Portrait - Place Jean Jaures

poulpita

Ville blanche. Murs accueillants. On y passe la main, on s'attendrait à ce qu'ils soient chauds. Une place. Pavés historiques. Volée de marche. Jean Jaurès au milieu. Le sol en pente. Un souffleur de feu. Troubadour égaré sur la fin de l'été. Elle fume. Le regard fixe. Perdu. Nul doute. Perdu. Elle porte une cigarette blanche et longue à sa bouche, fatiguée. Coiffure impeccable. La mèche brune et brillante, exactement glissée sur son oreille. Le manteau impeccable. Une écharpe soigneusement nouée autours de son cou. Elle fume. Tire. Souffle. Ses joues se creusent longuement. Insuffler. Les épaules fixes. Souffler. Les lèvres à peine ouvertes. Une colonne de fumée horizontale, droit devant elle, vers le trottoir. Comme un pic, comme une vengeance. La cendre grise grandit vite, gagne du terrain sur le papier blanc. La braise se cache, grésille à peine. Elle garde le filtre près de sa bouche, le regard noyé, maintenant. Ses gestes sont courts. Le café posé sur la table bistrot ne fume plus. Son froid intérieur gagne. Elle ferme les yeux. Pour retenir ce moment, où il faudra se lever. Entrer dans la danse.

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