Pour une centaine de milliards de neurones

manou-croze

À l'égard d'un ami dont la rencontre fut marquante :

Se tenant avachi sur sa table, il occupe le premier rang de la classe, comme à son habitude, soufflant régulièrement sur sa mèche de cheveux sombres, trop longs comme toujours, qui retombe obstinément devant ses yeux. Le visage éteint et les yeux cernés, il soupire et demeure silencieux pour ne pas attirer sur lui une attention risquant de lui nuire, car il faut l'avouer ; il n'a rien de ce que l'on pourrait appeler un Apollon, et est régulièrement la cible de remarques futiles prononcées par de stupides volatiles aux hormones dominantes que l'on l'oblige à nommer : camarades.


Autour de lui les cerveaux bouillonnent et les questions fusent telles des fusées, mais il préfère ne pas y prêter attention. Le discours hésitant d'un professeur n'étant plus habité par la passion de sa matière depuis des années déjà l'amuse, alors il écoute, simplement pour se divertir. Il sait chaque notion que le chef d'orchestre du cours prévoit d'enseigner à ses élèves, chaque terme que celui-ci va déglutir de sa mémoire pour remplir son contrat d'enseignant, bien que son statut de fonctionnaire lui assure de garder sa place malgré d'éventuelles erreurs.


Il aime l'humour noir, se moquer des politiques prétentieuses, des manipulations faciles et pourtant efficaces, ou encore des réactions de son entourage aussi amusantes que ridicules lorsque ces aimants « camarades » prennent conscience de la situation de l'État ou qu'ils comprennent une page d'histoire, par miracle, évidemment. Sous ses vieux habits et sa tignasse crasseuse, il aime se savoir moins ignare que ceux qu'il méprise au plus haut point, rejets superficiels de parents pédants.


Le soir, il aime déguster un bon roman historique et un muffin aux éclats de noisette, son préféré, en se laissant bercer par Chopin durant plusieurs heures. Petit génie des temps modernes, un jour, il saura prouver à ces piailleurs de bas étage ce qu'il vaut, et ce dont il est capable.

  • C'est tres clair et bien expliquant ! Seulement, si je puis me le permettre je ne suis pas d'accord avec l'idee que toi et tant d'autres ce font des enfants surdoués. Etre surdoué, je crois que ca ne veux rien dire. Les gouts ne definisse pas l'intelligence d'une personne, c'est une question de sensibilité. Connaitre l'histoire non plus ne definis aucune intelligence. Le savoir n'est pas l'intelligence. Et d'ailleurs, au savoir, nous ne pouvons pas accorder la notion de maturité. Ca n'a rien a voir. Et ton ami se sent moins ignare que les autres, mais ce n'est aps parce que nous ne possedons pas le savoir de notre societe que nous sommes ignares. Desole j'etais oblige 'expriler min avis ! En tout cas c'est bien ecrit !

    · Il y a presque 9 ans ·
    Mannequinat 4

    Hélène Benetreau

    • Ah mais je partage ton avis en tous points! C'est justement ce qu'il croit à vrai dire... À tord à mon avis! D'où son manque de recul vis à vis de son entourage sur leurs capacités dont il n'a pas forcément conscience! :) Merci beaucoup pour cet avis!

      · Il y a presque 9 ans ·
      Test2

      manou-croze

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