Poc et toc

padam

Quand le pot de choco est à la base de comportements compulsifs…

J., grand amateur de choco devant l’éternel, a acquis, au fil des années, une dexterité sans pareille pour gratter les fonds de pots. Nous sommes allés à sa rencontre afin de cerner d’un peu plus près l’activité qui le passionne.

Nous pourrions commencer par nous interroger sur les origines de ce savoir-faire. Nous devrions alors remonter dans sa petite enfance pour tracer la genèse de ce comportement pathogène envers ledit choco. Mais nous nous écarterions ainsi de manière inconsidérée de ce qui nous intéresse. Et même plus, j’ose dire que nous nous perdrions dans des chemins de traverses jonchés de ronces si nous nous aventurions de ce côté [c'est d'ailleurs pourquoi nous laissons ces considérations au repos pour le moment, nous reviendrons là-dessus au moment opportun et dans la catégorie ad hoc, "psychanalyse et bulgur"... pages encore en devenir mais qui s'annoncent déjà prometteuses!]. Trève de tergiversations donc, revenons à ce qui nous préccupe : l’homme au pot de choco, et tentons de saisir cette rage, cette hargne à terminer à la cuillère – seul ustensile autorisé par le puriste du pot de choco (PDPDC), catégorie dont J. fait partie – un pot presque déjà vide…

Vide! Le mot est lâché. Le PDPDC ressent une angoisse indicible face à un pot présentant une prédisposition à la vacuité (un pot de choco en train de se vider, quoi). L’angoisse est tellement saisissante que seule la cuillère peut calmer le sujet en proie à ce sentiment.

Le puriste se munit alors de son arme et gratte consciencieusement, avec un souci du détail qui ressemble à s’y méprendre à de la dévotion, il gratte donc la paroi du verre qui détient encore une once de cette précieuse pâte cacaotée.

Rien ne doit rester, rien ne peut reste, ô malheur, sacrilège et profanation! Un pot vidé par un professionnel de la cuillère doit répondre à des critères rigoureux (édictés par la société des puristes anonymes, mais n’entrons pas dans les détails pompeux, cela alourdirait le propos déjà gras) :

- le pot semble propre, limpide, transparent, lavé! On DOIT croire qu’il sort du lave-vaisselle… Seule l’étiquette restée entière et intacte signifiera à l’assemblée qu’il s’agit d’un pot victime de l’attaque d’un PDPDC.

-les striures dues à l’utilisation systématique de la cuillère sont régulières, linéaires, parfaites, mathématiques.

Une fois sa mission accomplie, le PDPDC éprouve un plaisir proche de la jouissance! Il éructe de joie à l’idée d’éliminer ainsi toute trace de choco. Il va même jusqu’à éprouver une sensation de satiété une fois l’opération terminée, mais nous ne sommes pas dupes, loin de là : il s’agit uniquement d’une construction de son esprit : il s’invente la satisfaction! Lorsque vous lui proposez une olive ou une petite tranche de fromage à pâte molle, à l’heure où tout le monde a faim (autrement appelée l’heure de passer à table), le PDPDC qui vient de gratter l’ultime couche de son choco vous répondra : « Non merci, j’ai déjà soupé! ». C’est ça oui… C’est cela. Ah, le PDPDC…

Notez que toutes les marques de chocos belges conviennent au PDPDC, même s’il peut avoir des préférences. Mais, en principe, le PDPDC stylé accepte tout et n’importe quoi tant que c’est du choco!

Un nouveau toc belge?

Bon appétit.

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