Poupée de chair où est passée ta candeur d’antan ?

Poupée de chair où est passée ta candeur d'antan ? Ta joie de vivre s'est envolée.

Tu restes passive, dénuée d'expression ; tu regardes ailleurs. Tu ne prends plus plaisir à rien, tu n'es plus qu'un automate, te rends-tu réellement compte de ce qui t'arrive ?

Qui en est le coupable ? Est-ce ton père ? Tu n'es plus sa petite fille adorée. Est-ce ton vieux mari? Tu n'es plus sa jeune muse respirant la pudeur. Est-ce ton enfant ? Tu n'es plus sa mère : il te rejette lorsqu'il te voit.

Es-tu devenue un monstre ? Une créature hideuse inspirant le dégoût et la méfiance ? Plus personne n'ose te parler, te voici emprisonnée et isolée dans ta propre maison. Le silence te fait peur, mais le moindre bruit te fait sursauter. Ironique est la situation que tu vis. Tu aimerais ouvrir les fenêtres de ta chambre pour y respirer l'air pur et frais de la campagne, mais les lourds rideaux t'en empêchent. Tu aimerais sortir de cette antre sombre dans laquelle tu es enfermée, mais il t'est impossible de franchir le seuil de ta porte.

Tes yeux émeraude sont vides, tes longs cheveux encre sont emmêlés, ton blanc visage est cireux, seules les veines bleues qui jonchent ton corps fragile sont les derniers vestiges de ton attrait d'autrefois. Petite marquise, au-delà de ta beauté, tu as perdu l'esprit : tu es devenue folle.