Préserver l'essentiel
Jean Claude Blanc
Préserver l'essentiel
Gardant par devers moi, mes biens les plus précieux
Avant tout bon papa, comblé de ses enfants
Le sens du paraitre, dès lors m'importe peu
L'amour que je leur porte, est bien plus important
Préservant l'essentiel, si simple d'être heureux
A plus de 63 ans, je le crois, je l'espère
D'avoir l'insigne honneur, d'être fier grand-père
Moi qui ne vis de rien sur mes montagnes austères
Me ravis d'un coup de fil de mes 2 tendres et chers
Même qu'à leur attention, peaufine ma maison
Mon terrain de verdure, où pousse le gazon
Pour eux qui s'y ramènent qu'à la belle saison
Sachant que durant l'hiver, personne à l'horizon
Où je vaque désoeuvré, solitaire m'y morfonds
Ce joli mois de mai, revient se faire bien voir
Certes le soleil brille, hélas je broie du noir
Souvenirs de leurs sourires, remontent en ma mémoire
Symbole de bonheur, que cette balançoire
Alors devenus adultes, ça parait dérisoire
Vais pas bouder ma chance, ils ont fait leur chemin
Intelligents, instruits, pas le miracle du destin
Voués à être « quelqu'un », en méritent le gain
Mais envolés si vite, ne les vois plus que de loin
Leur cache mes inquiétudes et mon esprit chagrin
Ma fille et mon garçon, restent mes perles rares
Vénère leur portrait posé près de mon plumard
Surtout quand je vais me coucher, trainant tard le soir
Mes pensées vont vers eux, chaque heure, chaque seconde
Avant que de fatigue, de sommeil je sombre
Sont-ils rassérénés dans ce monde de fric
Où pour gagner sa croûte, faut tellement se faire flic
Les sachant courageux, honnêtes, francs du collier
Dans cette dure société, je crains pour leur santé
Erudits et calés, parés pour en baver
Philosophes plus que leur père, arriéré, hors sujet
Pas de la poésie, l'existence aujourd'hui
Ne se fier qu'à soi-même, l'ont appris et compris
A la fois nonchalants et durs en affaires
Se frottant au danger, leur forge le caractère
Alors sans hésiter, en ce monde de bruts
Si on leur cherche querelle, ils vont droit au but
Les normes, les interdits, les règles les culbutent
Me suffit d'un cliché, d'un mot ou d'une adresse
Pour m'en faire tout un film de leur douce jeunesse
En cette vieille baraque où j'ai connu l'ivresse
Mon cœur en détresse, leur lance un SOS
De cette séparation, n'en ai pas fait mon deuil
Ne l'ayant pas souhaité, ce divorce d'avec leur mère
Mais ont su rebondir, sûrement par orgueil
En bossant de plus belle, pour chasser leur misère
Ainsi je me rassure, pour fuir mes galères
La preuve de leur sagesse, ils me font la leçon
C'est moi le rabat-joie, l'amer vieux croûton
Ne les contrarie pas, sachant qu'ils ont raison
Que me ronger les sangs, mes pensées tournent en rond
Modèles de vertus, même si ça m'agace
Mes gosses consciencieux, sans cesse me font la classe
Me conseillent et me poussent à sortir de mes peines
Moquant mes balivernes, éternelles rengaines
C'est vrai que je régresse, n'y voyant plus très clair
J'étire ma mollesse, ruminant mon passé
Me manque semble-t-il, un coup de pied au derrière
Mes gosses indulgents n'osent pas me l'avouer
Alors me charrient, quand je reste cloitré
Nanti de mes 2 génies, peux pas me dégonfler
Je marche de leur pas, mais c'est bien compliqué
Tendance à claudiquer, quand me chahutent mes regrets
Alors accélérer, seulement avec zèle
Risque fort dans ma tête, de péter une bielle
N'empêche dois reconnaitre, que ça me fait de l'effet
Ne plus me faire de bile, pourfendre mes démons
Mes mômes si sensibles, voulant pas me voir crever
Attisent mes humeurs, poussant à fond le ton
Testant leur dur à cuire, de la race des champions
En leur for intérieur, se montrent moins entreprenants
Connaissent mes vagues à l'âme, prudence de rigueur
Leur père si candide, ce serait désolant
Que lui en rajouter à ses nombreux malheurs
Complices mes garnements, dans l'art de me distraire
Evoquant politique sachant que ça va me plaire
Histoire me délasser de mon pauvre quotidien
Et remettre au passif, toute cette vie de chien
Mon Aline, mon François, vraiment le choix du roi
Grâce à leur savoir-faire, supporte encore ma croix
Seulement petite épine, qui reste plantée là
Famille dispersée, déchiré le contrat
D'un mariage aboli, par la même ma foi
Pour cette sainte alliance, tromperie et cinéma
Par hasard 2 trésors sont nés de cette fausse union
Quel pot de cocu, pour moi en perdition
A table plus que 3, mais ce n'est pas l'enfer
Chacun de son côté, fêtes des mères et des pères
Ne voulant pas finir sur une note morose
Car de mélancolie, j'en ai plus que ma dose
Comme le Petit Prince, je chouchoute ma rose
Veinard, j'en ai 2, du genre virtuose
Qui au-delà de leur science et leurs maux d'absence…
Seront toujours présents, étant de connivence
Avec leur patriarche, qui sans cesse les encense
Ravi plus que jamais, qu'ils aient pris la bonne route
Tant pis pour ma personne, sans eux, cela me coûte
Hommage à leur maman, qu'a su les éduquer
Leur fourrer dans le crâne, de ne jamais douter
Nous le rendront un jour, ça ne fait aucun doute
Fidèles nos chérubins, à leurs 2 parents
Font pas la différence, maintenant devenus grands
De leurs rudes épreuves, en recueillent les lauriers
Solide tempérament face à l'adversité
En ces temps compliqués s'agit d'être musclé
Savoir lire et écrire et surtout bien compter
J'en ai 2 près de moi, qu'on conjuré le sort
Résisteront encore, au-delà de ma mort
Mais en plus ambitieux, savants et avertis
Leur ayant par avance, fourni la boite à outils
Pour réussir leur vie, ne plus se faire de soucis
Ma seule recommandation, à mes chéris que j'adore
Pas juger, mépriser mes tragiques comédies
Artiste, illusionniste, que ce soit bien compris
Annoter, cogiter, mon seul réconfort
Me faisant que l'interprète des pères radoteurs
Comme moi pas mal gâteux, mais à jamais rêveurs
Papa fumant sa pipe, enfin en paix s'endort
Ne me faut pas grand-chose pour être bien portant
La visite de mon fils en ce samedi brûlant
Quelques mots échangés, remplis de sentiments
Qui demeurent cachés, pudiques en suspens
Mais reparti bien vite, rejoindre ses amis
Retombe alors l'ambiance, pourtant je le comprends
Un peu de réjouissance, c'est toujours ça de pris JC Blanc mai 2017 (gloire d'un père comblé)
C'est très touchant et ré(ai)sone en moi.
· Il y a plus de 7 ans ·bartleby