Petite boutique

kelen

Hey, dis moi, t'as quoi toi dans ta petite boutique ?

Des bouts de toi ou bien à l'intérieur, c'est synthétique ?

Sain de corps et d'esprit on dit …

Mais quand on laisse s'exprimer l'corps

On se comprime aussi l'esprit

Faut comprendre que c'tacite accord

Entre ce corps asservi et ce qu'on dit

Est surement fait de bois mort

Prêt à s'enflammer les jours de pluie.

Regarde.

Dehors, il y a tous ces corps qui s'expriment fort.

Des forteresses de folie, des fous qui crient à l'infamie !

Ici, leurs petites boutiques sont en bordel.

Plus rien à foutre de l'esthétique

C'qui compte c'est l'éthique !

Ils veulent cramer toutes les façades

Quite à crever sous les barricades.

Barrés on dit. Des révoltés au bord de la falaise.

Et dans cette vie, pas très à l'aise.

Regarde.

En face, il y a des corps qui se cachent.

Des tortues dans des cachots qui s'enlassent.

De la peur, de la honte...

Ce sont les petites boutiques derrières les pentes

De l'extérieur, on ne voit rien.

Juste des ombres derrière des vitres,

Des vies qui sombrent comme des suppliques.

Brisés on dit. Des bras cassés au bord de la disparition.

Et dans cette vie, en perdition.

Regarde.

Tout devant, il y a ceux qui font du tapage

Avec des pourcentages et du chantage

Accrochés à leurs parachutes

Jamais à terre eux ils culbutent.

Il font sauter les petites boutiques

Comme des dynamiteurs de bien public.

Ils repeignent leurs façade de rouge sang

Des veines de ceux qu'ils ont saigné à blanc.

Chanceux on dit. Des sans amour et sans esprit.

Et dans cette vie, juste en sursis, moi je vous l'dis.

Regarde.

Juste devant toi, il y a tous ces gens

Qui gémissent en râlant. Ils sont rabougris

Et leurs boutiques sont des taudis.

C'est tout pourri à l'intérieur

Mais de devant on dirait l'bonheur

Ils affichent leur totale réussite

Et gerbent sur tous ceux qu'ils nomment «parasite ».

Bien lôtis on dit. Plutôt des écraseurs plein de mépris.

Et dans cette vie, juste en mode survie.

Regarde.

Il y a quelques cabanes. Là bas.

Des petits qui montent leurs barricades

Et qui cimentent leurs palissades.

Mais y'en a déjà qui prennent feu.

Un coup de chaud derrière leurs petite vitre

Faut trouver un extincteur... Vite.

Regarde.

Ici, il y a un peu de tout.

Des jolis façades, et des bouts de rien du tout.

J'sais pas trop c'qu'il y a derrière,

mais les mots semblent ouvrir les portes arrières.

J'aime bien ce que je vois derrière ta façade

C'est pas très moderne mais ça manque de rien

Crois moi j'ai visité bien plus crade

Dans les petites boutiques des petits matins

Ici c'est beau, y'a des miroirs cassés c'est sur

Mais ton cœur reste résistant à l'usure...

Pas comme tous ces gens qui s'laisse braquer

leur petit commerce

En échange de quelques petites pièces...

Dis, toi, tu vas me laisser rentrer ?

T'inquiète pas pour le bordel,

J'aime pas trop ranger...

Dis tu veux bien que je reste ?

Je touche à rien, promis,

Sauf si tu me blesses.

Signaler ce texte