Plaidoirie pro domo

Emilia Jarry

Tu voulais pas entrer. Tu faisais ta mijaurée à la porte de la salle d'audience.« J’ai peur… j’ai peur » tu couinais, en laissant couler tes larmes de crocodile. Salope ! Tu m’as bien baisé, hein ? C’est à cause de toi si je suis là. Si tu m’avais pas fait croire que c’était possible entre nous, tu serais pas là aujourd’hui, et moi non plus. Moi je serai tranquille au vert, en attendant que ça se tasse, et toi tu serais bien au chaud, six pieds sous terre. Mais t’es là, à jouer les pauvres victimes devant la cour. Je t’entends dire au président que tu es détruite, morte à l’intérieur, plus capable de rien… En attendant, tu m’as l’air encore tout à fait baisable. A l’intérieur, j’sais pas, mais à l’extérieur, il te manque rien : pas une dent, pas un ongle, pas un cheveux. T’es toujours aussi bonne. Comment t’étais bonne ce jour-là ! Il faisait une chaleur d’enfer. J’attendais à l’ombre, quand je t’ai vu passer à petites foulées : mini-short,le ventre à l’air, les nichons qui ballotaient... « Putain ! C’est celle-là ! j’ai pensé en te voyant » Y avait personne, j’ai pas hésité… Hop viens par ici… Ah oui, putain, t’étais bonne… Ton petit cou dans mon poing, le souffle de ton haleine… J’avais déjà la trique, je me suis collé derrière toi, ma queue entre tes fesses et j’ai murmuré à ton oreille qui sentait bon la sueur « Ta gueule ou je te tue ». T’as plus rien dit. C’est pas comme maintenant où tu te répands… Tu trahis notre histoire ! J’ai pas rêvé, il s’est passé un truc entre nous, non ? Et là, maintenant, tu viens dire devant tout le monde que non, que c’était une ruse, juste pour pas crever. Menteuse ! Connasse ! J’aurais jamais dû t’écouter, j’aurais jamais dû accepter de quitter le sous-bois. Tu m’as baisé mais moi, j’ai défoncé ton petit cul, et ça, tu peux pas dire que c’est pas vrai ; et ta petite gueule d’ange aussi, jusqu’au fond, même que t’as failli dégueuler. Et ta chatte, bien sûr, ta chatte blonde comme une petite fille. Putain que c’était bon ! Surtout quand tu me disais « Non, pas comme ça, attend, laisse-moi faire… » Là, c’était… C’était grand… J’avais l’impression qu’on était pas à poil, le cul dans la terre, mais dans des draps de soie, comme des amoureux qui s’aiment… Putain, j’aurais dû te saigner, comme prévu. Tout était prêt, j’avais déjà fait ton trou ; j’avais le couteau dans la main… J’avais plus qu’à te le faire glisser sous le menton, comme d’hab. Mais toi, tu m’as embrouillé, tu m’as parlé comme si on se connaissait. Tu m’as dit que t’aimais bien les gros balèzes comme moi, « Minimum 1m 90, 120 kg » t’as dit. Et moi, j’étais content, je correspondais exactement… Tu m’as dit que t’avais pas de copain, que tu te sentais seule dans la vie, que t’en cherchais un , un peu comme moi, et moi, j’en revenais pas qu’on soit pareils, et qu’en plus tu sois si bonne, si blonde avec les yeux bleus, la peau blanche et fine… Tu t’étais salement écorchée en roulant au fond du ravin. A des endroits, il manquait la peau. Tes fesses étaient épluchés comme du saucisson, et toute sales, mais ça me gênait pas au contraire… Je trouvais ça encore plus bandant… D’ailleurs toi aussi, t’as aimé ça, salope, sale traîtresse… t’as gueulé fort quand j’ai juté sur tes plaies. Tu disais pas « Non » en tout cas. Tu gueulais tellement que j’savais plus quoi faire. Tu me refilais la trique, et en même temps j’avais les j’tons qu’on t’entende. « Ta gueule, moins fort » j’t disais ; mais y avait rien à faire… Tu comprends que le couteau… Quand t’as vu que tu saignais, t’as eu peur, et tu l’as fermée. Tu ferais mieux de la fermer maintenant aussi, au lieu de mentir à la cour, comme quoi j’suis un serial killer, pas seulement un violeur ; que tu lisais le meurtre dans mes yeux. Salope ! Et dire que j’ai fait tout ce que tu voulais… J’ai même accepté qu’on aille aux chiottes dans le parc pour que tu puisses te débarbouiller avant de filer à la mer. Et toi, t’as tout gâché, t’as trahi ma confiance, tu nous as trahi, et tu continues, là devant tout le monde ! Putain, c’est la dernière fois qu’j’écoute une gonzesse. La prochaine, d’abord j’l’égorge ensuite j’la baise…

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