Perfection

Qu'est-ce que la perfection ? Voilà une question qui restera posée de toute éternité tant sa définition – par pitié ne me parlez pas d'académie – ne peut justement être qu'incomplète et, j'ose le dire, imparfaite.

J'ai eu il y a peu et à la fois si longtemps la chance, car c'est bien de chance dont il s'agit, de rencontrer la perfection faite femme.

Oooh, je vois venir les tristes-sires, j'entends se lever les boucliers des bien pensants cocoonés au chaud dans leurs certitudes. La femme parfaite n'existe pas, il y a toujours ceci ou cela qui cloche… Si elle existait, cela se saurait… Encore un idiot amoureux victime de la cécité propre à l'amour…. Bref, ces phrases dites et redites à l'envi par les sceptiques de tous acabits.

Et ils ont sans doute raison, cette bande d'affreux, de mettre les rêveurs de mon espèce en garde. Ces pauvres gens qui ignorent l'extase que l'on peut ressentir à l'admiration d'un chef d'œuvre. Ces médiocres incapables de fermer les yeux et de cesser toute activité même cérébrale à l'écoute d'une mélodie évocatrice. Ces tristes quidams qui jamais ne percuteront un poteau dans la rue à se tordre le cou devant une jolie fille ou un bolide italien. Quelle banalité que leur vie bien rangée, équilibrée, normale.

Et s'il me plaît à moi de tomber en arrêt devant une toile de maître?! D'oublier vie travail famille patrie tutti quanti à l'écoute d'une sonate ou d'un bel adagio ?! Si j'aime me cogner dans les murs, les gens, les feux tricolores à croiser dans la rue une belle italienne au châssis rutilant… Plus généralement, s'il me plaît à moi d'aller au-delà des limites de la conformité admise et d'être amoureux ?!! Amoureux de la vie, de ce qui est beau ou bon. S'il me plaît à moi de pousser tous les curseurs de ma vie dans le rouge, pour être certain de la vivre à fond, de ne rien laisser passer, tout vivre et ne rien regretter ?!!

Je disais donc que j'ai rencontré la femme parfaite. Je persiste et je signe. Elle est parfaite à mes yeux aveuglés par tout l'amour que je lui voue. Elle est parfaite car vue à travers le prisme de ma propre imperfection.

Et si j'aime tomber en arrêt devant elle ? Et si le moindre mot issu de ses lèvres délicates devient symphonie à mes oreilles ? Et si la regarder me fait perdre tous les sens, équilibre compris ? Et si, et si, et si…

Muse, égérie, inspiratrice, amante, femme de mes rêves, elle est tout cela et bien plus encore. Qui sait ?…..

Quant à vous, tristes sires, pénibles en tous genres, il me revient en mémoire une citation du maréchal Prince de Ligne, dont je ne garderai que la dernière phrase (le reste de la citation est hors de propos), qui tiendra lieu de conclusion à mon laïus :

Malheur aux gens tièdes, qu'ils retournent au sein de leurs familles…