Partir loin d'ici...

J'ai l'impression quelques fois, que je n'ai plus rien à faire ici. Il n'y a plus rien ici pour moi. Je ne peux plus rien tirer de bon de ma situation actuelle. Entre mensonges et trahisons, certains soirs je ne me sens plus à ma place. Je sens que, peu à peu, je perds ce que j'avais tandis que je n'ai plus rien à gagner. Je devrais partir. Tout simplement comme je suis arrivée. J'ai déjà trop perdu, je veux que ça cesse maintenant. Si je pouvais revenir en arrière, je ne changerai rien. Moi je n'ai rien fait de mal. Je voulais juste rester moi, celle que je suis, même si je ne me définis pas encore très bien. J'ai toujours refusé de rentrer dans le moule. Mais jamais avant aujourd'hui, je n'avais autant failli le regretter. Failli parce que le peu de raison qu'il me reste m'aide à abolir catégoriquement cette idée. Je pensais qu'en étant une personne complète, avec mes idéaux, mes défauts... je pouvais être acceptée dans un endroit comme celui-ci. Je me trompais vraiment. Ici tous ne sont que des copies les uns des autres, des copies de traîtres, de cachottiers et de menteurs.

Plus entourée que jamais, je ne me suis jamais sentie aussi seule.

Alors je dois partir. Juste m'en aller. Ils seront tous soulagés de me voir partie. Leur vie ne changera pas beaucoup, ils trouveront un nouveau bouc émissaire et leur vie reprendra son cours. Je ne m'en vais pas très loin, je veux juste un endroit où je me sentirais normale. J'en peux plus d'être une bête de foire. Un endroit où tout le monde s'accepterait tel qu'il est, personne ne jugerai son voisin et tous seraient différents et tellement uniques. Je ne suis pas sûre qu'un tel endroit existe mais je garde espoir. Je ne demande pas une utopie, je ne demande pas un monde où tout le monde s'empresse d'aider son prochain et où la misère ne serait qu'un lointain souvenir. Non je sais que la nature humaine rend impossible le monde parfait. Ce qui serait un bon début serait que toute bonne femme au foyer arrête d'être une vipère, que son mari arrête de la tromper et que leur fille adolescente arrête d'être une peste. Mais bon c'est peut être déjà trop pour le commun des mortels.

Toutes les personnes qui vivent en dehors de ce moule se sont vus rejetés au moins une fois dans leur vie. Et pourtant elles continuent de vivre telles qu'elles sont. Elles n'ont pas besoin d'un modèle à imiter. Mais moi, je ne suis pas dans le moule et pourtant je ne suis pas assez forte pour continuer comme ça en étant rejetée. C'est pour cela que je m'en vais. Je m'en vais sans aucun regret. J'ai vu le pire, la suite ne peut être que meilleure. Pourtant, quelque chose va me manquer. Il n'y a pas que du mauvais ici. Il y a aussi des gens qui sont entrés dans les normes parce qu'ils ne savaient pas comment faire sans elles. Dans ces gens j'ai vu l'espoir de pouvoir redevenir eux-mêmes. J'ai peur qu'en partant, en les quittant, je détruise leur espoir de jeter le moule par la fenêtre.

Et puis, il y a « cette personne ». Cette personne n'est pas comme les autres. Cette personne m'a fait sentir normale et différente. Tout dans le bon sens. Cette personne ne m'a ni jugée, ni critiquée. Cette personne, au contraire, m'a soutenue dans l'ombre. Je suis sûre que cette personne est comme moi. C'est juste qu'elle fait semblant d'être comme les autres. Je ne lui en veux pas. J'ai été tentée de faire la même chose. Le fait est que pour cette personne je pourrais faire n'importe quoi, vraiment. Pour cette personne, je pourrais rester et encore subir tout ce que j'ai déjà subi. Seulement pour le réconfort qu'elle m'apporte. Non, définitivement, cette personne n'est pas comme les autres. Cette personne est spéciale.

Je ne sais pas si je trouverai un jour quelqu'un d'aussi spécial. Mais cette personne ne l'a pas demandé de rester. Je l'aurai fait, elle le sait. Au contraire, elle m'a dit que si je pensais que c'était mieux, je devais partir et la laisser. J'ai quand même douté. Mais je pars. Je ne préviens personne. Je n'ai personne à prévenir. Je suis seule ici. Enfin presque.

Je pars, je suis de nouveau seule. Pourtant je me sens moins seule. Dans l'endroit que je quitte j'ai un allié. Je peux aller voir ailleurs.

J'ai plié bagage et je suis partie dans la nuit. Je n'ai pas besoin de faire remarquer mon départ. Peut être que personne ne le verra. Je m'en fiche. Je pars c'est tout. Je ne sais pas où je vais encore mais je vais essayer tous les lieux possibles et imaginables. Je vais aller partout.

Je ne m'arrêterai que lorsque j'aurai une raison de rester. Je ne resterai que lorsque quelqu'un me donnera une raison de ne pas partir. Si tu me demandes de rester, jamais je ne te quitterai.