Pas plus con que la moyenne...
Jean Claude Blanc
Pas plus con que la moyenne
« Médiocre, passable, peut mieux faire »
Toute ma jeunesse, vaches commentaires
« Touriste, flemmard, buse légendaire »
Bilan de mes années scolaires
Pourtant heureux m'en satisfaire
Au fonde la classe, des primaires
Acquis lentement tant de mystères
De vocabulaire et grammaire
Car pas plus con que la moyenne
A comparer à La Fontaine
Si j'affabule, qu'à cela ne tienne
Pour pondre des vers, m'en donne la peine
Rêveur, abstrait, la tête en l'air
Elève au cours complémentaire
A regarder à la fenêtre
Tomber les feuilles avant l'hiver
Dans le genre poète, devenu maitre
Mais sans fleuron à boutonnière
Pas poursuivi de longues études
Pourtant le sens des belles lettres
Me consacrant par habitude
A ce que m'inspire la solitude
Sur mes bruyères en altitude
Là-haut où règne la plénitude
Succès au bac, sans aucune gloire
Toujours dernier, pour mes devoirs
Doté par contre, solide mémoire
Particulièrement en Histoire
Afin ne pas les décevoir
Mes 2 parents, fiers de mon savoir
Ma vie durant, pareil au même
Traine mes galoches sur mes problèmes
Sitôt levé déjà la flemme
Car tout me tape sur le système
Gavé d'infos mes matins blêmes
Ne risque pas faire des jaloux
Comme touche à tout, à rien du tout
Je tourne en rond tel un vieux fou
Encore la chance palper mes sous
Car drôle d'artiste, ça vaut le coup
D'ailleurs mon principal atout
Ne pas hurler avec les loups
A la retraite des grabataires
(Pour ne pas dire fonctionnaires)
Je viens rejoindre mes compères
Pour évoquer, souvenirs de guerre
Aux PTT, canons de bière
A la cantine pour pas cher
Ainsi se rallument mes lumières
Car j'ai l'art et la manière
Pour me distinguer, de blagues légères
Né dilettante selon mes profs
Car lunatique, m'apostrophent
De contradiction, l'honneur est sauf
Atteint le rang des philosophes
Réchappé des ignares beaufs
Je reste planter sur mes avis
Me considérant génial esprit
Que l'on ignore, incompris
Ramener ma fraise, interdit
De dévoiler ce parti pris
Celui des sages et forts instruits
Etant issu de ce pays
De péquenot pas dégourdi
M'en suis sorti, payé le prix
Pas d'une crèche comme le Messie
Qu'importe le lieu, si Jésus crie…
Prévu d'avance, le regrette
Que mon village fasse plus la fête
N'en retenir qu'us et coutumes
Bonnes ou mauvaises mes fortunes
Je les conserve dans mes brumes
Prendre ma plume toute encre bue…
Décrire ma vie, le soir venu
Pour enchanter les crânes velus
De mes ancêtres disparus
Qu'une bouteille à la mer
A l'attention de l'humaine Terre
Qui se désagrège en poussières
De visionnaires, y'en a plus guère
Rituel sacré en mon royaume
Attelé comme un métronome
A mon crayon et à ma gomme
Pour vous servir, ce triste pensum
Facile, estiment les crâneurs
Qui de jugeote, de conscience
De facultés, j'en ai bien peur
En manquent pas mal d''intelligence
Tandis que la France perd connaissance
Pas résigné, même profane
Pour faire marrer mes camarades
Et se pâmer les belles dames
Ne me plains pas en ma bourgade
Sûr d'être premier au hit-parade
Pas de la cordée, de l'autre qui rame
Bien qu'amateur, ferme pas ma gueule
N'étant pas de ces mollusques bégueules
Compte mes réussites sur le bout de mes doigts
Car j'ai fait le meilleur choix
Me les rouler, n'ayant que foi
En ma personne, d'homme des bois
Arrive enfin le résultat
Théâtre d'ombres, tiré le rideau
Car ne serai jamais le roi
Sorte Roland de Roncevaux
Mais pas trompette de Jéricho
Deux contre exemples, d'autrefois
L'un gros nigaud, de Charlemagne
Abandonné en rase campagne
L'autre joueur de pipeau
Pour écrouler tous nos hameaux
Notre Président qui a la hargne
Nous réitère cet ordre nouveau
S'accaparer tout ce qu'on gagne
Mais pour ma part, pas de soucis
Note « assez bien », ça me suffit
Ça signifie que je peux peu
Mais satisfait faire de mon mieux
En parodiant ces laborieux
Molière, Racine, Voltaire, Corneille
Rousseau, Bossuet, mais pas Manuel
Me souviens chagrin de mes heures de colle
Le bonnet d'âne, puni au coin
Les vois encore laïques écoles
Où y'avait pas de ces vauriens
Pour insulter l'institutrice
Dieu m'a sauvé de ces sévices
Ces peignes cul ont la police…
Mais remboursent pas les préjudices
Serai toujours naïf bambin
A pleurnicher près de ma mère
Tétant mon pouce sur ses doux seins
Pour apaiser mes petites colères
Séchait les larmes de mes paupières
Pas étonnant, je cache ma joie
Je pense, je suis de ces gens là
Compatriotes, bêtes comme des oies
A se balancer des boules de neige
Même pas froid en ce manège
Gratis le tour, malgré le frimas
Médiocre, passable, jusqu'à ma mort
Pourtant pas mécontent de mon sort
Qu'une qualité pour tant de faiblesse
De sentiments et de caresses
Prochaine fois ferai des prouesses
Vous talquerai aussi les fesses
Pourvu qu'un jour je renaisse
Comme par miracle de mes détresses
Car ma peau vaut bien une messe
Mes maudits textes, je les confesse
Car il y va de mon ivresse
A exaucer quand le monde régresse
Mon “peace and love”, qu'un SOS
A l'attention de ceux qui paressent
En ont le droit et la sagesse
Ceux qui sont pas des brutes épaisses
Tellement tentés par la mollesse
Pour terminer bouillant de culture
Faut que je vous conte mésaventures
N'étant pas doué, pour la lecture
Nul en calcul, paie ma facture
N'envisageant pas riche futur
65 berges en bonne santé
J'ai cotisé 40 années
Comme ronde cuir (métier de fainéant)
Hué par la foule des maltraités
Eux qui aussi voudraient goûter
A une pension, le mors aux dents
A leur répondre, me suis fait chier
Pour bosser à la Capitale
Ayant seulement cent balles en poche
Me critiquer, trouve ça moche
Mais ne faut pas que je m'emballe
Car ça arrange, l'hôte du Palais
Si l'anarchie gagne les cités
Bagnoles cramées, vitrines cassées
Bonne occasion pour imposer
Le couvre-feu, aux émigrés
Et abusant de la CSG
Aux cacochymes, près de clamser
Mon opinion sur l'Elysée
Pas très ardue à deviner
« Que vaste bordel organisé
A préférer, mon bled paumé
Où le bonheur est dans le pré » JC Blanc octobre 2018
superbe et généreuse oraison méditative. J'adore
· Il y a environ 6 ans ·li-belle-lule