross' tomaté ! Il doit conjectionner d'être coincé sous cette corde, faudrait loui rédonner oun peu d'aisance, non ?

Puis, soupesant mes bourses (2) de ses doigts experts... elle se baisse, croupe tendue, afin de l'examiner de plus près :

-       Ça c'est oun bien bel moulin à poivre, n'est-ce pas ? c'est presque quelqu'un, dis-moi !!!!!!!!! Qu'on dirait oun sac dé sport assoupi avec sa fermeture éclair en guise dé veine bleue !!!

Son émerveillement était tel, que je regrette qu'on est pas pris sa frite en photo. Le moment ou elle rit large comme une publicité de Coca-Cola, se tenant  la joue appuyée contre mon obusier reniflant l'urine, aurait pu constituer un document intéressant. De même qu'un cliché montrant ses deux mains empoignant mon champignon géant, aurait été le bienvenu dans le Livre Guinness des Records, non ? 

Et pendant qu'elle s'affaire, je matte...Charogne, ce châssis délicat, ce visage de fée Morgane, ce regard ténébreux, comme le rectum d'Amin Dada ! Mon gars, une jument comme cela, tu la montes à cru, sans préambule. Une peau ambrée, des loloches  de statue Castillane, un fessier beau comme un violoncelle, j'en bandouille comme un arc, moi ! Une poularde de cet acabit (dont les glandes mammaires sont plus agitées que les valseuses poilues d'un manœuvre de pic pneumatique) c'est fait pour déguster du jus de trique, je te le dis copain ! Et cette voix mes aïeux ! Quelle voix ! Tiens, quand elle chante on croirait Alexis Jordan en duo avec Sean Paul dans « Got 2 Luv U » ! Et dans l'action d'une partouze, ses performances vocales vont jusqu'à offrir des mélopées incantatoires, tantôt éthérées tantôt tribales de chants sacrés, mystiques, ou transes hypnotiques... C'est dire ! Ah ! ce que j'aimerais me laisser boire au goulot par cette fille fabuleuse. J'entre en transe : Parkinson, danse de Saint-Guy, convulsion en tout genre. La crise comme à chaque fois...

J'ai beau essayer de me réfréner en me racontant des trucs tristes : la famine dans le tiers-monde, mes impôts, l'arrestation de Louis XVI à Varenne, ta photo de beauf... tout ça... rien n'y fait. Je la veux ! Elle représente mon dû. J'en ai la jouissance, et ne tiens pas à la partager. Faut que je dégorge à mort, tonton, que je me vide complètement !

(à suivre)

(1) en français dans le texte...va le traduire en espingouin toi ! Espère !

(2) Et ouais, rien ne peut arriver à la cheville d'Emile Lion d'Aquitaine mis à part son sexe. On dit même que si pour certains hommes le testicule gauche est plus large que le testicule droit, chez Emile Lion, chaque testicule est plus large que l'autre.