Pour votre gouverne.

Christophe Hulé

- Pour votre gouverne …

- Ma quoi ?

- Oui, bon, pour info …

- Ah, vous parlez Français.

- Vous vous adressez à votre Supérieur …

- « Supérieur », mais en quoi ?

- Bon Fernand tu fais chier, j'en ai marre de tes conneries.

- Attends René, on s'est battu bec et ongles pour racheter l'usine, alors tu nous la fais pas.

- Ben faut bien que j'entre dans la peau du personnage.

- Quel personnage ? Celui qui nous a laissé dans ce merdier ?

- Putain c'est trop dur, j'y arriverai jamais.

- T'inquiètes, t'es le moins con d'entre nous, et tu vaux cent fois ces salopards en costume cravate qui ne savent que brasser de l'air, faire des gueuletons ou des réunions, ou planifier des plans soi-disant sociaux.

- Oui mais j'connais l'Arthur, il a pas digéré … enfin, il aurait voulu être à ma place.

- Écoute, tu reste assis peinard à ce bureau, Arthur on s'en occupe.

- Si des connards t'appellent, tu adoptes le ton que tu as employé avec moi au début, c'est bien pour ça qu'on t'a choisi.

- OK, je crois que j'ai pigé.

- Ah au fait, tu nous rejoins pour le barbecue hebdomadaire, c'est dans une demi-heure.

- Mais …

- Pas de « mais », on compte sur toi, et si tu forces un peu sur la bibine, le cuisinier est Musulman, il te ramènera volontiers chez toi.

- Putain Fernand …

- Ouais, n'en dis pas plus, moi et les gars on en pense pas moins.


- Ah, désolé euh … Chef, salut Fernand.

Comme il fait beau on a prévu une pétanque après le barbecue.

Mais, euh … Chef, les commandes seront honorées, on est tous partants pour les heures supp.


- Fernand.

- Oui ?

- Pince-moi !

- Mais non, tu rêves pas !

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