Princesse Alexandra

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Synopsis :

Alexandra est une princesse, et comme toutes les princesses, elle cherche Son prince charmant.. Cependant, contrairement à ses consœurs, Alexandra ne se contente pas d’attendre son héros, le cœur plein d’espoir et de résignation, scrutant avec obstination l’horizon du haut de la plus haute tour de son château.  Déjà, elle a le vertige et supporte mal l’humidité des veilles bâtisses. Ensuite, et surtout, la résignation, la passivité, sont des traits de caractère qui lui sont inconnus. Elle est impatiente, obstinée et déterminée. Attendre sagement l’hypothétique venue d’un prince lui est aussi intolérable que de faire la queue devant un magasin de chaussures un jour de soldes.

Un jour, lors d’un voyage en train, elle le rencontre. Malheureusement, l’épouser ne va pas se faire sans problème. Entre son père, le roi, qui l’a promise à un autre, Philibert, amoureux transit qui l’enlève pour lui démontrer son amour, le Baron Hauguichet qui va rivaliser de fourberie pour qu’elle épouse son fils, Abigaël une sorcière qui suite à un accident de potion ne parle plus qu’en vers d’une pauvreté navrante, sa marraine, la fée Béa qui est bassiste dans un groupe de Blues rock, rien ne va se passer aussi simplement que prévu.

Chapitre un : Princesse Alexandra.

Il était une fois dans un fabuleux royaume, une princesse prénommée Alexandra.

« Il était une fois », car tous les contes commencent ainsi, et ceci est un conte. Romantique il va s’en dire. Quant à Alexandra, ce n’est pas à proprement parler une princesse mais comme il m’en fallait une, j’ai décidé que ce serait elle.

Pour le fabuleux royaume, cela n’a aucune sorte d’importance. N’importe lequel fera l’affaire.

Comme toutes les princesses, Alexandra est jeune, grande et belle. Ses yeux sont immenses et son sourire peut réduire en cendre les cœurs les plus endurcis. Les fées qui se sont penchées sur son berceau ont été particulièrement bienveillantes car elles lui ont octroyées en plus de la grâce, une tête bien remplie ainsi qu’un cœur noble.

Comme toutes les princesses, Alexandra ne rêve que d’une chose : Du prince charmant. Cependant, contrairement à ses consœurs, Alexandra ne se contente pas d’attendre son héros, le cœur plein d’espoir et de résignation, scrutant avec obstination l’horizon du haut de la plus haute tour de son château.  Déjà, elle a le vertige et supporte mal l’humidité des veilles bâtisses. Ensuite, et surtout, la résignation, la passivité, sont des traits de caractère qui lui sont inconnus. Elle est impatiente, obstinée et déterminée. Attendre sagement l’hypothétique venue d’un prince lui est aussi intolérable que de faire la queue devant un magasin de chaussures un jour de soldes.

Alors elle le cherche. Avec opiniâtreté.

Partout.

Dans les boîtes de nuit, les cocktails, les expositions,  les restaurants ou les bars à la mode, sans cesse elle est en quête de celui qui ravira son cœur. Malheureusement, les véritables princes charmants ne courent pas plus les boites de nuit que les restaurants à la mode. Elle n’est pas dupe, les hommes qu’elle rencontre ne s’intéressent qu’à son cul - qu’elle a de très joli par ailleurs.  Évidemment, elle se sent flattée que l’on s’intéresse à son derrière, mais elle préfèrerait que l’on se préoccupe davantage de sa personne. Elle est princesse tout de même, la fille du roi. Elle ne peut décemment pas tomber dans les bras du premier venu.

Hélas, comme quiconque, elle est soumise à certains appels charnels et s’est retrouvée plus d’une fois enchevêtrée au corps d’un homme qui n’avait d’yeux que pour ses fesses. Cela peut paraître contradictoire mais autant mettre les choses au clair dès le départ ; Alexandra est contradictoire. Pour elle, tous ces hommes ne comptent pas plus que son premier collier de diamants. Ils ne sont là que pour réchauffer son corps. Seul un prince charmant, son prince charmant, saura enflammer son cœur.  

Ce soir, une fois de plus, elle constate qu’elle ne trouvera pas son bonheur. Parmi tous ces jeunes hommes qui viennent lui présenter leur hommage, aucun ne lui parait digne de son amour. Pourtant, les réceptions de l’ambassadeur d’Égypte sont réputées pour réunir ce qu’il y a de plus somptueux en matière de noblesse. Des princes, il y en a et certains ne sont dénués ni de charme, ni d’esprit. Mais alors, pourquoi ne pas porter son choix sur l’un d’eux ? Parce qu’aucun n’est  prince charmant, au sens où elle l’entend. Et dans quel sens l’entend-elle, seriez-vous en droit de me demander, agacé par cette princesse que vous commencez à trouver bien difficile? Elle-même l’ignore. Tout ce qu’elle sait, c’est que le moment voulu, lorsqu’elle se trouvera face à lui, elle le reconnaîtra. Il sera beau, grand, riche et plein d’humour. Sa voix sera grave et chaude et son regard capable de faire fondre l’acier. De plus, il sera un amant formidable. Alors son cœur gonflera jusqu’à l’étouffer et elle saura que c’est lui.

Moi qui suis le narrateur et connais donc le cours de l’histoire, je peux vous affirmer qu’elle se trompe. Sans trop vouloir en dévoiler, je dirais simplement qu’il existe dans ce royaume un prince charmant qui n’est ni prince, ni chaman. Par contre, il est doux, bon et humble. Et c’est effectivement un excellent amant.

Ne voulant vous gâcher le plaisir de la découverte, laissons-le de côté pour l’instant. Nous reviendrons à lui en temps utile. Un jour de neige et de train.

Pour en revenir à cette soirée, c’est déçue qu’elle la quitte. Seule. Ce n’est pas ce soir que le destin a décidé de donner suite à ses attentes. « saloperie de destin, » maugrée t-elle ! Alors elle rentre chez elle, se dénude et va chercher refuge dans ses draps de satin. Lorsqu’elle se caresse, c’est à lui qu’elle rêve. Dans son fantasme, il possède la même fossette que Johnny Deep. Ou a-t’elle vu que Johnny Deep avait une fossette? Je l’ignore mais après tout, c’est son fantasme.

La douce aubade du quatuor à cordes s’immisce lentement dans son sommeil. Ses cils balaient un instant un rai de lumière échappé du rideau mal fermé. Dehors, le soleil esquisse un sourire plein de promesses.  Il est neuf heures et demie. Soit l’équivalent de l’aube pour elle.  En temps ordinaire, elle ne se réveille pas avant que l’astre de lumière soit au plus haut dans le ciel mais aujourd’hui, elle a rendez-vous. Avec son père, le Roi. Elle patiente encore quelques minutes avant de tendre le bras vers son réveil. Du bout  du doigt, elle fait taire le quatuor. Elle s’étire et se dirige vers la salle de bain où elle fait couler un bain. Elle les aime très chauds et pleins de mousse. Une fois la grande baignoire - qui s’apparente plus à une petite piscine qu’à une grande baignoire – remplie et fumante, elle y déverse une poignée de sels aussi rares que précieux. Lorsque l’eau a pris la teinte désirée, elle s’y engouffre avec volupté. Elle s’y prélasse un long moment avant de songer à se savonner. Elle se rince, se lève, se sèche puis entreprend de peigner sa longue chevelure. Passons sur le soin qu’elle prend ensuite pour s’enduire le corps d’huiles aux subtiles senteurs, sous peine de transformer ce conte en une interminable saga. Vous l’aurez compris, Alexandra est coquette.

Toujours nue, elle se dirige vers la cuisine. Là, elle fait chauffer un bol de lait. Une fois prêt, elle l’emporte et le pose sur la luxueuse table, s’assoie sur une somptueuse chaise posée sur un majestueux tapis.

Afin de ne plus alourdir le texte de superlatifs redondants, gardez en tête que tout chez elle n’est que luxe et raffinement. Son appartement est immense, étant un conteur paresseux, je ne le vous détaillerai pas. Disons que c’est à peu près comme chez vous, mais en beaucoup mieux.

Elle trempe les croissants livrés sur le pas de sa porte pendant son sommeil dans son bol et n’en grignote que les extrémités. C’est ainsi qu’elle aime les manger. Ensuite, première clope. La meilleure. Elle recrache la fumée en longs filets. Son regard dérive à travers toute la pièce. Le silence est parfait.  Une fois sa cigarette écrasée dans le cendrier de cristal, elle se lave les dents, puis se vêt. Pas de maquillage. Une princesse n’a pas besoin d’artifice pour rayonner. Surtout une si jolie princesse.

Il est onze heures et demie lorsqu’elle claque la porte de chez elle. Une fois dans la cour intérieure, elle ouvre sa boite aux lettres et passe rapidement son courrier en revue : Déclarations d’amour de Philibert, Poèmes de Philibert, Serments amoureux de Philibert, tient, une carte de sa mère. D’où écrit-elle cette fois ? D’Australie.

 « Ma chérie. Agharatar et moi avons décidé de passer quelques jours à Surfeur Paradise, en Australie. Le temps est superbe et nous nous amusons comme des petits fous. Je me suis même mise au surf. Je t’embrasse, ta mère. »

Elle jette tout ce courrier à la poubelle, repère une odeur dans l’air, puis sent ses doigts. Pouah ! Philibert a encore parfumé ses lettres. Tout en frottant ses doigts sur son pantalon, elle sort rejoindre le taxi qui l’attend. Vingt minutes plus tard, il la dépose devant le Balto.

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