piège sur l'autoroute
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Piège sur l’autoroute
Premier épisode
Suzanne s’adossa contre le mur, la poitrine bombée, dans une attitude sans équivoque. Paul l’attrapa par les hanches et la serra contre lui. Déjà elle s’acharnait sur son oreille, les doigts parcourant son crane nu. Il sentait dans son cou sa respiration rauque et enfiévrée, la respiration de la tigresse cachée en elle. C’est ainsi qu’il l’aimait, offerte et passionnée. Une passion qui avait toujours su depuis cinq ans maintenir en harmonie leur couple. Et même l’arrivée deux ans plu tard de Karim n’avait rien ôté à l’attirance qu’ils continuaient d’éprouver l’un pour l’autre. D’ailleurs cette idée de partir en vacances à la campagne, c’était pour profiter de la solitude des montagnes et renouveler les effluves magiques de leur tendre amour. Dire que ses parents n’avaient pas voulu de cette union. Suzanne était une ancienne voisine de Brotteaux dont le souvenir des frasques de jeunesse aurait laissé dubitatif le plus libéral des parents. Des rumeurs avaient même couru qu’un de ses ex avait juré de la mutiler pour résorber ses foudres luxurieuses qu’elle se plaisait à exposer avec une inédite dextérité. Mais tout ça n’était plus qu’un souvenir lorsque Paul la rencontra dix ans plu tard. Même si elle n’avait rien perdu de son charme c’était maintenant une jeune femme sereine et pleine d’assurance. Elle venait postuler comme assistante dans son cabinet de consultation en audit des affaires. Elle ne connaissait pas grand-chose au droit mais il avait bien vite compris à son aisance naturelle et son physique de rêve qu’elle allait être un atout de taille. Dans un milieu aussi concurrentiel que le sien, le moindre avantage pouvait occasionner un véritable exploit. Dès les premiers essais il comprit qu’il ne s’était pas trompé. En quelques mois il vit sa clientèle se doubler, puis se quadrupler au bout d’un an. Il savait que ces braves messieurs ne l’envahissaient pas que pour sa compétence. Les beaux yeux de Suzanne y étaient pour beaucoup. Des yeux sous le charme desquels lui non plus ne pu résister. Et malgré l’opposition des siens trois ans plu tard il épousait l’ex bombe incendiaire de Brotteaux. Leurs rapports professionnels changèrent du même coup. Elle était devenue plus qu’une simple assistante, elle était devenue sa partenaire. Un partenariat fructueux, dans la vie comme dans les affaires. Suzanne était un ange et il ne cessait de remercier le ciel de l’avoir rencontrée.
-On ferait mieux de partir, susurra t-il à regret, nous avons encore deux heures de route. En plus il doit y avoir bien des mecontents là dehors ! On a suffisamment réquisitionné les toilettes comme ca…Allez ouste !
-Ok, fit-elle à contre cœur. Donnes moi juste une seconde, le temps que je me recoiffe. Tout le monde ne doit pas savoir que mon mari est une brute !
Elle acheva sa phrase avec un petit sourire entendu qui faillit l’amener à réviser ses positions. Mais le souvenir du long chemin qui leur restait à faire l’en dissuada.
Devant la glace Suzanne essaya tant bien que mal de remettre de l’ordre dans ses mèches en furie.
-ça y est ! Lança t-elle en se retournant vers lui puis, les mains sur les hanches, elle demanda :
-Alors, comment tu me trouves ?
Une bimbo magnifique. Taille fine, jambes galbées montées sur des escarpins de quinze centimètres, poitrine généreusement mise en exergue par une petite robe volante au décolleté très suggestif …Paul n’eut qu’un mot à dire :
-Magnifique. Comme toujours… ! Allez il faut rejoindre le petit maintenant ! Il doit commencer à s’impatienter.
Devant les toilettes, deux types attendaient, l’air furieux. Ils leur jetèrent des regards de flamme. Le couple n’y fit pas attention et regagna le bar d’où filtrait en fond sonore un vieux titre de Patricia Kaas. C’était une chanson qui parlait de soleil et de Marseille. Les habitués savaient que Jo était capable de la faire jouer en boucle toute la journée. Elle lui rappelait sa bonne vieille Marseille qu’il avait dû quitter avec ses parents alors qu’il était âgé de 18 ans, pour s’exiler dans ce trou perdu. Son père, un ex employé des chemins de fer licencié à l’issue d’une restructuration de la société, avait trouvé à veraux le moyen de se refaire une santé financière en devenant commerçant. La maison du repos vit le jour, au grand bonheur des voyageurs. La route pour le sud n’était plus un long parcours ennuyeux et éreintant. Entre deux plaines interminables, on pouvait s’offrir un petit repos réparateur. Le relais tenait à assurer à ses clients un service de qualité et pour y arriver toute la famille devait mettre la main à la pâte. Joseph dû abandonner ses rêves decitadin pour s’habituer à cette nouvelle vie. Et même s’il demeura longtemps nostalgique du soleil de Marseille et de ses jolies filles pulpeuses, il ne songea pas y retourner à la mort de ses parents. En 40ans beaucoup trop de choses s’étaient passées à vernaux et il ne désespérait plus d’y trouver l’amour.
A 58 ans, ce vieux célibataire demeurait un sujet de curiosité pour les villageois. D’étranges rumeurs le suspectant de rouler de rouler de l’autre coté du trottoir circulaient même à son sujet. Il s’en défendait et à tous ceux qui s’étonnaient de le voir encore seul, il répétait n’avoir pas encore trouvé la bonne.
« Sûr que ça viendra, l’avait raillé un jour un villageois, même qu’un de ces quatre le coq finira par retrouver ses dents… » Le coq n’avait jamais retrouvé ses dents mais lui avait perdu les siennes. Depuis, il leur était passé aux villageois l’envie de lui faire des blagues.
Suzanne et Paul s’avancèrent jusqu’au comptoir, attendant que Jo ait fini de servir trois types qui venaient de s’asseoir à la table qu’ils occupaient un moment plu tôt.
-Je t’attends dans la voiture, fit Suzanne fatiguée d’être restée trop longtemps debout sur ses escarpins.
Près de la porte elle fut bousculée par quelqu’un.
-Hé… faites attention !
Le type se précipita vers la sortie sans même se donner la peine de s’excuser. Elle le regarda disparaitre, d’abord ébahie, puis inquiète.
-ça va ?
Sans qu’elle ne sache trop pourquoi, elle se sentit réconfortée par la voix de Paul.
-Oui rien de grave. Un type maladroit qui vient de me bousculer. Ça va ? T’as payé ?
-Oui. Et regarde je nous ai pris des provisions pour la route. Sur la carte il n’ya pas d’autre relais avant une dizaine de km et tu me connais avec mes petites faims…
Tandis qu’ils franchissaient la porte elle dit :
-C’est bizarre. L’instant d’une seconde j’ai eu le sentiment que c’est le même que nous avons rencontré sur la route…
-Qui ça ?
-Le type qui m’a bousculée…
-Si c’est le même, y a pas moyen de se tromper. Ya pas deux mecs au monde rabougris comme ça. Qassimodo lui-même n’y verrait que du feu. Tu vois, on aurait dû le prendre ce pauvre type. Voilà que t’es devenue sa pire ennemie…acheva t-il sur un ton railleur.
-C’est ça moques toi !
Dehors le temps était magnifique. Les nuages sombres s’étaient dissipés avec l’orage, cédant la place à un ciel pur et prometteur. Dans le lointain, les reliefs montagneux se dressaient fièrement – vaste amoncellement de chênes et de peupliers noyés dans l’horizon sous fond d’azur- comme la touche finale de ce tableau digne d’une galerie de Picasso. Ces vacances s’annonçaient fantastiques ! Le sud avait la réputation de ces paysages magnifiques qui attiraient des foules nombreuses en période estivale. Le détour valait la peine, en dépit de l’autoroute A666 et de sa sinistre réputation. Il avait engrangé tellement d’accidents qu’on l’avait surnommé « l’autoroute de la mort ». Certains rescapés avaient laissé courir une rumeur assez étrange. Ils disaient avoir aperçu des ombres sur la chaussée quelques minutes avant l’accident. Une vieille dame disait même avoir reconnu une forme voutée qu’elle attribuait à Béranger, le bossu le plus célèbre de France décédé au cours d’un accident survenu sur l’autoroute. Toutefois pour le commun des mortels il ne s’agissait là que d’élucubrations insensées liées à quelque traumatisme post émotionnel. La plupart du temps les gens ne prêtaient d’ailleurs à ces ragots qu’une oreille distraite.
Suzanne et Paul traversèrent la cour avant du relais recouverte de gravier en essayant d’éviter les flaques d’eau formées par la pluie. Suzanne avançait avec précaution, agrippée au bras de Paul, ne voulant pas que le sable érafle ses escarpins.
La jeep était garée en contre bas de la chaussée, à 50 mètres du relais. A 100 mètres de la jeep, ses yeux s’agrandirent d’horreur :
-Karim ?
Oubliant presque ses talons elle s’élança vers la jeep. Elle était vide. Son cœur s’affola.
-Hé du calme ! Fit Paul, il ne doit pas être bien loin.
-Karim… ? Karim !
Mais le petit n’était nulle part. Réalisant soudain qu’il était peut être arrivé le pire, Paul retourna au bar, furieux. Il n y avait pas grand monde. Les trois hommes qui déjeunaient en silence et dans un coin, un autre, seul, qui lisait un journal. Jo essuyait les verres derrière le comptoir.
-Est-ce que l’un de vous aurait vu mon fil ?
Quatre visages patibulaires le scrutèrent en silence, puis chacun se remit à sa besogne.
Furieux, Paul s’avança jusqu’à la table des trois hommes et du revers de la main envoya valser leur déjeuner sur le parquet humide du restaurant.
-C’est à vous que je parle hurla t-il, où est passé mon fils ?
L’un des trois, un type gras à l’air maussade, se leva et le fixa durement.
-Nous pouvons être n’importe quoi dans ce trou perdu rugit-il, mais pas des kidnappeurs d’enfants vu ?
-Et qui est ce qui vous a parlé de kidnapping ? Renchérit Paul, soudain alerté et furieux, j’exige que vous me rendiez mon fils tout de suite sinon j’appelle la police…
Contre toute attente, les trois hommes éclatèrent de rire.
-Mon cher ami, le poste de police le plus proche est à 10km d’ici. Le temps qu’ils arrivent et votre fils ne sera plus qu’un tas de chair à ramasser à la pelle…
C’en était trop. Paul lui lâcha un coup de poing dans la mâchoire. Le gros bonhomme fut projeté par terre, sous le regard effaré de ses compagnons. Ils foncèrent aussitôt sur Paul et l’ayant projeté au sol, se mirent à lui assener des coups de pieds.
-Lâchez- le ! Hurla Suzanne qui regardait la scène, impuissante.
C’est alors qu’intervint Jo.
-Arrêtez ça tout de suite ! Hurla t-il. Si vous avez des comptes à régler, allez le faire ailleurs. Ce n’est pas un bordel ici nom de Dieu !
Mais les types ne semblaient pas l’écouter. Ils redoublèrent de fureur contre le pauvre homme qui essayait d’épargner son visage en le cachant de ses mains.
Jo s’en fut derrière le comptoir et en ressortit un fusil de chasse qu’il pointa en direction de la fenêtre. Le coup partit, assourdissant. Les trois hommes se ressaisirent aussitôt. Le canon était pointé vers eux.
- Maintenant dégagez ! Vite !
Ils partirent sans demander leur reste. Il ne restait plus que Paul qui essayait de se relever. Suzanne accourut et l’aida à s’asseoir sur une chaise.
-Vous devez partir vous aussi ! Insista Jo, le canon toujours menaçant. Je suis un type tranquille et je ne veux pas d’embrouilles…
Paul leva vers lui un regard décidé. Il avait la lèvre fendue et un bleu commençait à se former au dessus de son sourcil droit.
-Je ne bougerai pas d’ici sans mon fils ! Laissa t-il tomber d’une voix sans appel, puis sans se soucier de ce qu’en pensait son hôte, il se retourna vers Suzanne qui entreprenait de nettoyer sa plaie avec un mouchoir.
Dans son coin l’autre type continuait de lire son journal en silence.
-Et lui, pourquoi vous ne lui demandez pas de s’en aller ?
-C’est pas vos oignons ! Renchérit sèchement Jo. C’est mon local et vous m’apportez la poisse …
Il allait de nouveau les rudoyer quand le téléphone se mit à sonner. Il courut jusqu’au bar et décrocha. L’instant d’après il demandait :
-C’est vous Mr Ballourd ?
Comme s’il s’y attendait, Paul bondit littéralement de son siège et lui arracha presque le combiné.
-Allo ? Mr Ballourd à l’appareil. Qui êtes vous… ?
-Ce n’est pas à vous de poser des questions, répondit- on rudement. J’ai votre fils avec moi. Si vous voulez le revoir vivant je veux votre femme en échange !
-Vous êtes complètement malade… ! Rugit Paul sans réfléchir.
-Je vous conseille de surveiller votre langage, sinon quelqu’un pourrait s’en trouver mal…
-Mais je ne vous donnerais jamais ma femme ! Répéta t-il, écœuré de dégout et de rage.
-Ce sera elle ou la vie du petit ! C’est à vous de choisir…Mais dans le fond je sais qu’elle aimera venir. Je l’attends depuis si longtemps et maintenant que je l’ai trouvée je ne suis plus près de la quitter…
-Putain qui êtes vous ?
Il y eut un court silence, puis le type éclata de rire. Un rire aigu. Glacé.
-Ne vous éloignez pas trop du relais, je vous recontacterai bientôt. N’oubliez pas. Pas un mot à la police…
Il raccrocha.
1er épisode
Alors que la famille Ballourd a fait escale dans un relais routier, au moment de partir ils remarquent la disparition de leur fils 3ans, Karim. Ils reçoivent le coup de fil d’un inconnu qui dit détenir l’enfant et demande Suzanne comme rançon.
2ème
Une ambiance de suspicion règne dans le couple. Quels rapports existent-ils entre Suzanne et le kidnappeur ? Pourquoi le type a parlé d’elle comme s’ils se connaissaient tous les deux ? Un air de suspicion qui dégénère en dispute et ne sera suspendue que par un nouvel appel du kidnappeur.
3ème
Il réitère sa condition. Paul essaye de l’en détourner par des propositions financière. En vain. Excédée, Suzanne consent à accepter l’échange. Le rendez vous est pris pour « mirage » un lieu de sinistre réputation. Suzanne s’y rends et découvre le visage du kidnappeur. Un autostoppeur qu’ils n’ont pas pris sur le chemin. Un type bossu à l’air perfide et malicieux qui lui fait peur. Elle veut croire qu’il agit par revanche mais perçoit bien qu’il ya autre chose...
4ème
Seul avec sa victime, le kidnappeur, essaye maladroitement de la séduire puis face à la répugnance de Suzanne devient presque violent. Il la lie et l’abandonne dans la cave. Puis tard dans la nuit, il la rejoint pour « consommer leur union » mais face à l’effroi de Suzanne en découvrant l’éprouvante difformité révélée par sa nudité, il s’enfuit confus et honteux.
5ème
Une fois réunis avec son fils Paul engage sa propre enquête et retrouve l’adresse de l’agence de distribution où la carte Sim utilisée par le kidnappeur a été achetée. Il parvient à y avoir quelques renseignements sur le raquetteur.
6ème
A la police il fait dresser le portrait robot de l’homme puis vole une arme.
A son travail, Michel-un type en qui l’extrême introversion a développé un coté maniaque méconnu du public- se fait railler par une stagiaire survoltée et décide de prendre sa revanche .Mais il s’enfuit du bureau en découvrant à la télé qu’il est recherché.
7ème
Seule dans la cave Suzanne profite du départ de Michel pour se libérer. Elle découvre dans une vieille malle une lettre dans laquelle Michel confesse un crime et comprend que son bourreau est un vrai maniaque.
8ème
Furieux de cette tournure des événements Michel décide de s’enfuir avec Suzanne non sans avoir menacé Paul de la tuer. Dans son accès de colère il commet une erreur et lui livre inconsciemment le moyen qui permettra de le retrouver.
9ème
A demi-éclairé par l’indice, Paul se souvient d’un incident qui s’est produit avant qu’ils ne rencontrent l’autostoppeur : c’est la clé du mystère.
Un flash back sur l’événement en question : après s’être égarés sur la route ils ne retrouvent leur chemin que grâce à un type étrange qui les renseigne et qui assiste, à leur insu, aux ébats du couple. Jaloux de ce bonheur auquel il n’a jamais eu droit il décide de se venger
10ème
Par une ruse bien orchestrée Suzanne parvient à s’enfuir. Michel la poursuit et la rattrape dans la foret où s’engage une lutte dont elle sortira vainqueur