Pigalle, l' interlope

- Pourquoi t'hésites sur ce coup ? C'est du gâteau !

- Non, c'est fini, je n'ai plus d'appéti. Je raccroche les gants.

- Alors, viens à la soirée, chez Dédé, y'aura des filles tops.

- Non, moi les filles, ça ne fait plus bander.

- Si tu préfères des vieilles, ça s'trouve !

- Non ! Plus rien me fait bander.

Et c'est alors que pénètre dans le bar mal-famé, interlope, mais louche, Poivrot en personne d'autre et complètement bourré comme une barrique.

« Haut les mains, espèce d'Ordures ! Ou je vous zigouille ! » Crit-il en hurlant et en brandissant un flingue, aussi.

On aurait pu entendre, une mouche volée dans l'atmosphère oppressante de l'appréhension de l'incertitude, dans l'air saturé d'une attente malsaine. Mais c'est con, il n'y avait pas de mouche.

Les deux truands se regardaient en coin, communiquant des yeux. Ils élaboraient une stratégie de fuite-attaque ou l'inverse en silence. Ca en fait des clignements d'yeux et des mimiques ridicules. Et en plus, on n'est pas sûr du résultat. Tout se passe dans les regards et les plans de caméras pour suggérer un message. Bref, le plus souvent ça foire.

Leurs armes chargées à bloc pesaient lourd dans leurs poches. Je précise pour qu'il n'y ait pas de malentendu, qu'ils avaient chacun la leur, d'arme et de poche et aucune raison de la mettre dans la poche de son acolyte respectif. Mais ne nous éloignons pas trop de l'intrigue.

Qui tira le premier ? Difficile à dire. Ce qui est sûr, c'est qu'un des truands, le borgne, se tira dans les couilles. En sortant maladroitement son arme de sa poche trop étroite.

Le deuxième truand n'eut pas cette chance. Dans le tumulte, personne ne comprit comment il avait réussi à se tirer une balle entre les deux yeux et par derrière, en dégainant.

Quand a Poivrot, il tua la barmaid.

Arrestation réussie.

Pour la petite histoire et par chance, ce fut le truand qui ne bandait plus qui se tira une balle dans les couilles. Mais ça fait mal quand même.