pourquoi tenir?

Souriceau Super

États d'âme récurrents...

"La mélancolie n'est pas capitaliste, c'est même gratuit pour les perdants..." Miossec "l'étreinte".

Le réveil. La boule dans la gorge. Le poids sur les épaules. Recommencer. Encore et toujours les mêmes gestes. Ouvrir les volets, passer à la salle de bains, se nourrir, travailler, rentrer.

Le temps passe. Les maux restent. Inadaptée à la vie sociale : je ne sais pas comment faire pour m'intégrer. Je n'existe pas... oui je respire, je mange, je dors, je bois, je copule... mais si je décide du jour au lendemain de ne plus me lever, de ne pas donner de nouvelles,  personne ne viendra me chercher, personne n'appellera, personne ne s'inquiètera.

On me connaît pour mon sourire, on m'apprécie pour mon empathie, pour ma promptitude à rendre service sans contrepartie. À vrai dire je me sens seule depuis presque toujours : Maman ne désirait pas d'enfant. Quand elle a quitté papa, il a exigé ma garde, espérant qu'elle resterait mais elle est partie. Il l'a remplacée par l'Alcool... je n'ai été qu'une somme de contraintes pour mes parents.

À l'école j'étais "la grosse", pas d'amis, pas de jeux. Mais les notes étaient bonnes : les instituteurs n'ont rien vu, rien dit... Au collège on se rend compte que je ne dors pas la nuit. Le médecin prescrit des anxiolytiques.

Un week-end sur deux et la moitié des vacances chez Maman. La sensation de vivre dans une valise, de n'être chez soi nulle part. Supplier Maman pour qu'elle fasse encore un tour du quartier,  pour que nous regardions encore les étoiles inamovibles dans le ciel.

J'aimerais tant avoir une place dans ce monde, dans la vie. Comme les autres, avec eux. Mais c'est comme si je venais d'une autre planète : je ne sais pas m'habiller, je ne sais pas me coiffer. Je ne parle pas comme les autres : on me trouve bizarre, perchée, déplacée. Personne ne recherche ma compagnie. 

Du coup l'évidence s'impose : pourquoi rester? Tous les matins et tous les soirs la même question. L'instinct de survie est le plus fort, l'espoir fait son oeuvre... jeunesse se passe avec son lot de déconvenues. Je construis mon propre foyer. Soulagement. Mais tristesse et mélancolie perdurent. 

Je suis fatiguée. Je voudrais que tout s'arrête. La boule dans ma gorge m'étouffe... demain il fera jour...


  • texte merveilleusement beau même si la douleur en est l’héroïne,il à su touchè mon petit cœur sensible pour bien des raisons bravo de cette émotion offerte par tes mots

    · Il y a presque 9 ans ·
    123321

    Plumette Du Coeur

  • Ton texte est poignant,bouleversant...et finit sur une note d"espoir.S"il est autobiographique,je te souhaite de trouver enfin ta place, l'écriture peut être une bonne thérapie...Bonne journée.

    · Il y a presque 9 ans ·
    Oeil

    anne-onyme

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