Peut-être

Lendemain aride au delà de la ligne de front d'une soirée estivale enrobée de fraîcheur. Rien ne s'oublie des journées chaudes, quand l'air brûlé soufflait sur les peaux nues la soif des étreintes. Rien ne s'oublie, ni le sauvage UV ni le doux ciel du soir, non plus que les turbulents diptères aspirés par l'odeur des corps embrunis. Quelque part, dans un coin caché par l'obscurité grandissante, des sons, des chants, une musique peut-être ; un spectacle de plein air à la mise en scène acclamée ? une fête nationale aux refrains surannés ? des adolescents frottés à l'espace d'une liberté nouvelle éclatés de joie bruyante dans les éclaboussures d'un bain nu, résurgence d'un fabuleux éden ? A moins qu'aux confins des pins hiératiques et des dunes triviales et sans charme ne s'excitent dans le noir les appels stridulés. De place en place, tique et taon, moustique et guêpe, tous entrés dans la quête forcenée des gouttes de la survie. Le vent levé venu de la mer, né des sautes d'humeur de la chaleur, le vent fraîchi paraît froid, et les épaules s'enlacent alors, se pelotonnent sous un châle léger, dans les pas ramenés aux abris des chaumières et des fermes. Sous le toit élevé d'un hangar ouvert au vent, des vols de martinets regagnent les nids haut perchés, là où le plus sagace avait su choisir un meilleur ope et un couvert plus sûr pour ses petits. Coulée du monde dans la nuit, paisible. Le lendemain aride est encore un peut-être.