Pourtant

Janvier : elle est au carrefour de ses attentes, de ses envies, à la place qui est sienne. Un manque toutefois : Lui, l’Improbable, l’Attendu, l’Inespéré. Poussée par une curiosité de clavier, elle s’inscrit sans trop y croire. Sept. Sept jours ont suffi. Nouvelle Création. Enfer ou Paradis ? Just can’t get enough, Depeche Mode.

Un premier rendez-vous annulé. Il n’existe pas encore, il subit trop pour ça. Elle patiente, calmement, avec son intuition. Tenace. Il lui vole ses nuits et traque ses réveils. Virtuellement. Undisclosed Desires, Muse.

Puis un soir, une énième discussion téléphonique et un fatal « tu n’oseras jamais me rejoindre « suivi d’un franc et massif « tu paries ? «. Le surréalisme devient sa nouvelle Réalité. Vite racccrocher, vite s’habiller, vite commander un taxi. 2h30 du matin : elle n’a pas peur, elle le sait, elle l’apprend. Elle se rejoue la prise de la Bastille…jusqu’à en perdre la tête. Joe le taxi, Vanessa Paradis.

Enfin, l’évènement : la rencontre. Elle ne croit pas au hasard, ça rend la vie vulgaire et la sienne est déjà bien assez sale comme ça. Il est la mélodie dont elle aspire à être la prisonnière, le chant d’une réanimation, pulsions vitales synthétisées. Fake Plastic Trees, Radiohead.

Elle est dingue, Il est dingue, Ils sont dingues, entre parenthèses enchantées. L’innocence de sa foi amoureuse lui explose le cœur. Elle le veut, lui et son désir dans ses veines. Se faire aimer jusqu’à la chair, espèrer que son corps lui devienne nécessaire. Naïve, oui. Croyante, toujours. Shine on you crazy diamond, Pink Floyd.

Elle aime son rire. Le genre de rire qui met une rue en sens unique.Il a ce charme qui ne laisse ni les moyens ni l’envie de résister. Elle l’aime quand il s’explique. Partout. Sur tout. Tout le temps. Son cœur enfle et se brise à chaque vérité énoncée. Faut-il écrire les choses pour qu’elles existent ? Pourtant, le corps prend ce qu’on lui donne, il prend tout et sans condition. Elle aime se dorer au soleil de la magie de l’autre. Elle a la consistance et la crédibilité d’un mirage. Waiting on an angel, Ben Harper.

Chute. Dernière nuit, dernier soupir. Deux regards tournés l’un vers l’autre, acquiescement, passeport pour une fusion corporelle inédite. Sans parachute, pilote automatique. Le paradis est un mensonge. JetSex, Ghinzu.

Premier matin-chagrin. Une pilule qui empêche de tourner en rond pendant 9 mois en guise de café. Amer. Sans sucre. Aucun heureux évènement-avenir. Il lui demande du temps. Elle va le prendre en patience, son mâle. Promesse. Hurt, Johnny Cash.

Les gens sont parfois capables de mettre en place des stratégies sournoises d’évitement. Il a peur de l’élan qui le projette vers elle. Avant on cherche à savoir la vérité, et après on voudrait ne jamais la connaître. Le désir renaît comme des braises à chaque fois. Il revient. Une fois. Un signe de Lui, et soudain les flammes jaillissent de nouveau. Il repart. Il revient. Deux fois. Elle est toujours là. Entre consentement et abus de confiance. Ethique du dissensus. A Wolf at the door, Radiohead.

Colère, le cri primal de l’injustice, le premier NON. S’assécher jusqu’à la dernière goutte de clochette. Et les mois suivront, ne plus compter les jours, encore moins les nuits et faire taire ces bruits bizarres et douloureux qui s’acharnent au-dedans. Des mois de larmes, de doutes, de pourquoi. Conjuguer le verbe aimer au subjectif et à l’inconditionnel. Souffrir. Alors. Grandir. Punishment Park, Indochine.

Depuis. Depuis ? Elle ne fait jamais l’économie d’une douleur potentielle. Presque Rien. A part ça. Là. Et à jamais. There, there, Radiohead.