Place du Panthéon

  Je suis bien là.

Debout sur toi, mes pieds caressent ta peau goudronnée. J’observe les gens. Certains vont vite. Passent devant ton Panthéon,  sourient, s’embrassent, te prennent en photo.

Te voilà figée dans leur appareil.

Séquestrée.

 Un morceau de ton monument, un coin de ta place. Un peu de ton odeur de crêpe au sarrasin, de café des terrasses et de vanille. Ca remonte depuis la rue Soufflot jusqu’à toi. Depuis les intérieurs chauds jusqu'à toi.

Tu ressembles à un nombril. Un petit centre. Les rues comme tant de veines dessinent des chemins.

Tu gardes au chaud les tombes des beaux morts. Aux grands hommes la patrie reconnaissante. Lève le menton, regarde toi comme tu es fière. Elle est jolie ta place.

Elle est jolie ta place.

Tu fais des envieuses dans la ville.

Je suis bien là. Je ne bouge pas.

Assis sur les marches, tes étudiants te regardent.  Ca chahute, chante, danse en toi.

Je t’embrasse sur tes pavés mouillés, glissants, sur tes lampadaires usés, sur tes murs coloriés,

Je t’embrasse sur la bouche car tu ressembles à Paris.