Post Scriptum pour les contes de fées

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Il était une fois un Prince et une Princesse, ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants... Combien de fois me suis-je ou nous sommes - nous endormis avec ces doux mots en guise de Bonne nuit?

Les garçons seraient donc tous des princes et les filles toutes des princesses? Chacun avec sa chacune.

Le conte se révèle être une machination redoutable que nos chères petites têtes blondes absorbions au moment où nous étions les plus vulnérables, au lit, en pyjama, épuisées par une rude journée passée à courir, à faire des pâtés dans un bac à sable où chats et chiens du voisinage, qui une fois la nuit tombée, venaient y déféquer.

Là où les contes sont les plus redoutables, c’est au niveau des archétypes dont ils nous abreuvent, qu’ils soient féminins ou masculins.

Cendrillon, la Belle au Bois Dormant ne sont que des représentations de l’idéal féminin que chaque homme porte en lui. Le cheveu blond, long et soyeux, sensible, émotive, intuitive, positive. Elle apprend à l'homme à mûrir, elle le soutient dans ses épreuves, assure sa complémentarité. La belle n’a qu’une seule idée en tête : trouver le prince charmant, qu’elle soit déshéritée, endormie ou orpheline.

Le prince charmant lui, on ne lui connaît pas de nom, est plutôt brun, grand, imberbe, rationel, intellectuel, vaillant, bien né, créatif, indépendant, autonome. Il rend la femme créatrice, aimante, inspiratrice, conquérante, il développe en elle le courage et la spiritualité.
Le bellâtre n’a qu’une seule obsession : trouver sa charmante princesse qui lui assurera une descendance.
Bien entendu, un seul essai pour chacun et pour toute une vie.
Et puis nous grandissons, des princesses ont beaucoup d’enfants avec d’autres princesses, des princes vivent heureux avec d’autres princes.
Des princesses deviennent reines de leur château sans voir passer aucun cheval blanc, d’autres ont de nombreux enfants sans prince ou avec plusieurs.

Les bien nés restent bien nés, l’ascension sociale de Cendrillon se révèle être une utopie.
La blondeur de la Belle au Bois Dormant n’est plus associée à la femme bien aimante mais plutôt à des « bimbos »fantasmées.

"Mais la première vocation des contes est de renforcer la cohésion sociale : le héros, au début, se trouve toujours défavorisé, en position marginale, malgré lui. Mais il finit le plus souvent, grâce à ses vertus, ses efforts, grâce à des moyens extérieurs pouvant relever du merveilleux, par réintégrer la société et rentrer dans ses droits. Le conte fait rêver, sans trop d’illusions, à des lendemains d’où le mal serait banni. Il expose les contradictions et les conflits auxquels tout le monde est confronté ; il peut critiquer les injustices, les abus d’autorité, mais, en général, il ne remet pas fondamentalement en cause les normes sociales en vigueur. Il reflète la société telle qu’elle est avec ses drames, ses injustices, telle qu’elle se souhaite avec des héros idéalisés et le triomphe de la vertu."

C’est ainsi que tout au long de notre vie nous évitons et sachons nous protéger de feu le Loup du « Petit Chaperon Rouge » et de la sorcière de « Blanche-Neige ».
Mais les méchants changent de visages, obselète est la sorcière qui offre des pommes empoisonnées, actuels sont les rois qui offrent des sucreries aux enfants à la sortie des écoles.
Les contes ont pour eux que les vices perdurent, mais ils changent, ce à quoi une petite précision à la fin de chacun d’eux serait nécessaire sous forme de Post-Scriptum. Chaque conteur aurait la liberté de moderniser, d’actualiser ces textes intergénérationnels qui font partis de l’inconscient collectif, expliquant que pour de vrai des individus crèvent de faim, que dans le monde règne l’injustice.

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