Petits tracas, Amours et Depression

Jane Farah

                           Petits tracas, Amour et Dépression.

 

Synopsis :

A trente-sept ans Jane doit tout recommencer. Séparée de son mari avec qui elle a une petite fille elle vient également de perdre son emploi d’assistante de direction. Entre les galères financières, la recherche d’un nouvel emploi et l’espoir secret de trouver le nouvel homme de sa vie Jane patauge.

Chapitre 1

Jane fait la découverte du monde impitoyable du chômage et se laisse entraîner malgré elle dans une soirée qui lui réserve une agréable surprise: la rencontre de Gilles, un homme plutôt mystérieux qui lui donne rendez-vous trois semaines plus tard sur les marches d’une église.

Le reverra t-elle ?

Son amie Marine, lui obtient un entretien avec l’un de ses nombreux amants : Anthony responsable du personnel dans une grosse société. Obtiendra-t-elle un emploi ? 

 

CHAPITRE 1

 

Il était dix heures précise quand Jane poussa la porte de Pole Emploi, elle s’était inscrite au début de la semaine sur internet et ça n’avait pas été une mince affaire, en effet au bout d’une demi-heure l’ordinateur s’était déconnecté automatiquement et elle avait dû  tout recommencer. Elle avait réussi à garder son calme jusqu’au moment ou le programme lui avait demandé des identifiants qu’elle ne connaissait pas. Elle avait hurlé de rage et levé son ordinateur au-dessus de sa tête pour le balancer en pleine face d’un conseiller imaginaire, mais elle s’était ressaisi au dernier moment.  Elle ne voulait pas bousiller un ordinateur qui lui avait coûté un mois de salaire. N’empêche que si elle avait eu un conseiller devant elle… Elle s’avança jusqu’au guichet d’accueil calme et sereine, deux employées discutaient…

-       Bonjour j’ai rendez-vous avec un conseiller…

-       Votre nom ?

-       Jane Rhys

L’employée surligna son nom sur une liste avec un stabylos rose fluorescent.

-       Vous avez votre carte d’identité et votre carte vitale ?

-       Oui répondit-elle en lui tendant ses deux cartes

Le ton blasé de l’employée l’agaçait. Elle pourrait être un peu plus aimable la pimbêche se dit-elle. Elle sentait qu’elles n’étaient plus dans le même camps :l’autre c’était une salariée et elle une chômeuse qui piquait le fric des salariés. (Elle avait souvent entendu cette remarque au cours de sa petite carrière).

-       Tenez c’est un dossier à remplir avant l’entretien vous avez une table là-bas.

Elle s’installa à l’unique table de l’agence à côté d’une femme qui écrivait une lettre avec l’application d’une élève de CE1. De temps en temps elle s’arrêtait pour secouer son bras et continuait sa longue missive, elle avait déjà écrit deux pages et Jane avait peur qu’elle ne fasse une erreur au dernier moment. Elle se rappelait l’époque ou les lettres manuscrites étaient obligatoires et toutes les fois ou elle se retrouvait en bas de la page sans avoir  assez de place pour écrire la formule de politesse ce qui l’obligeait à tout recommencer.

L’agence était quasiment vide, un homme debout consultait les offres d’emploi sur un des ordinateurs. Il lui semblait que tout dans cette agence était fait pour que personne ne reste trop longtemps  : ordinateur à consulter debout, une seule table, aucun stylo…

Elle ouvrit le dossier sur lequel était noté : «  A compléter avec un stylo à bille uniquement » elle fouilla dans son sac, elle n’avait qu’un stylo plume. Elle savait que c’était idiot qu’elle aurait dû y penser mais bon voilà on ne pense pas toujours à tout et c’est pour cette raison que dans les postes, les banques on trouve des stylos avec des petites chaînettes pour satisfaire la clientèle un peu tête en l’air comme elle…mais pas chez Pôle Emploi. Elle réussit tout de même à remplir le dossier en complétant également les duplicatas. Au fur à mesure qu’elle écrivait elle se rendit compte qu’elle inscrivait les mêmes informations que lors de son inscription sur internet. Chercherait-on à l’occuper ou peut-être à la décourager ? A onze heure et quart une femme hurla son nom au milieu de l’agence Jane se leva et suivi la conseillère jusqu’à son bureau.

-   Vous avez un CV ? lui demanda la femme sans lever le nez de son ordinateur.

-       Oui  répondit Jane en lui tendant son curriculum

-       Vous recherchez un emploi d’assistante de Direction, acceptez-vous le smic ? je suppose que oui dit la femme en tapant déjà la réponse sur son ordinateur.

-       Non… dit Jane un peu mal à l’aise.

-       Non ! s’exclama la conseillère surprise

-       J’ai huit ans d’expérience je pense que ça mérite un peu plus que le smic expliqua Jane

-       Vous savez à l’heure actuelle on prend ce qu’on trouve

-       En clair je dois accepter d’être payé le smic sinon je suis trop difficile ?

-       Non non ce n’est pas ça mais vous aurez plus de mal à trouver un emploi…

-       Et vous devrez me payer des allocations plus longtemps…s’emporta Jane qui sentait la moutarde lui monter au nez.

L’entretien lui faisait le même effet que si elle avait été convoqué chez les flics pour un délit de fuite. Elle se sentait coupable d’être chômeuse.

-       Savez-vous faire un cv et vous présenter à un entretien ? repris la conseillère visiblement agacée.

-       Oui je n’ai pas de problème avec ça…

-       Bon je vous inscrits à un stage pour apprendre à faire un cv, disont mardi 28 janvier à 8h

-       Mais je n’ai pas de problème pour faire mon cv…

-       Ecoutez mademoiselle vous avez des droits mais aussi des devoirs et si vous refusez cela pourrait être mal interprêté…

-       Mais je ne veux pas faire de stage pour apprendre à faire un cv s’énerva Jane, je n’ai pas de temps à perdre avec ça !

-       Ah bon et qu’est ce que vous avez d’autre à faire ? je vous rappelle que vous devez consacrer votre temps à la recherche d’un emploi et pas à autre chose…

-       C’est ce que je fais répondit Jane exaspérée

-       Bon je note dans votre dossier que vous refusez de faire un stage.

-       Je refuse de faire un stage inutile précisa Jane

-       Ca c’est vous qui le dites…

-       Ok d’accord note le dans ton putain de dossier espèce d’abrutie… Tout ce que tu veux c’est remplir tes salles de stages pour prouver que tu fais bien ton boulot… et payer des formateurs nullos à prix d’or au frais des contribuables…par contre payer les allocs des chômeurs ça… ça vous fait chiez !!! hurla Jane hors d’elle.

-       Je ne vous permets pas…

-       Et bien moi je me le permets, vous êtes vous demandez si je vous permettais de me recevoir avec une heure de retard, d’hurler mon nom au milieu de l’agence, et de ne pas me dire bonjour ? Non et maintenant il est onze heure et demi et je suis en retard pour aller chercher ma fille à l’école alors au revoir Madame.

Jane se leva, remballa ses affaires et se dirigea vers la sortie. Des larmes commençaient à lui brûler les yeux

- Ca ne va pas se passer comme ça ! hurla la conseillère derrière son dos.

Zoé l’attendait sur les marches de l’école le nez dans sa Nintendo Ds.

-       Ha te voilà ! s’exclama t-elle

-       Excuse-moi chérie j’avais un rendez-vous qui a duré un peu plus longtemps que prévu.

-       Fallait  dire que tu pouvais pas… dit Zoé en attrapant son sac d’école.

-       C’est ce que j’ai fait

Jane vivait seule avec sa fille Zoé huit ans. Mathieu son ex, le père de Zoé avait décidé de refaire sa vie avec un certain Gigi (à prononcer avec l’accent Italien). Cela avait été un choc pour elle d’apprendre que l’homme avec qui elle vivait depuis dix ans était à voile et à vapeur !!!! et pour couronner le tout elle venait de se faire licencier pour motif économique. Son patron avait vendu son entreprise à un groupe américain avant de partir en catimini avec la standardiste. Il y a seulement deux semaines elle était mariée, assistante de direction, bien dans sa peau…Aujourd’hui c’était une mére célibataire au chômage, au bord de la crise de nerf et qui fumait comme un pompier.

-       Tu fumes encore ! dit Zoé les deux poings sur les hanches

-       Oui bébé j’arrête demain promis. Dit Jane en écrasant sa cigarette

-       Ouais c’est ça…tiens ton téléphone c’est Marine.

.Marine était sa meilleure amie elle s’occupait des achats dans une grosse entreprise d’emballage, célibataire et heureuse de vivre c’était une jolie brune très sûre d’elle et sans complexe.

-       Jane ?

-       Oui, salut Marine ça va ?

-       Oui, et toi ? tu t’es inscrite à l’ANPE ?

-       C’est Pôle Emploi maintenant

-       Ouiais c’est pareil

-       Non c’est pire…

-       Ca ne s’est pas bien passé ?

-       Je crois que je suis radiée avant d’avoir été inscrite. Jane expliqua sa prise de tête avec la conseillère.

-       C’est qu’une mal baisée, dit Marine pour la rassurer tu vas pas te laisser décourager par une mal baisée hein? d’ailleurs je t’appelais pour t’inviter à sortir avec moi demain soir ça te dis ?

-       Bof j’ai pas très envie

-       Allez ma vieille faut pas restée enfermer, tu sais le prince charmant ne va pas venir frapper à ta porte

-       Oh tu sais le prince charmant je n’y crois plus vraiment…

-       Viens on va bien s’amuser et ça te changera les idées je vais en  boîte avec Morgane et Danielle

-       Bon d’accord tu passes me prendre ?

-       Super

En raccrochant Jane regrettait déjà  d’avoir accepté l’invitation mais à chaque fois que Marine lui demandait quelque chose elle ne savait pas dire non

-       Zoé !

-       qu’est ce qu’il y a ?

-       Ca te dis d’aller dormir chez Maxime demain ?

-       Super !

Maxime était l’ami de Zoé ils se connaissaient depuis la maternelle. Elisabeth la mère de Maxime était également célibataire et habitait l’appartement juste au dessus. Les deux mamans s’arrangeaient régulièrement pour garder leur progéniture, les deux gamins étaient ravis.

Marine arriva avec une demi-heure de retard. Comme d’habitude elle était élégante et sexy à la fois. Elle portait une jupe noire et des bottes noires à talons elle avait relevé ses longs cheveux brun en une queue de cheval qui lui donnait un air sophistiqué.

-       tu es prête ?

-       J’en ai pas l’air ? répondit Jane vexée

-       Si, si mais bon tu pourrais faire un petit effort quand même.

Jane avait enfilé un Jean, un pull noir avec un col en V, enroulé un long foulard autour de son cou et mis des bottes marron à talon

-       On ne va pas à un mariage ! dit Jane devant l’air désespéré de Marine.

-       C’est vrai mais tu pourrais te maquiller un peu, mettre des boucles d’oreilles… je sais pas moi un truc un peu différent de d’habitude.

Jane avait des cheveux mi-long chatain clair et des yeux noisettes elle était plutôt jolie même si elle n’avait pas la ligne d’un mannequin de magazine. Elle n’avait jamais su s’habiller en vrai femme et ne portait que des jeans. Souvent elle regardait les émissions de relooking à la télévision mais elle n’arrivait pas à s’imaginer dans une tenue sexy ou sophistiquée.

Elles rejoignirent Danielle et Morgane dans une boîte de nuit un peu rétro ou l’âge moyen dépassait les trente-cinq ans. Danielle et Morgane étaient des collègues de boulot de Marine que Jane avait déjà rencontré trois ou quatre fois. C’était deux filles un peu délurées mais sympathiques.

Les quatre filles dansèrent un moment avant de s’affaler sur une banquette un verre à la main. Jane trouvait ça pathétique, à vingt ans ça allait mais à trente-sept ans… elle aurait préférée être chez elle avec son mari et sa fille à regarder un bon film ou se faire un restaurant. Tout ça la démoralisait.

-       Bonsoir on peut s’asseoir vers vous ? demanda un homme plutôt séduisant une bouteille de champagne à la main

-       Avec plaisir répondit Marine ravie qu’enfin la soirée prenne une tournure intéressante.

L’homme s’appelait Anthony et il présenta ses deux amis Christopher et Khaled.

Jane n’avait vraiment pas envie de faire la causette avec ces trois mecs qu’elle ne connaissait pas. Elle était plutôt timide et avait du mal à engager la conversation avec des inconnus. Anthony s’installa d’emblé à côté de Marine, Khaled discutait avec Morgane et Christopher devant l’air boudeur de Jane se tourna vers Danielle. Jane enchaînait les verres et quand elle se leva pour échapper à la séance des slows elle se rendit compte qu’il était temps pour elle de calmer le jeu et se dirigea aux toilettes pour se rafraichir.

Quand elle revint les trois couples roucoulaient sur la piste de danse. Jane s’arrêta un instant et regretta amèrement de ne pas avoir pris sa propre voiture et se demande encore une fois ce qu’elle faisait là dans cette boîte minable . Elle ne voyait autour d’elle que des célibataires ratés ,divorcés tous à la recherche de l’âme sœur trop jeune pour envisager de rester seuls jusqu’à la fin de leurs jours ou trop vieux pour faire des projets d’avenir comme fonder une famille c’était triste à mourir. Sur un siège dans un renfoncement sombre de la boîte de nuit elle remarqua un homme d’une quarantaine d’année. Elle ne savait pas si c’était le champagne ou le désespoir mais une impulsion  la poussa à s’asseoir à côté de l’inconnu. Habituellement ce n’était pas son genre d’aguicher un mec comme ça, et s’il la jetait elle serait morte de honte.

-       Bonsoir, je m’appelle Jane dit-elle un peu mal à l’aise

Le garçon la regarda un peu surpris

-       Bonsoir, Gilles. Répondit l’homme avec un grand sourire.

Par chance l’homme n’était pas timide et la conversation s’engagea facilement. Il lui expliqua qu’il était venu avec des amis pour fêter l’enterrement de vie de garçon de son meilleur pote mais que les boîtes de nuit ce n’était pas son truc. Il offrit un nouveau verre à Jane puis une nouvelle série de slow commença et Jane qui trouvait son compagnon plutôt charmant avait bien envie qu’il  l’invite à danser et cette fois elle accepterait bien volontiers. Il approcha son visage du sien les battements de cœur de Jane s’accéléra « il va m’embrasser se dit-elle à la foie ravie et effrayée »

-       Je dois m’en aller dit-il soudainement en se levant.

-       Ah d’accord dit Jane un peu vexée. Elle ne s’attendait pas à

ça, elle avait eu l’impression de lui plaire et en plus il ne lui avait même pas demandé son numéro de téléphone « Tu es vraiment pathétique ma pauvre fille » se dit-elle. Elle le regarda s’éloigné puis se leva à son tour et fit le tour de la piste des yeux à la recherche des filles mais elle ne les trouva pas. Elle récupéra son manteau au vestiaire et se dirigea à l’endroit ou Marine avait garé sa voiture mais quand elle arriva sur la place de parking celle-ci était vide. Elle fit le tour du parking et se rendit à l’évidence Marine l’avait planté là. Elle fulminait et jeta un grand coup de pied dans le pneu d’une voiture quand une voix la fit sursauter.

-       J’ai peut-être été incorrect avec vous ?

Jane se retourna surprise et se retrouva nez à nez avec Gilles, il était beau, brun les cheveux un peu en bataille les yeux gris vert il portait un jean et une veste de cuir noir mais surtout il avait un sourire à tomber.

-       C’est votre voiture ? dit Jane gênée

-       Oui

-       Désolé je cherchais mon amie mais je crois bien qu’elle m’a oubliée…

-       Je peux peut-être vous raccompagner ?

-       C’est vrai ?

-       Oui si vous le voulez bien entendu.

-       Oui avec plaisir

Gilles dévérouilla la porte et Jane s’installa dans l’imposante voiture grise métallisée.

-Vous habitez ou ?

-       Rue Bruand c’est vers la gare

Jane n’habitait pas rue Bruand mais rue Colard, les immeubles de la rue Bruand étaient beaucoup plus chics que ceux de la rue Colard et elle voulait donner une impression de femme indépendante qui a réussi dans la vie.

-       Oui je connais dit Gilles en démarrant

Un grand silence s’installa, Gilles activa le lecteur de cd et Jane reconnu Archive un de ses groupes préférés. Elle se sentait bien et détendu. Soudain une angoisse lui serra la poitrine « pourvu qu’il ne me demande pas ce que je fais dans la vie »

-       Et que faites vous dans la vie ?

« Et voilà j’en étais sûre quand je vais lui dire que je suis au chômage il va vite me larguer devant ma porte et je n’entendrai plus jamais parlé de lui »

-       Je suis avocate dit Jane d’une toute petite voix

-       Avocate et bien j’ai tiré le gros lot dit-il en rigolant

-       Et vous ?

-       Educateur

« Merde si j’avais su je lui aurais dit que j’étais au chômage il aurait compris, un éducateur c’est large d’esprit»

-       Et bien je savais pas qu’un éducateur pouvais s’offrir une telle voiture

-       C’est une occasion je l’ai eu pour un bon prix, expliqua Gilles. Voilà nous sommes dans la rue Bruand vous habitez à quel numéro ?

-       Au numéro 56

Gilles continua à descendre la rue.

-       Il n’y a pas de numéro 56 dit Gilles étonné

Jane se sentit devenir rouge comme une tomate.

-       J’ai pas dit cinquante-six, j’ai dit trente-six

-       Ah excusez-moi j’avais mal compris…dit Gilles en fronçant les sourcils…ça tombe bien c’est juste là.

-       Oui, oui c’est ça c’est bien chez moi dit Jane d’une voix mal assurée.

-       Vous êtes sûre ? dit Gilles en souriant

-       Oui oui puisque je vous le dit, bon ben merci dit-elle la main déjà sur la poignée prête à s’enfuir.

Gilles se pencha vers elle et ses lèvres effleurèrent les lèvres de Jane. Le cœur de Jane s’arrêta de battre un instant avant de s’emballer.

-       Je serai absent pendant trois semaines mais ça me ferait plaisir de vous revoir

-       Oui bien sûr. Jane se sentait comme une adolescente elle cherchait ses mots.

-       Alors Rendez-vous dans trois semaines sur les marches de l’église de la Madelaine à disont vingt heures.

-       A vingt heures… d’accord…

Jane sortit de la voiture et se précipita vers l’entrée du numéro 36 elle fit semblant de chercher ses clés dans son sac à main. Gilles l’observait «  allez vas-y part » murmura t-elle, juste à ce moment un homme sortit de l’immeuble et Jane en profita pour s’engouffrer dans le hall d’entrée, elle attendit cinq minute avant de ressortir et rejoindre la rue Colard. Quelle idiote se dit-elle se sauver comme une gamine la honte, et dire que je suis avocate c’est pas possible d’être aussi conne. Comment je vais m’en sortir maintenant avec ces mensonges ? . En se couchant elle se demanda pourquoi il lui avait donné rendez-vous sur les marches d’une église ça n’aurait pas été plus simple de prendre son numéro de téléphone ? Un peu bizarre quand même le mec… mais quel charme…mais bizarre quand même…mais trop craquant…de toute façon d’ici trois semaines…vivement dans trois semaines….c’est foutu…Jane s’endormit.

Elle se réveilla à onze heures, Zoé était déjà redescendu de chez Maxime et regardait un dessin animé à la télévision. Elle bu son café et prit une bonne douche quand elle pensait à sa soirée son cœur se serrait c’était l’effet papillon il y avait tellement longtemps que ça ne lui était pas arrivé qu’elle était surprise que ça soit encore possible. Elle essayait de ne plus penser à Gilles, mais elle adorait l’effet papillon. Elle sortit de la salle de bain un vieux peignoir rose tâché de crème colorante et une serviette dans les cheveux. La sonnerie de la porte d’entrée retentie, elle paniqua et si c’était Gilles, elle ne pouvait pas lui ouvrir dans un telle acoutrement elle se précipita dans sa chambre se cogna le pied dans une commode et renversa un vase qui se brisa.

-       C’est moi Jane ! criait Marine derrière la porte

Jane était soulagée et déçue à la fois. De toute façon il ne sait pas ou j’habite et il ne connaît pas mon nom se dit-elle.

Jane ouvrit la porte, Marine était fraîche comme la rosée et élégante comme d’habitude ce qui agaça Jane qui avait l’air toute défraîchie.

-       ca va ? t’as passé une bonne soirée ? lui demanda son amie

-       Ouais ça va, mais tu m’as planté comme une vieille chaussette.

-       Excuse moi mais Anthony m’a demandé de le raccompagner chez lui, il avait un peu trop bu.

-       Et tu ne t’es pas demandé comment j’allais rentrer moi ? tu aurais pu au moins me prévenir.

-       Je t’ai vu en grande conversation avec un homme…pas mal du tout d’ailleurs….alors ?

-       Alors quoi ?

-       Tu as conclu ?

-       C’est pour me demander ça que tu es venue ?

-       Oh quelle rabat joie ! non ce n’est pas pour ça.

-       Excuse moi je ne suis pas très agréable le matin quand je n’ai pas assez dormi

-       Moi j’ai dormi comme un bébé

-       Ne me dis pas que tu as dormi chez Anthony !

-       Si ! et c’était formidable, on a fait des galipettes une grande partie de la nuit puis je me suis endormie dans ses bras

-       Tu comptes le revoir

-       J’en sais rien…on verra et toi ?

Jane lui raconta sa soirée

-       Tu as l’air amoureuse ma fille dit Marine un sourire aux lèvres

-       N’importe quoi ! je le connais à peine, je ne tombe pas amoureuse comme ça moi, il faut que je discute, que j’apprenne à connaître la personne…

-       C’est des conneries ça ! s’exclama Marine, on accroche ou on accroche pas et c’est tout.

-       Bon et tu es venu pourquoi au juste, me faire la morale ?

-       J’ai un job pour toi ! dit Marine toute fière

-       C’est quoi ? barman dans une boîte pourrave dit Jane en servant le café

-       Mais non ! tu m’en veux encore pour l’autre fois ?

Marine avait proposé les services de Jane pour garder les enfants d’un couple qu’elle avait rencontré à un vernissage, le boulot était bien payé mais les enfants étaient monstrueux et les parents de vrais tyran avec leurs salariés. Jane avait laissé tomber au bout d’une semaine.

-       J’ai parlé de toi avec Anthony

-       Vous avez parlé de moi !

-       Et oui, il n’y a pas que toi qui discute avec les hommes, sauf que moi je discute après la bagatelle…

-       Et alors ?

-       Il est responsable du personnel chez Entracite, tu sais la grosse boîte qui fabrique des pièces automobiles

-       Oui je connais

-       Et bien il cherche une secrétaire pour remplacer une fille qui part en congé parentale.

-       Et tu as pensé à moi, je te rappelle que je suis assistante de direction, pas standardiste.

-       Oui je sais, mais apparement c’est un bon job et bien payé deux milles euros par mois plus le treizième mois et des tickets restaurant

-       Oui pas mal, et qu’est ce que je dois faire ?

-       Te présenter lundi à neuf heures Anthony te recevra

Ca n’enchantait pas vraiment Jane de passer un entretien avec le mec de sa copine, mais la paye était bonne elle ne pouvait pas se permettre de laisser passer une telle occasion, et une fois dans la place si elle donnait satisfaction elle pourrait peut-être se faire embaucher définitivement

-       Ok j’irai

-       Très bien ma puce, bon moi je file j’ai rendez-vous

-       Avec Anthony ?

-       Non avec Serge, tu sais mon ex

-       Tu le revois ?

-       C’était pas prévu, il m’a laissé un message hier soir et je l’ai rappelé ce matin en rentrant chez moi. Il veut me revoir et il m’invite à déjeuner chez Richtmel

-       Et bien il se moque pas de toi ! et Anthony ?

-       On verra comment ça se passe avec Serge, mais bon il est moins sexy qu’Anthony

-       Si tu as déjà fait ton choix pourquoi tu déjeunes avec Serge ? s’indigna Jane

-       Il m’invite chez Richtmel chérie je ne peux pas refuser.

Richtmel était le restaurant le plus cher de la ville et c’était plutôt valorisant de se faire voir dans un tel établissement.

-       Et te fais pas trop d’illusion avec ton Gilles, s’il avait eu envie de te  revoir il aurait pris ton numéro de téléphone.

-       Mais il m’a quand même donné rendez-vous.

-       Ouais bizarre, il ne savait peut-être pas quoi te dire, ou il avait peur que tu lui demande son numéro…je sais pas moi, mais c’est bizarre de te donner rendez-vous trois semaines plus tard sur les marches d’une église.

-       Ouais tu as peut-être raison

-       Bonne chance pour lundi ! dit Marine en sortant.

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