Paul, Colette, Andrée & Michel
calire
Synopsis
Colette était mariée à Paul depuis de nombreuses années. Sa vie tournait uniquement autour de Paul. Depuis son décès, elle s'ennuie et décide de retrouver un second Paul. Cette quête ne sera pas vaine. Après une reprise en main physique, elle surprendra ses amis et notamment Andrée. Sur son chemin, elle trouvera Michel. Bénévole au sein d'une association d'entre aides, celui-ci va l'aider à s'ouvrir aux autres, à faire évoluer son approche du monde et des autres malgré la mauvaise volonté de Colette. Cette transformation la rapproche de plus en plus d'Andrée. L'histoire de Colette et Michel n'est que le début de l'histoire de Colette et d'Andrée.
Chapitre 1
Contrer l'ennui
Quel ennui. Dès le réveil, être obnubilé par ce sentiment... Comment vais-je occuper cette journée ? Que vais-je pouvoir faire ? Mais surtout qu'ai-je envie de faire ? Cours de tricot ? Non, définitivement non. Je n'ai jamais su ni aimer le tricot et autres activités aussi passionnantes. Pourtant, il est bien nécessaire de trouver une occupation. C'était bien simple avec Paul, tout mon temps, toute mon énergie lui étaient consacrés mais maintenant...Maintenant, je m'ennuie.
Entre ces état d'âmes, ces exigences quotidiennes et ces multiples occupations et préoccupations, je n'avais guère de temps alors que maintenant j'ai ce temps mais que faire ? Toujours cette même question sans réponse qui revient inlassablement. Me consacrer aux autres, aux générations futures, non, définitivement non également. Comment trouver une satisfaction à partager, à transmettre à des jeunes qui ne prennent aucun plaisir à ma présence ? Et surtout, j'ai nullement envie de me consacrer aux autres. Je n'ai jamais eu la vocation de m'engager dans une cause humanitaire. Peut-être cela serait salutaire à mon ennui, à mon bien-être. Regarder, intervenir dans le malheur des autres afin de me rassurer sur mon bonheur supposé en engendrant un sentiment de culpabilité, je ne m'y résout pas. C'est tout autant égoïste que la pensée qui me traverse l'esprit : Peut-être serait-il temps de trouver un second Paul ? Quelle idée ? Et pourquoi pas ? Je m'ennuie seule, Paul n'est plus, qu'est ce qu'il m'en empêche ? Rien.
Alors, j'explore cette idée. Pourquoi ne la concrétiserait-je pas. Cette fois, je ne tiens pas à l'effacer comme à chaque fois que qu'elle surgit. Est-ce de la peur qui m'agite ? Oui, surement mais peur de quoi ? De ne plus plaire, de n'avoir rien à apporter de plus qu'une présence chaleureuse ? Il y a des craintes qui ne changent pas tant à vingt ans qu'à soixante-dix ans. Mais est-ce seulement cette raison … ? J'y vois plus d'intérêt personnel qu'un cours de tricot ou qu'un volontariat associatif en déplaise aux humanitaires.
Ainsi, ma première difficulté serait de devenir une septuagénaire séduisante. La deuxième étape sera de le trouver pour ensuite le charmer. D'un conditionnel présent j'en arrive à un futur simple, l'idée me paraît donc adoptée.
Ainsi, comment me métamorphoser ? d'une vieille peau devenir une charmante personne qui attire les regards. Quelques souvenirs d'émissions télé de relooking se rappellent à moi : changement de coiffure, de tenue vestimentaire, cours de maquillage... Commençons par le plus simple et bien classique rendez-vous dans un institut de beauté. Le rendez-vous est pris pour le lendemain. L'impatience me gagne, une journée à patienter. Je ne dois pas me laisser submerger par l'ennui à nouveau. J'aurais préféré faire les boutiques après ce rendez-vous mais cela me paraît un bon remède pour cette journée sans but. Seule ou ferais-je appel à une compagnie ? Va-t-on comprendre ma démarche sans sourire narquois, sans ironie ? Je ne sais pas. Dans le doute, je préfère les faire seule.
Un sentiment de jubilation m'envahit : agir pour contrer l'ennui. Enthousiasmée, je redécouvre avec un malin plaisir les dures épreuves des boutiques : la cabine d'essayage, les conseils non avisés des vendeuses et cette recherche perpétuelle de l'habit qui nous rendra belle. Bien qu'aux cours de ces dernières années, j'ai appris à regarder avec compassion mon corps vieillir, se flétrir. Le miroir n'a pas cette même indulgence à mon égard. Mon envie de métamorphose malheureusement n'est pas un bon guide. De l'imprimé haut en couleurs à la robe bien trop moulante, je tâtonne. Enfin une petite robe noire si classique et pourtant si élégante me paraît convenir. La longueur met à l'abri des regards ces vilains genoux cagneux et souligne joliment mon décolleté mais malheureusement ne cache en rien ma taille quelque peu épaisse. Vais-je choisir la beauté au confort ? Je le craint. Avec empressement, j'entre dans une boutique de lingerie à l'affût du corset qui affinera ma taille et dissimulera mes rondeurs disgracieuses. Après tant d'années à avoir adopter des vêtements sans contraintes, me voilà asservie aux lois du paraître. Passant outre ce dilemme intellectuel du être et du paraître, je me dirige vers mon chausseur avec l'idée de m'offrir non plus ces chaussures confortables faites pour pieds sensibles mais bien celles qui galberont la jambe.
Ravie, excitée, de retour chez moi, je déballe avec frénésie mes paquets devant le regard amusé d'un Paul en photo. Paul n'appréciait guère ces élans joyeux de femmes qui lui paraissaient si futiles mais Paul n'est plus. La tentation me guette d'essayer dès à présent ses nouveaux atours. Demain, demain … Je suis lasse.
Ce réveil me paraît bien inhabituel. Ce n'est pas l'ennui du lendemain qui a tourmenté mon sommeil mais la pensée de Paul. Paul est bien plus présent que je ne l'aurait pensé et souhaité. Son regard réprobateur me suit, imaginant son jugement sans concession d'être trop frivole. Est-ce seulement cela ou ne suis-je pas plutôt troublée à l'idée de le remplacer … Bien que sans l'entrain de la veille, je me prépare à me rendre à mon rendez-vous. Ces réflexions me poursuivent et d'un pas hésitant, je pousse la porte de l'institut.
Aussitôt entrée, aussitôt prise en main. Cette effervescente autour de moi chasse mes hésitations. Je me laisse envahir par cet atmosphère rose bonbon. Mon imagination s'envole. Celle-ci me soustrait bien des années et efface bien des rides et des rondeurs. Me voilà reine de beauté dans mon pays imaginaire tournoyant dans les bras de Paul … Paul n'est pas prêt de se laisser oublier. L'image que me renvoie les miroirs me flatte, la confiance me gagne. Est-ce si futile, si superficielle que d'accepter voire de revendiquer ma beauté, ma séduction naissante ? Peut-on être encore belle et plaire à soixante-dix ans ? Ces demoiselles le prétendent, croyons-les.
Il est maintenant temps de vérifier si le premier objectif est atteint. Quelques visites auprès d'amis me permettront de savoir. En premier lieu, tous sont surpris, beaucoup sont rieurs. Puis l'effet de surprise passé, les uns masculins me regardent avec envie voir convoitise, les autres féminins avec indifférence, certaines avec jalousie bien qu'un regard me surprend, m'interpelle : celui d'Andrée.
Salut,
· Il y a presque 14 ans ·j'interromps ma lecture pour te dire : je suis frappée par le fait que tu juges tes personnages, comme si le cynisme ou la solitude était de mauvais genre. Cela alourdit tes descriptions et leurs états-d'âme.
Enfin moi, ce que j'en dis... Tu en fais ce que tu veux !
Bonne chance !
alexe