Position

ttr-telling

Simon Larcher, en attente de jugement après avoir aidé une fillette qui se faisait agresser.

- "Comment je décrirai Simon?"

Son regard se perdit dans le vide, réfléchissant à la réponse à donner. Ses sourcils se froncèrent légèrement derrière ses petites lunettes rectangulaires. Quelques mèches grisonnantes s'échappent d'un chignon strict pour venir encadrer un visage doux, dont les rides trahissent des rires fréquents et des sourires nombreux.

- "Discret, gentil, serviable... Toujours calme."

Elle porta une petite tasse à sa bouche avant de souffler négligemment la fumée qui s'en dégageait. Elle pris une gorgée du thé brûlant, en fermant des yeux pochés, alourdis de cernes.

- "Pardon mais, comment expliquez vous que quelqu'un de "toujours calme" ait pu faire une telle chose?

Elle regarda la journaliste droit dans les yeux. Un regard franc, honnête, droit.

- "Il a laissé ses émotions prendre le dessus. Vous n'êtes pas sans avoir pourquoi il a agit comme il l'a fait."

Elle marqua une pause en regardant sa tasse, avant de braquer à nouveau son regard sur la journaliste.

- "Je vais être honnête : je n'encourage pas la violence. Mais là..."

Une nouvelle pause. Elle semblait se mettre en tête des images, lui arrachant une grimace de dégout.

- "Là, je reste fière de mon fils."

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- "C'est un sauvage ! une bête ! un monstre !"

Une petite femme replète, d'une cinquantaine d'années, fulminait, en larmes, face à la journaliste.

- "Vous parlez de votre fils, ou de son agresseur présumé?"

Elle pris la remarque de plein fouet. Elle se mis alors à hurler.

- "De quel droit vous permettez-vous ?! Mon fils est MALADE ! Ce n'est PAS sa faute ! Mais lui..! Ce DEMON ! Est ce que vous avez seulement vu dans quel état il a mis mon fils ?!"

Elle se mis pleurer à grosses larmes, les épaules vacillantes.

- "Il n'a que 25 ans !"

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- "Connaissais-tu Mr Larcher?"

Le regard fixe, la fillette blonde serrait un coussin contre elle, suffisamment fort pour blanchir les articulations de ses petites mains si fines et si fragiles.

- "Sarah? Tu es avec moi?"

Elle fini par détacher son regard à l'appel de son prénom. Elle leva de grands yeux ronds vers la psychiatre, l'air encore hagard.

- "Hein?

- Est ce que tu connaissais Mr Larcher?"

Elle parut ne pas comprendre la question.

- "L'homme qui est venu t'aider."

Un éclat apparu dans son regard, en même temps qu'un frisson.

- "Simon? Je ne connais pas son nom. Il m'a juste dit qu'il s'appelait Simon..."

Elle serra encore plus fort son coussin.

- "Et non, je ne l'avais jamais vu avant... avant..."

Sa voix se brisa.

- "D'accord Sarah. Et peux-tu me dire ce que Simon a fait?"

La fillette se mis à trembler, ses yeux se brouillèrent de larmes

- "Tout va bien Sarah. Tu es en sécurité ici. Tu es une jeune fille très courageuse.

Elle enfouit sa tête dans son coussin et se mis à sangloter.

- "Je veux voir maman...!"

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- "Si j'avais déjà vu ça?"

L'urgentiste se passa la main dans les cheveux d'un geste machinal.

- "A vrai dire, non. C'était pas beau. On a fait ce qu'on a pu. Mais il était vraiment dans un sale état."

Il pris une gorgée de café avant de s'adosser à la banquette du bistrot où il avait retrouvé la journaliste.

- "Et je sais d'avance ce que vous allez me demander, mais non. Je n'ai pas le droit de vous donner de détails sans l'accord direct du patient. Et non, je ne donnerai pas mon avis sur cette affaire."

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- "Mon nom sera pas cité hein? Je pourrai perdre mon boulot, et même mon droit d'exercer!"

Une femme d'une trentaine d'années, brune, élancée, se tordait les mains devant la journaliste.

- "Non, ce sera anonyme, je vous le promet.

- Mais dites pas non plus que je suis aide-soignante! sinon ils pourront faire le rapprochement !

- Ne vous inquiétez pas, vous ne risquez rien, vous serez totalement anonymisée."

L'aide soignante sembla hésiter un instant, avant de finalement se lancer.

- "Toute façon, il l'a bien mérité ! Heureusement que nous n'étions pas au courant de ce qu'il a fait à cette gamine..! Dire que je le prenais en pitié... Quelle ordure !

- Pouvez vous me dire de quoi il souffrait quand il est arrivé chez vous?"

La jeune femme brune contempla le lac qui faisait face au banc sur lequel la journaliste et elle étaient installées.

- "C'était moche. Mr Larcher, c'est bien ça son nom? ouais, bah il l'a pas raté. Il avait TOUS les os de la jambe... enfin de ses deux jambes, brisés. Il avait tous les doigts pétés, les deux épaules arrachées, et surtout il avait la mâchoire en miettes... Je me souviens bien, c'était moi qui lui donnait ses repas... Si j'avais su à ce moment là... je crois que j'aurais même pas pu le toucher..!"

Un frisson la parcouru alors que la colère s'immisçait dans sa voix.

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- "Si il fait de la prison, je peux vous assurer que je ferai circuler une pétition pour le relâcher illico, et que je ferai tout ce que je peux pour l'aider. On ira le voir toutes les semaines, et je harcèlerai la justice, je peux vous l'assurer ! Quand je pense que cette ordure, ce fumier ! va peut-être pouvoir faire réduire sa peine en jouant les malades mentaux, alors que Simon peut faire de la taule pour avoir sauvé ma fille de 8 ans! Ca me rend fou !"

Un homme à la coiffure courte et sévère fulminait derrière une moustache d'une belle envergure.

- "Si je puis me permettre, il ne s'est pas contenté de la sauver..."

Il ne laissa pas la journaliste terminer sa phrase

- "C'est tout ce qu'il méritait ! Et il peut même s'estimer heureux d'être encore en vie !"

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- "Bonjour Simon."

Il devait avoir une trentaine d'années, un visage doux, des yeux bleus et bienveillants, comme ceux de sa mère. Il semblait épuisé.

- "Bonjour."

Un sourire triste accompagnait sa salutation, à travers la vitre du parloir.

- "Pouvez-vous m'en dire un peu plus sur ce qu'il s'est passé le 28 Avril, quand vous... quand vous êtes intervenu au près de la petite Sarah?"

Il regarda ses mains ouvertes devant lui, le regard un peu perdu. Il sourit à nouveau, de ce sourire triste.

- "Juste que je suis arrivé trop tard, et qu'il y a eu deux victimes ce jour là."

La journaliste hoqueta de surprise, croyant avoir un nouveau scoop à portée de plume.

- "Vous voulez dire qu'il a agressé 2 fillettes ce jour là?"

Son regard doux et bienveillant vira aussitôt en une percée bleue et assassine.

- "Vous êtes v raiment tous les mêmes, les journalistes... Je parlais de Sarah, et de son agresseur. Je regrette d'être arrivé trop tard. Je regrette d'avoir perdu le contrôle. Je regrette d'avoir... d'avoir fait de l'agresseur une victime."

Il pris une longue inspiration, puis fit signe à un surveillant.

- "C'est fini."

Il se leva et s'en alla, encadré par les surveillants, sans se retourner vers la journaliste qui l'appelait encore en vain.


TTR.

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