Perdu.

aymkhaelo

Je me sens perdu
Je suis perdu.
Comment l'expliquer...? Je n'arrive pas à trouver les mots exacts. C'est compliqué, fort compliqué.
Comment expliquer une image aussi vague et ambigüe que celle restée dans ma tête ? 
Je la vois. Je vois les contours de mon visage, les cernes dessinées à l'encre noire sous mes yeux, le profilement triste de ma bouche. Un mirroir. J'aperçois des mains. Les paumes se placent sur mes deux tempes. Les mains m'écrasent. Elles me rendent opressé, vide, peureux, stressé, complexé. Elles me rendent minable, moins que rien, victime.

Je n'arrive pas à supporter cette situation. Et pourtant j'aurais dû m'y habituer. Ce n'est pas la première fois et ça revient tellement souvent ! La force excercée sur mon crâne en changent mes idées.
Je ne devient plus pensif, je ne réfléchis plus. Maintenant j'obéï à mon instinct. La peur, la crainte. Deux émotions redoutables. Je n'aperçois que les mains fermant ma tête. Les bras se finissent dans une brume noire. Je ne sais que faire, et même qu'est-ce que je pourrai faire ? Il n'y a rien à faire. C'est une fatalité pour une foi. Tout ce que en quoi je crois s'effondre. J'avais confiance en eux. Je me disais qu'ils avaient une chance malgré ce qu'ils faisaient tous les jours. Je me disais qu'ils n'étaient pas perdus, en recherche de repères.

J'en ai marre de tout ça. C'est extrêmement perturbant. Je me dis qu'il faut faire avec mais, comment dire...?
C'est peine perdue.

Qu'est-ce qu'il me reste désormais ? Je cherche des réponses. Je me cherche des réponses mais j'abandonne très vite. Je n'y voit aucun intérêt à réfléchir. Cette opression enlève toute rationnalité. Tu te fais des idées, sombres parfois, allant jusqu'à l'excessif, puis tu te dis que c'est infaisable, irréalisable.
Tu cherches alors d'autres moyens pour t'échapper. Mais non, tu es attaché ici comme un esclave relié à sa chaîne.

Horiiiiiible. Tout ce que je puisse dire, c'est que c'est horrible. Parfaitement.

Et puis la tu ressens ce froid qui te parcours, comme si ton corps se vidait de cette chaleur vivante. Froideur du déshonneur. 
Que puis-je faire ?
Mais que puis-je faire ?!
Sentiment terrible. Affreux. Et c'est presque tous les jours. Je suis obligé de le revivre pour un rien. J'essaie de ne rien transparaître sur mon visage même si ces mains restent colées à mon crâne.

La pression se relâche. Des fois. Ces moments-là, j'accuse le coup, je suis heureux. Je me sens pousser des ailes. De grandes ailes blanches formées de plumes. Je vole, je dépasse ça. Et puis le vertige et je tombe.
Le Tir aux pigeons fait mal.

Aie.

Des hauts et des bas. Tel Icare je plonge dans cette mer froide et y meurt. Lui, ou plutôt eux, sont là à me regarder, s'en foutant complétement. Ils sont déjà montés sur mon dos, voulant chercher le soleil a défaut de mes forces. D'autres ont volé à côté de moi. Certains plus blessés que d'autres. Ceux-là, je les ai aidé. De bonne foi. Eux m'ont aidé, de bonne foi.
Les mains m'ont arraché les ailes. Je plonge, je me noie.



Ce soir je meurs.

Signaler ce texte