Pièges du dialogue
breinmilliner
Souvent je prends le temps de lire des textes mis en ligne par de « jeunes auteurs ». L'âge réel n'est pas un critère mais c'est juste la maturité dans l'écriture qui prévaut. Laissons de côté les « premiers jets » qui ne devraient même pas être mis en ligne (voilà matière à discuter d'ailleurs) et considérons les autres. Certains textes que j'ai pu lire sont excellents, très bien écrits, très travaillés.
L'écriture n'est pas un exercice facile (c'est un poncif mais bon, il faut parfois rappeler les évidences…) et tous ceux qui s'échinent réellement en ont conscience mais, même un texte peaufiné amoureusement peut laisser passer des imperfections dont l'auteur ne sera pas lui-même conscient.
Créer des personnages requiert beaucoup de patience : il ne s'agit pas seulement de décrire physiquement, ou bien de mettre en action, il est important de créer une véritable personnalité et de l'adapter selon les besoins de l'histoire, mais reconnaissons le : plus les personnages sont soignés, plus riche sera le récit. Pour ce faire construire un caractère complexe est plus que nécessaire, même sur des personnages considérés comme secondaires qui pourront beaucoup apporter à l'intrigue (prenons l'exemple de “Game of Thrones” de G.R.R Martin et sa myriade de personnages…). Mais il est un piège dans lequel il est aisé de tomber, une difficulté a bien prendre en compte. Piège dont j'ai également fait l'expérience.
L'erreur souvent commise se produit au niveau des dialogues entre les personnages. Bien que chacun soit sensé avoir sa propre personnalité, bien souvent elle s'efface totalement dans les dialogues et brutalement un enfant supposé avoir une dizaine d'année va soudain utiliser des tournures de phrases et un vocabulaire complètement inadapté à son âge. Alors à moins qu'il soit soudain hanté par une entité bizarre…
Ou bien parfois l'illusion d'avoir affaire à des clones est totale : la manière de parler des protagonistes quelque soit leur rôle et pedigree est totalement similaire. Pourquoi pas, la chose est acceptable pour des individus parlant la même langue, plus ou moins issus du même milieu, cependant par simple observation de l'environnement immédiat, avez-vous vu deux personnes s'exprimer exactement de la même manière ? Chacun aura ses préférences quand aux mots choisis, à la façon d'organiser ses phrases. Et quand aux tirades sans fin, ses phrases à rallonge sans hésitation ni coupure, véritable discours organisé, franchement, en dehors des hommes politiques ou autres orateurs professionnels, qui s'expriment de cette manière ?
Il est important de servir son histoire, mais il est aussi important de rester crédible. Le vrai talent pour certains auteurs est de parvenir à maîtriser ces difficultés, et pour d'autres (comme moi) ce sera beaucoup de travail et de persévérance avec parfois un résultat plus où moins satisfaisant.
Savoir lever le nez de son histoire, observer la réalité avec curiosité, donnera toujours un avantage qu'il convient ensuite d'utiliser à bon escient.
BreinMilliner.
Billet publié sur le blog Jour J : https://despointssurlesi.wordpress.com
C'est bien pour cette raison que le dialogue est un exercice que je ne supporte pas. J'essaye de faire des phrases courtes. Après, je n'arrive pas non plus à rentrer dans un récit où il y a des pages, des pages et des pages de dialogue. Je trouve que ça casse trop le rythme.
· Il y a plus de 9 ans ·lorine
Bonjour Lorine,
· Il y a plus de 9 ans ·Merci d'avoir pris le temps de lire cet article, j'espère qu'il n'était pas trop rébarbatif. C'est vrai que faire des phrases courtes ce n'est pas plus mal. Et puis trop de dialogues ce n'est pas bon non plus, après c'est une question de juste équilibre entre le récit, les pensées des personnages et les dialogues.
Je lirai avec plaisir tes écrits.
@ Bientôt,
Brein
breinmilliner