Phrase fétiche 3 - Apprentissage

Devant cette nuit chargée de signes et d'étoiles, je m'ouvrais pour la première fois à la tendre indifférence du monde. Depuis toujours, j'étais bien trop sensible. Il me fallait du temps avant de comprendre que le monde ne tournait pas autour de ma sensibilité. Je pleurais de tous vos mots, de toutes vos remarques. J'étais desemparée de toute parole que je prenais comme une remarque désobligeante. Je m'enfonçais dans mon propre néant...

Le néant... Je ne comprenais pas du tout de quoi il s'agissait. Je ne comprenais pas que nous sommes tous issus d'un petit poisson, puis que les cellules se sont multipliées pour nous donner quatre jambes, puis deux. Je me demandais comment les hommes pré-historiques avaient pu survivre à certaines ères glacières, aux ouragans, aux typhons, aux orages...eux qui n'avaient pas de paratonerre. Et surtout, comment, avant de savoir faire du feu, ils pouvaient survivre aux peurs des nuits.

C'est ainsi qu'il me fallait pour comprendre alors regarder le ciel, sans lampadères ou perturbances qui me signeraient une seule lumière néfaste. Et je découvrais enfin les étoiles. Ma sensibilité n'était pas encore passée. J'ai alors pleuré devant la scintillance de ces étoiles. Je n'avais jamais vu plus belle lumière. Je ne connaissais que ce qu'on disait de l'ours polaire qui guidait les marins. Je les enviais les marins, de mieux s'y connaitre que moi. Et puis, j'ai vu que n'existait pas qu'une étoile. Je ne l'avais jamais remarqué malgré mes trente piges.

Je regardais le ciel, puis un homme s'est approché de moi. Il m'a alors appris Céphée et Cassiopée. Et qu'il m'apprendait chaque jour un nouvel astre.

A cet instant précis. Je suis tombée amoureuse. Et à cet instant précis, j'ai compris que ma sensibilité, face à toutes les nouvelles références que j'aurai sur l'univers, ne deviendrait plus qu'indifférence, tellement j'avais à apprendre plutôt que de penser à ma sensibilité.