Plus de vie

Je n'ai jamais essayé mais je l'ai souhaité longtemps. Je l'ai voulu chaque jour durant une année. Quand les heures sombres tombaient, que les derniers rayons du soleil se couchaient et que l'obscurité gagnait du terrain, cette obsession progressait lentement vers mon esprit. Une mauvaise herbe qui germait nuit après nuit. J'en rêvais. Que tout s'arrête.

Je n'ai jamais essayé mais j'ai passé des heures à l'imaginer. A élaborer des plans contre ma propre vie. A visualiser quel était le meilleur plan, la meilleure stratégie. A ressentir la peur intense puis le soulagement salvateur. A sentir le canon contre ma tempe, froid et dur. Impersonnel et provocant.

A me regarder sauter de mon balcon, voler, tomber vite ou lentement, le vent puissant contre ma peau, entendre un bruit sourd et violent. Des brisures en mille morceaux et du sang.

A m'observer en train d'avaler des quantités indécentes de médicaments, frénétique et terrifiée. Attendre, attendre que tout cela se disperse en moi, se répande dans mon estomac et monte jusqu'à mon cerveau. Planer, trembler, tomber, pleurer ; s'endormir…

Je n'ai jamais essayé mais j'ai tellement prié. Pour que la douleur ne soit plus. J'avais tellement mal, à l'intérieur. Un feu incompréhensible, incontrôlable et inépuisable. J'ai espéré si fort qu'il n'y ait jamais de lendemain à mes nuits. Plus de soleil. Plus de vie.