Pépite use ses godasses

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Qu'importe la pluie, qu'importe le vent...

La petite commençait à être vraiment heureuse. Elle avait même oublié ce garçon qui lui avait fait du mal, et ses examens de santé s'étaient montrés rassurants. Vraiment, elle était épanouie. Puis là, comme un coup de tonnerre, son vieil ami virtuel, pour qui elle ressentait une profonde affection, avait décidé de mettre un terme à leur amitié. Pépite n'a rien compris. Elle s'est juste dit qu'elle avait définitivement du mal à s'accorder avec la gente masculine.

Sur un coup de tête, elle a attrapé son ciré, a lassé ses godillots et a claqué la porte. Sans réfléchir, elle a marché. Qu'importe la pluie, qu'importe le vent froid de sa Bretagne, qu'importe l'heure tardive. Elle a enfilé les pas sur le bitume, sans s'arrêter. Elle a laissé l'air frais remplir ses poumons. Vraiment, la petite voulait se vider la tête. Elle a longé les quais, dévalé les escaliers qui descendent sur des petites places. Pépite, essoufflée après une bonne heure de marche, finit par trouver un banc, sur lequel elle se recroquevilla. 

" Mais qu'est-ce que j'ai fait ? C'est quoi mon problème ? Pour une fois, tout était bien comme il faut. Je l'ai mérité ? "


Finalement, non Pépite. Tu n'as rien mérité du tout. T'y es pour rien dans cette histoire. Ce n'est pas de ta faute s'ils te laissent tomber. T'as rien fait pour mériter ça. T'as juste pas de chance. Laisse glisser. Fais comme si tout cela ne t'atteignait pas. Regarde-moi Pépite : tu vas être forte.


La pluie faisait ploc! ploc! sur son ciré. En quelques minutes, elle avait oublié la pluie, le vent, les passants, les rues sombres et grises. Alors elle se ressaisie et repris sa marche. 

Elle devait continuer à marcher. Faire le ménage dans ses pensées. Tout balayer, ranger les idées noires. 

Fais un effort Pépite.

La petite constata que les aiguilles galopaient à grande vitesse sur sa montre, et voyait déjà sa mère s'affoler de son retour tardif. Tant pis, elle s'était promis de ne pas rentrer avant que tout soit en ordre.


Pépite faisait défiler dans son esprit les personnes qui l'avaient plus ou moins déçue. Après réflexion, elle leur avait tout simplement trop vite fait confiance. Un peu naïve, la petite. Elle avait pourtant essayé d'être prudente. En vain.

Quant à ses études, des questions la tourmentaient aussi. Pourquoi elle n'avait pas réussi ? Devait-elle continuer ? Au fond, elle était faite pour le domaine de la justice. Elle le sentait. Hormis le dessin, elle n'imaginait pas faire autre chose.
Tant pis, elle allait s'accrocher. 

Après, la santé, les gens qui disparaissent à jamais, les aléas de la vie de famille... Tout ça, elle n'y pouvait rien. Elle ne pouvait pas lutter contre le destin. 


Alors la petite pris le chemin du retour, l'esprit apaisé. Ce n'était peut être pas le calme complet, ce n'était pas non plus le chaos. Elle avait mis de l'ordre, et en poussant la porte de son appartement, Pépite se promis d'être plus prudente.

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